Sortie au restaurant: qui peut encore se le permettre?

Les prix ont fortement augmenté dans les restaurants. Une chose est sûre: le Belge épicurien continue de les fréquenter, mais de manière plus réfléchie, un peu moins souvent et parfois autrement.

Aller au restaurant reste pour de nombreux Belges un petit moment de pur plaisir. Pourtant, les jeunes familles constatent qu’un repas à l’extérieur pèse aujourd’hui plus lourd sur le budget qu’autrefois. Les seniors, eux, disposent d’un peu plus de liberté dans leurs dépenses.

« L’addition s’il vous plaît! »

La vie devient plus chère, et cela se remarque non seulement dans notre caddie, mais aussi au restaurant. D’après une enquête menée par Edenred auprès de 4.000 Belges:

• La moitié des Belges sortent désormais moins souvent dîner au restaurant qu’il y a 5 ans, tandis qu’un peu plus de 20% y vont au contraire plus fréquemment. 3% déclarent ne plus pouvoir se le permettre. Les seniors, comparés aux plus jeunes, vont moins souvent au restaurant.
• 2 Belges sur 3 dînent au moins une fois par mois à l’extérieur. Pour près d’un quart, c’est 2 fois par mois, et 20% y vont chaque semaine. 6% ne vont au restaurant qu’une fois par an, voire jamais. Les personnes âgées, elles, gardent plutôt des habitudes fixes.
• Lors d’un repas au restaurant, 44% dépensent en moyenne 40 euros par personne. 14% sont prêts à débourser en moyenne 75 euros, tandis que 11% paient moins de 30 euros. Les seniors ont tendance à dépenser davantage que les jeunes adultes lorsqu’ils sortent au restaurant.
• Pour 36%, le budget est inférieur à celui d’il y a 5 ans, 19% dépensent davantage aujourd’hui et 45% conservent le même montant. Comme les seniors ont souvent pu épargner davantage, leur budget est un peu plus élevé.
• Même nos commandes se sont mises au régime. La moitié opte pour 2 plats: un plat principal accompagné d’une entrée ou d’un dessert. Un peu moins d’un quart se limite au plat principal, tandis qu’un autre quart choisit un menu à 3 plats ou plus. Un peu plus d’1 sur 5 ne boit pas d’alcool pendant le repas.

Une forte hausse des prix

Selon Statbel, l’indice des prix pour les sorties au restaurant est passé de 104,2 en 2014 à 140,1 en 2024, soit une augmentation d’environ 34,5% en 10 ans. Concrètement, cela signifie qu’un dîner qui coûtait 30€ en 2014 revient aujourd’hui en moyenne à 40 à 45€ par personne. Bien sûr, cela dépend aussi du type de restaurant: brasserie, bistrot ou gastronomie.

Il existe une raison logique à cette forte hausse des prix. Les produits deviennent de plus en plus chers, les coûts de l’énergie s’envolent et les frais de personnel augmentent régulièrement. Les restaurateurs sont donc contraints de répercuter ces coûts sur le client… au risque sinon de devoir fermer leur établissement.

Que nous réserve l’avenir dans l’assiette?

Le secteur de la restauration évolue: les innovations technologiques et les outils intelligents, tels que les commandes en ligne et l’intelligence artificielle, font peu à peu leur entrée en cuisine. Par ailleurs, plusieurs tendances se dessinent et devraient, dans les années à venir, soit se renforcer, soit au contraire s’essouffler :

• Prix dynamiques : certains restaurants ajustent leurs tarifs en fonction de l’offre et de la demande. Ainsi, vous pouvez bénéficier d’une réduction pendant les heures creuses, tandis que les prix sont plus élevés aux heures de pointe. Une option intéressante pour les seniors, qui peuvent souvent aller au restaurant en dehors des périodes d’affluence.
• Plats à emporter et livraison : les repas déjà préparés gagnent en popularité auprès des jeunes adultes. Cela permet d’économiser sur les coûts supplémentaires – comme les boissons, le pain et les autres extras -, tout en profitant d’un bon repas sans devoir faire la vaisselle. Des services comme Deliveroo, Collect&Go et HelloFresh exploitent pleinement cette tendance. Les seniors, en revanche, utilisent moins ces services et préfèrent une approche plus traditionnelle.
• Lutte contre le gaspillage alimentaire : des initiatives comme Too Good To Go collaborent avec des restaurants et des supermarchés pour proposer à prix réduit des produits qui seraient autrement jetés.
• Mocktails et sans alcool : boire moins d’alcool est non seulement meilleur pour la santé, mais aussi plus avantageux pour le portefeuille. Pourquoi ne pas essayer ?

Les seniors restent un peu plus conservateurs en matière de restauration. Ils adoptent moins rapidement les nouvelles tendances et privilégient le service traditionnel, de préférence dans leur restaurant habituel.

Plus malin au restaurant

Sortir dîner ne doit pas forcément être une menace pour votre portefeuille. Avec quelques choix réfléchis, il est possible de réduire considérablement la note, sans sacrifier ni la convivialité ni le goût.

• Consultez les avis : Google et d’autres plateformes offrent une bonne idée du service et du rapport qualité-prix. De quoi éviter les mauvaises surprises dans votre assiette.
• Choisissez malin : les plats à base de poisson ou de viande sont souvent plus chers ; les options végétariennes sont plus abordables et pleines de vitamines. Les boissons sans alcool représentent également une alternative moins coûteuse.
• Planifiez avec soin : les formules du midi, les repas à partager ou les plats à prix plus doux permettent de limiter le montant total, sans perdre en expérience.

Conclusion

Grâce à une croissance économique modérée, à une hausse du pouvoir d’achat et à une inflation en baisse, les consommateurs pourront probablement dépenser un peu plus dans l’horeca en 2025. De même, lorsqu’on est à la retraite et qu’on a pu épargner, des moyens se libèrent soudainement pour profiter de chouettes sorties au restaurant.

Par ailleurs, le Belge reste fidèle à son mode de vie épicurien : bien manger et bien boire font partie de notre culture. Une soirée au restaurant reste un moment de plaisir partagé, même si nous devons aujourd’hui l’aborder avec un peu plus de réflexion.