Avec une personne atteinte de démence, mieux vaut poser une question qui soit une invitation à interagir. © Andrea Piacquadio/Pexels

Démence: 6 clés simples pour mieux communiquer avec un proche malade

Comment maintenir la communication avec une personne atteinte de démence? Au-delà des pertes de mémoire, la maladie provoque aussi un isolement social. Voici comment maintenir, voire renforcer le contact.

Des questions répétées 10 fois, des malentendus, des accès de colère ou d’angoisse, des comportements erratiques… Communiquer avec une personne atteinte de démence s’avère souvent pénible et frustrant. « Il ne faut cependant pas baisser les bras », souligne Kasper Bormans, spécialiste des maladies mentales qui a passé beaucoup de temps parmi des patients en résidence dans le cadre d’un travail de recherche. Il a compilé 53 techniques de communication. « Si toutes ne fonctionnent pas pour tout le monde, les personnes atteintes de démence ne manquent pas d’imagination et nous invitent à faire preuve de plus de créativité. »

Comment renouer le contact avec une personne atteinte de démence

« Si on part du principe que la personne n’est plus accessible, on ne cherchera pas à lancer des ponts, et c’est dommage » insiste le spécialiste. « Or, le comportement, les besoins et les émotions du malade peuvent varier d’un jour à l’autre. La démence est comparable à un balancier, avec son mouvement de va-et-vient. En être conscient incite à faire preuve de plus de tolérance ».

Voici 6 pistes pour communiquer avec ses proches malgré la maladie.

L’effet inattendu des portes

Imaginons que vous rendez visite à votre parent ou conjoint atteint de démence et qu’il se met tout à coup en colère. L’idée consiste à quitter la pièce et à y revenir un peu plus tard. L’ambiance aura toutes les chances d’être différente cette fois, en vertu du fameux principe de balancier.

Une autre astuce, issue des techniques de vente celle-là, consiste à se mettre au diapason de l’autre (quel est l’état d’esprit de la personne à ce moment précis ?) pour orienter la communication dans un sens ou dans l’autre. Quand on va chez quelqu’un, il y a de fortes chances pour que le ressenti de la personne ne soit pas le même que le nôtre et qu’il faille un peu de temps pour être phase avec elle. Garder cela à l’esprit aide à ne pas prendre trop à cœur les réactions de cette personne, ou à les attribuer un peu vite à son «mauvais caractère».

Osez montrer vos émotions

«Les aidants proches cachent souvent leurs difficultés à accepter la situation et à gérer la personne malade. C’est dommage, car les patients atteints de démence gardent souvent une grande capacité d’empathie, même quand la communication est devenue très difficile. En tant qu’aidant proche, vous ne devez pas hésiter à partager votre peine. C’est une façon de prendre le contre-pied de l’attitude classique et de donner l’occasion à la personne de vous rendre un peu de la bienveillance que vous lui témoignez. Ce genre de petites choses fait beaucoup pour changer l’image qu’on se fait de la démence.»

Laissez-lui le temps de vous reconnaître

«Les proches se plaignent souvent que le malade ne les reconnaît plus. C’est lié au fait qu’une personne atteinte de démence met plus de temps à capter ce qui se produit autour d’elle. Il est donc important de lui laisser le temps de vous reconnaître et de voir en vous un ami. Inconsciemment, on a tendance à mal réagir. Par exemple, en visite chez une personne atteinte de démence, on va essayer de maintenir avec elle un contact visuel permanent. Mais cela peut être perçu comme menaçant et empêcher la personne de vous observer à son aise et de vous reconnaître. Lorsque vous entrez dans la pièce, mieux vaut un court contact visuel pour indiquer que vous avez vu la personne, avant de détourner le regard, par exemple le temps de retirer votre manteau. Cela donnera à votre vis-à-vis le temps de vous regarder et de vous jauger.»

Privilégiez le contact non-verbal

Le toucher permet de nouer un contact sans qu’il soit besoin de parler, mais veillez à ce que cette approche physique soit perçue comme douce et bienveillante. Par exemple en posant doucement une main sur l’épaule de la personne et en lui faisant un clin d’œil de connivence: ses sens seront en alerte et elle vous verra de plus près.

Faites ensuite un geste pour la mettre en confiance, comme retirer une peluche sur son pull. Vous pouvez également apporter une jolie carte ou des biscuits. En les lui remettant, ajoutez un contact léger, par exemple en lui touchant le bout des doigts.

Posez des questions qui encouragent un “oui”

Les personnes atteintes de démence opposent souvent une certaine résistance. Contournez cet écueil en posant une ou deux questions qui appellent un «oui» pour toute réponse, par exemple: « Peux-tu m’aider?». Cela crée une proximité et augmente les chances de voir la personne dans de meilleures dispositions lorsque vous lui demanderez, par exemple, de vous accompagner pour faire une balade. Au début, vous devrez faire l’effort de trouver quelles questions poser pour qu’on vous réponde «oui» à coup sûr, mais, par la suite, les échanges seront facilités.

Formulez vos questions autrement

Si la personne vous semble perdue, ne lui demandez pas: «Comment ça va?», dites-lui plutôt: « Comment vas-tu aujourd’hui?». Le ressenti sera différent… Avec une personne atteinte de démence, mieux vaut poser une question qui soit une invitation à interagir et ne pas espérer une réponse informative ou précise. Ainsi, posez de préférence des questions auxquelles la personne pourra répondre sans mal. Suscitez autant que possible des réactions positives. Ne dites pas: «Qu’as-tu envie de manger?», mais «Est-ce que des frites te feraient plaisir?»

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