Ostéoporose, une épidémie silencieuse: tout ce que vous devez savoir

Avec l’âge, nos os deviennent plus fragiles. L’ostéoporose peut se développer silencieusement pendant des années, sans le moindre symptôme… jusqu’à la première fracture. Pourtant, cette maladie n’est pas une fatalité: une grande partie des souffrances peut être évitée, et des traitements efficaces existent, à tout âge.

Toutes les 6 minutes, une personne dans notre pays souffre d’une fracture due à l’ostéoporose. Cette maladie chronique passe inaperçue et toucherait plus de 680.000 Belges. Les femmes ménopausées ne sont pas les seules victimes. Un homme sur cinq de plus de 50 ans présente également une fragilité osseuse. Cela entraîne une hausse significative du risque de fracture, notamment au niveau des hanches, des poignets et des vertèbres.

Diminution de la masse de l’os

Nos os constituent un tissu vivant qui se renouvelle en permanence. Cela signifie qu’ils sont constamment en train de se décomposer et de se reconstituer. Ce renouvellement osseux permet, entre autres, la guérison des fractures. L’ostéoporose est une maladie qui vient perturber ce processus: elle altère non seulement la microarchitecture de l’os mais réduit aussi la masse osseuse. Chez les hommes, cette perte se produit de manière régulière. Chez les femmes, elle augmente rapidement au moment de la ménopause puisque l’influence protectrice des oestrogènes sur les os disparaît. Après la ménopause, les femmes perdent environ 0,3 à 2% de leur masse osseuse par an pendant les dix premières années!

Un mal silencieux

Un problème important lié à la perte de masse osseuse est que ce processus passe souvent inaperçu. Si nous ne faisons pas attention, le squelette finit par devenir si fragile qu’il peut se briser au moindre choc.

Le risque pour une femme de contracter une fracture de la hanche au cours de sa vie est désormais de 1 sur 6 (à titre de comparaison: la probabilité de se voir diagnostiquer un cancer du sein est de 1 sur 9!). Une telle fracture nécessite presque toujours une intervention chirurgicale. Lorsqu’on sait qu’en moyenne 30% des patientes décèdent de complications liées à cette fracture dans l’année, et qu’une sur trois devient invalide et perd son autonomie, on mesure l’ampleur de l’impact de l’ostéoporose.

Malgré la disponibilité des outils de dépistage, de diagnostic et de traitements efficaces, environ 80% des patients en Belgique ne reçoivent aucun traitement pour renforcer leurs os après une première fracture, augmentant ainsi le risque de nouvelles fractures. Malgré l’impact énorme des fractures osseuses sur la qualité de vie et les coûts faramineux liés à leur guérison, la prévention de ces fractures et la maladie en général reçoivent encore trop peu d’attention de la part du public et des médecins. Avec l’allongement de l’espérance de vie, il est pourtant plus nécessaire que jamais d’accorder à ce problème toute l’attention qu’il mérite.

Construire des os solides

L’ostéoporose peut être efficacement ralentie, à condition que le diagnostic soit posé à temps et qu’un mode de vie sain soit adopté.

Quelques facteurs de risque à surveiller:

• Une consommation excessive d’alcool augmente le risque d’ostéoporose et de fractures de la hanche. Boire plus de quatre verres d’alcool par jour peut doubler ce risque. Les sodas riches en acide phosphorique (E338) ont également un effet négatif.
• Le tabac multiplie par 1,5 le risque de fracture de la hanche.
• Le risque de fracture augmente à mesure que l’indice de masse corporelle (IMC) diminue. Il devient nettement plus élevé lorsque l’IMC est inférieur ou égal à 22 kg/m².
• L’ostéoporose peut aussi être déclenchée par une hyperthyroïdie ou par la prise de certains médicaments, tels que les corticoïdes au long cours ou certains traitements contre le cancer du sein et de la prostate.

Si l’hérédité joue certainement un rôle important dans le développement de l’ostéoporose, le moyen le plus efficace de prévenir l’ostéoporose est de construire des os aussi solides que possible pendant l’enfance:

• Par un apport suffisant en calcium, en vitamine D et en protéines: la vitamine D est indispensable pour permettre au calcium d’être correctement absorbé et fixé dans les os. Les protéines, quant à elles, jouent un rôle essentiel dans la constitution de la masse osseuse.
• Par de l’exercice physique: lorsque les os sont sollicités davantage qu’à l’habitude, ils réagissent en produisant plus de masse osseuse. Pensez aux exercices à impact, comme la marche, la course ou la danse.
• Par une prévention efficace des chutes: il est donc important d’examiner tous les éléments qui peuvent influencer le risque de chute : faire vérifier sa vue, sécuriser son intérieur, revoir son traitement médicamenteux… tout compte.

Un diagnostic rapide: reconnaître à temps les personnes à risque

La plupart des personnes atteintes d’ostéoporose l’ignorent tant qu’elles n’ont pas subi de fracture. Pourtant, le diagnostic peut être posé grâce à un examen simple et indolore. Les médecins déterminent votre risque de fractures ostéoporotiques à l’aide du modèle FRAX, un algorithme basé sur des facteurs de risque cliniques (âge, sexe, IMC, tabagisme...). L’examen dure une dizaine de minutes, se fait allongé sur le dos, sans douleur et sans devoir se dévêtir. La densité osseuse mesurée est ensuite comparée à celle d’un homme ou d’une femme en bonne santé âgé(e) de 35 ans.

Par exemple, lorsqu’une fracture survient sans traumatisme majeur, à la suite d’une petite chute ou du port d’une charge lourde, il faut penser à l’ostéoporose. Des douleurs dorsales persistantes doivent également être examinées afin d’écarter une éventuelle fracture.

Faites le test vous-même !

Sur le site web de la société biotechnologique Amgen, vous pouvez évaluer vous-même votre risque d’ostéoporose. Les résultats sont disponibles immédiatement. Vous pouvez trouver ce test ici. Grâce à cette estimation, les personnes à risque peuvent prendre des mesures préventives avant de subir leur première fracture.

L’importance du traitement

Pour les personnes souffrant d’ostéoporose, un traitement est absolument indispensable. Dans la plupart des cas, le médecin prescrira plusieurs compléments:

• Calcium: comme peu de personnes, et particulièrement les patients atteints d’ostéoporose, atteignent les 1300mg de calcium recommandés par jour via l’alimentation, un supplément de 500 à 1000mg de calcium est souvent prescrit.
• Vitamine D: des études montrent que plus de la moitié des personnes âgées présentent une carence en vitamine D. Il est donc essentiel de la compléter par un supplément de 800 UI par jour.
• Bisphosphonates: dans la majorité des cas, un bisphosphonate est prescrit afin de freiner la dégradation osseuse.