Fasciathérapie: une méthode douce pour soulager les douleurs et rééquilibrer le corps
Le fascia est un tissu conjonctif présent partout dans le corps. Véritable réseau de communication, il soutient l’ensemble de nos muscles et de nos organes. En travaillant sur ce tissu, la fasciathérapie permettrait de soulager certaines douleurs, tout en favorisant le bien-être global.
Les fascias comptent parmi les éléments les plus fascinants du corps humain. Représentant jusqu’à 16% de notre poids, ils enveloppent, soutiennent et connectent toutes les structures anatomiques (muscles, organes, os, cellules) à la manière d’une vaste toile d’araignée. Constitués principalement de collagène (comme les tendons et les ligaments), ils présentent une texture glissante et moelleuse. Leur rôle ? Faciliter le mouvement, transmettre des informations sensorielles, influencer notre bien-être émotionnel…
« Les fascias nous font comprendre que notre corps est un système de communication qui fait qu’aucune de ses zones n’est jamais isolée, qu’un choc à un endroit retentit toujours sur un autre endroit, même à distance, explique la kinésithérapeute et fasciathérapeute Nadine Quéré dans son ouvrage Soigner son corps avec les fascias (Éditions du Dauphin, 2022). Le corps réagit, le corps s’adapte en continu et mobilise toujours la globalité corporelle. Chaque segment est informé de ce qui se passe ailleurs. Plus que de simples fibres connectant un point à un autre pour en maintenir la cohésion, les fascias sont surtout des réseaux vivants de connexion et de communication. Ils sont comme des antennes du corps. »
Faire parler le corps
Développée dans les années 80 par le Français Danis Bois, kinésithérapeute et ostéopathe, la fasciathérapie est une approche manuelle qui repose sur un bilan des zones de crispation. Le fasciathérapeute effectue ensuite des mouvements lents et des pressions légères à la surface du corps, dans le but de favoriser la mobilité et la souplesse du fascia. Chaque session de fasciathérapie dure entre 45 minutes et une heure.
« Pendant la session, le patient est appelé à fermer les yeux et à mesurer les effets dans son corps, explique Philippe Rosier, responsable du Fascia College. On apprend ensuite au patient à créer ces mêmes effets via le mouvement. Le but est qu’il puisse prendre en main sa propre santé et apprendre à réguler lui-même sa vitalité, sa souplesse, sa mobilité, son état interne. »
La séance est généralement suivie d’un entretien verbal. « Le corps parle, poursuit Philippe Rosier. En stimulant le fascia via le mouvement, le fasciathérapeute crée des effets qui ne sont pas seulement des effets sur les os ou les ligaments : ce sont aussi des effets qui modifient la manière dont la personne se sent dans son corps. Lorsque le patient arrive angoissé à une séance et que le fascia commence à réagir, les tensions diminuent et la perception interne du patient change. Il pourra alors commencer à exprimer un état de bien-être et de confiance en contraste avec son état initial. »
Le patient est alors invité à nommer les choses : que ressent-il de sa santé dans les fibres de son corps ? Les fascias contiennent en effet de nombreux capteurs qui président à la capacité d’interoception, soit la capacité à ressentir le bien-être, la faim, la soif, la température… De même, ce sont aussi les fascias qui déterminent notre capacité de proprioception, c’est-à-dire notre capacité à nous orienter et à nous déplacer dans un environnement donné en adaptant nos mouvements, notre posture, notre équilibre...
Douleur: la pointe de l’iceberg
Si le rôle des fascias reste encore difficile à confirmer du point de vue de la « médecine fondée sur des preuves » (evidence based medicine), de nombreux patients et praticiens constatent un effet de la fasciathérapie sur les douleurs aiguës ou chroniques. « Beaucoup des patients qui nous consultent ont des somatisations, poursuit Philippe Rosier. La douleur n’est souvent que la pointe de l’iceberg. On le voit notamment chez les personnes qui ont subi des psychotraumatismes : quand il y a trauma, le corps est capable de mettre en place un système de coping [adaptation, NDLR] qui permet de survivre à la situation. Mais vingt ans plus tard, il n’est pas rare que le corps commence à décompenser. La fasciathérapie essaie d’agir sur cette inscription biographique dans le corps. »
Véritable mémoire émotionnelle, les fascias constitueraient en quelque sorte une interface entre le corps et le psychisme. «On peut avoir un patient qui consulte son médecin et qui lui dit ‘Docteur, j’ai mal au dos, cela m’empêche de dormir la nuit donc je deviens très irritable, j’en ai marre de tout…’, et d’autre part avoir un patient qui dit à son médecin ‘Docteur, j’en ai marre de ma femme, de mon boulot et tout ça commence à me faire mal au dos…’. Dans un cas, on va diriger le patient vers un spécialiste du dos et dans l’autre vers un psy, alors qu’au fond c’est la même problématique ! Tout se passe toujours en même temps. On ne peut pas avoir de questionnement existentiel sans que le corps réagisse.»
Grâce à leur élasticité et leur tonicité, les fascias absorbent et répartissent de manière harmonieuse les chocs physiques et psychologiques auxquels nous sommes continuellement soumis, explique l’association FasciaFrance. Leur tension excessive ou leur crispation permet d’expliquer l’apparition de douleurs, de troubles fonctionnels parfois médicalement non expliqués ou même de mal-être.» C’est pourquoi des recherches tentent aujourd’hui d’évaluer l’intérêt potentiel de la fasciathérapie dans la fibromyalgie, les troubles digestifs, les migraines ou encore l’anxiété chronique. «Le plus important, c’est que la personne entre en contact avec la partie non blessée de son corps, ajoute encore Philippe Rosier. C’est cette partie qu’il faut développer plutôt que de se focaliser sur les endroits qui font mal ou sur ce qui ne fonctionne pas.»
Bouger : la clé pour des fascias en bonne santé
Au quotidien, la meilleure manière de prendre soin de ses fascias, c’est de bouger. En chauffant et en mobilisant ses muscles, l’exercice physique permet de conserver aux fascias leur mobilité et leur souplesse. Au quotidien, il est particulièrement conseillé de limiter la position assise, en se levant régulièrement, en passant ses coups de téléphone debout, en prenant les escaliers et en marchant de 7000 à 10 000 pas par jour... Pensez aussi à vous masser et à vous étirer régulièrement.
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