
15 questions pour reconnaître et traiter les problèmes de peau
Toutes les peaux racontent une histoire, mais comment interpréter les changements visibles? Voici comment connaître et soigner votre peau comme un pro.
Avec l’âge, notre peau change. Moins bien hydratée, plus fine, plus sensible aux agressions extérieures, elle peut révéler de nouveaux problèmes: sécheresse, taches pigmentaires, rougeurs, démangeaisons ou encore eczéma. Ces manifestations, souvent bénignes, peuvent parfois cacher une pathologie plus sérieuse ou nuire au confort de vie au quotidien. Comment savoir ce qui est normal et ce qui doit inquiéter? Tour d’horizon, en 15 questions, pour mieux comprendre, identifier et traiter les problèmes de peau les plus courants chez les 50+.
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Allergies cutanées et eczéma
Quels problèmes de peau les 50+ rencontrent-ils le plus souvent et comment les reconnaître ?
Reinhart Speeckaert, professeur de dermatologie à l’hôpital universitaire de Gand: « La peau sèche est de loin le problème le plus courant, la diminution de la production de sébum rendant la peau moins grasse. C’est sur la partie inférieure des jambes et des chevilles que le phénomène est le plus visible. Il s’accompagne souvent de démangeaisons. La peau sèche réduit également la barrière cutanée, réduction qui peut déclencher de l’eczéma.
Les taches de vieillesse brun foncé sur le visage et les mains apparaissent chez environ 90% des personnes de race blanche âgées de plus de 60 ans et sont le résultat d’une exposition fréquente au soleil tout au long de la vie. Elles sont totalement inoffensives et peuvent être éliminées par cryothérapie ou par un traitement au laser. Les plaques squameuses et rugueuses sur le visage (kératoses actiniques) dues aux dommages causés par le soleil sont également très fréquentes, en particulier chez les personnes à la peau plus pâle.
Les verrues de vieillesse apparaissent principalement sur l’abdomen et le dos et ne sont pas infectieuses. Bien que de nombreuses personnes en soient affectées, leur origine reste incertaine. En tout état de cause, elles sont inoffensives et s’éliminent facilement par cryothérapie ou grattage sous anesthésie locale.
La couperose est une forme d’acné qui apparaît généralement après 30 ans. Elle se caractérise par l’augmentation de petits vaisseaux sanguins qui rougissent le visage et, parfois, par l’apparition de boutons persistants. Avec l’âge, la peau s’amincit et même après des lésions mineures, des ecchymoses peuvent se former. La prise d’anticoagulants exacerbe le phénomène.
Comment faire la différence entre une affection inoffensive et une affection nécessitant de consulter un médecin ?
Les taches de couleur très foncée ou les épaississements de la peau qui se développent rapidement doivent faire penser à un cancer de la peau. Les taches qui changent de couleur ou dont les bords deviennent irréguliers sont également suspectes. Pour reconnaître un mélanome naissant (une dangereuse tumeur cutanée), on conseille d’examiner soi-même la tache selon le principe ABCDE: Asymétrie, Bords (réguliers ou irréguliers), Couleur (changement de couleur), Diamètre (supérieur à 5 mm) et évolution (la tache change, saigne, démange).
Comment reconnaître une allergie cutanée et comment éviter les facteurs déclenchants ?
En général, une allergie cutanée se manifeste par un eczéma de contact persistant ou chronique. Cet eczéma a le même aspect qu’un eczéma classique mais il se manifeste principalement aux endroits où la peau est entrée en contact avec la substance déclenchante. Par exemple, si vous êtes allergique à un savon liquide parfumé pour les mains, l’eczéma apparaîtra sur les mains. L’allergie cutanée s’accompagne surtout de démangeaisons et souvent d’une peau rouge et squameuse.
Une allergie n’est pas innée mais se développe plus tard dans la vie, à la suite de contacts répétés avec toutes sortes de substances. Une fois présente, l’allergie de contact ne disparaîtra plus. On conseille aux 50+ d’utiliser des produits de soin contenant le moins possible d’ingrédients différents, les parfums par exemple, de s’hydrater la peau avec une crème hydratante neutre et d’utiliser une huile de douche plutôt qu’un gel douche.
Quelles en sont les principales causes de l’eczéma, que faire pour y remédier ?
Avec l’âge, la production de sébum diminue, ce qui réduit cette couche protectrice. Les cellules cutanées perdent également des substances, l’acide hyaluronique et les huiles naturelles notamment. En même temps, elles se divisent moins rapidement, ce qui entraîne un amincissement de la peau et, en raison d’un manque d’élastine et de collagène, une perte de fermeté et d’élasticité. Les douches longues et chaudes, les savons agressifs et l’air sec sont mauvais pour le peau. Les médicaments tels que les inhibiteurs de cholestérol et les diurétiques contribuent également à la rendre sèche et, à terme, provoquent de l’eczéma. Boire suffisamment, appliquer régulièrement des crèmes hydratantes et, en cas de poussée d’eczéma, appliquer rapidement un traitement sous forme d’une crème légère à base de cortisone en vente libre (par exemple Cremicort ou Pannocort) constituent déjà une bonne base.
Rosacée et couperose
La rosacée est souvent confondue avec la couperose ou les réactions allergiques. Comment faire la différence et réduire les poussées ?
La rosacée est une affection cutanée qui se caractérise à la fois par une augmentation des petits vaisseaux sanguins dans la peau (couperose) et une inflammation accompagnée de boutons. L’alcool, les aliments épicés, fermentés, gras ou sucrés, les boissons chaudes (y compris la caféine) dilatent ces vaisseaux et peuvent provoquer une sensation de brûlure accompagnée d’une augmentation soudaine de la rougeur du visage. Pour réduire les poussées, il est important d’appliquer des crèmes de jour et de nuit moins grasses et d’éviter les cosmétiques et les huiles trop couvrants. Des écrans solaires appropriés sont également indispensables, car ils sont souvent à l’origine de l’apparition de boutons. Il en existe de nombreux à la texture légère («fluide» sur l’emballage) mais on trouve aussi des lotions, des sprays ou des produits spécifiques pour peaux grasses («oil control»).
Optez pour des écrans solaires appropriés : ils peuvent causer l’apparition de boutons.
Le traitement de la rosacée consiste à appliquer des crèmes antibiotiques et faire des cures d’antibiotiques de trois mois maximum. En cas d’inflammation persistante, on peut se voir prescrire de l’isotrétinoïne, un médicament dérivé de la vitamine A qui réduit les glandes sébacées et rend la peau moins grasse. Pour les vaisseaux sanguins, les crèmes ne sont d’aucune utilité. Un traitement au laser vasculaire (souvent 2 à 3 séances à 6 semaines d’intervalle) permet toutefois d’y remédier à long terme.
Les aliments ou crèmes topiques riches en probiotiques peuvent-ils soigner l’eczéma et la rosacée?
Les bactéries présentes sur la peau contribuent à la rosacée et les taches d’eczéma sont plus sensibles aux infections cutanées, mais il existe peu de preuves que des aliments ou des crèmes riches en probiotiques soient d’une grande utilité par rapport aux traitements standards. Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient sans effets. Ainsi, le yaourt et d’autres produits laitiers peuvent déclencher des formes d’acné, comme la rosacée. Curieusement, le lait entier provoquerait moins de réactions cutanées que le lait écrémé ou demi-écrémé, car ces derniers contiennent plus d’hormones qui augmentent la production de sébum. Le lait végétal ne contient pas ces hormones et peut également constituer une bonne alternative.
Taches suspectes, kératoses et cancer de la peau
Les taches rugueuses (kératose actinique) peuvent alerter sur un stade précoce du cancer de la peau. Comment les reconnaître et les traiter?
Les kératoses actiniques, qui apparaissent surtout sur le visage et ressemblent à des plaques rugueuses et squameuses, sont typiquement le signe de dommages causés par le soleil. Elles indiquent que les mécanismes naturels de régénération de la peau ne parviennent pas à réparer complètement les dommages provoqués par les UV. Bien que l’évolution soit lente, les kératoses actiniques présentent un risque accru de cancer de la peau, en particulier de carcinome spinocellulaire, une forme de cancer moins dangereuse que le mélanome, mais qui peut se métastaser. Il est donc préférable de les faire contrôler et enlever.
Quand des démangeaisons justifient-elles une consultation chez un généraliste ou un dermatologue ?
Lorsque les démangeaisons affectent la vie quotidienne, et en particulier le sommeil, alors que la peau semble normale, il faut en rechercher la cause, surtout si elles persistent plus de six semaines. En général, le médecin commence par prescrire des antihistaminiques. Par ailleurs, des vêtements amples sont préférables à des tissus synthétiques ou en laine près du corps. Poser un linge frais et humide sur la peau évite de se gratter. Pour ce qui est des crèmes contre les démangeaisons, celles contenant du menthol, du camphre, de la calamine, de l’avoine ou de l’aloe vera peuvent soulager. Si elles ne suffisent pas, une crème à la cortisone en vente libre est certainement une bonne option pour éviter de se gratter.
Comment savoir si des taches pigmentaires sont inoffensives ? Existe-t-il des traitements pour les atténuer ?
Les taches pigmentaires sont un terme général qui désigne, entre autres, les taches de soleil, les taches de rousseur et les taches de naissance. Si elles ne changent pas, elles sont généralement inoffensives. Mais il y a lieu de s’inquiéter en cas de changement rapide, changement de couleur (en particulier si elles foncent) ou apparition de bords irréguliers. Le médecin utilise un dermatoscope pour déterminer la dangerosité éventuelle. Les taches solaires peuvent être brûlées à l’azote liquide ou traitées au laser. En cas de doute ou dans le cas de taches de naissance, le traitement au laser est totalement proscrit car aucun examen microscopique n’est possible par la suite, ce qui ne permet plus de déterminer la dangerosité (ou non) de la tache. En outre, les taches malignes réapparaissent souvent après un traitement au laser et parfois à un stade avancé.
Renforcer la barrière cutanée et prévenir les infections
Le relâchement et l’amincissement de la peau ralentissent la cicatrisation des plaies et accélèrent l’apparition des ecchymoses. Comment renforcer la barrière cutanée ?
Les crèmes de protection et les sérums peuvent aider à renforcer la peau. Les produits contenant de l’urée, des céramides, de la glycérine, de l’acide hyaluronique, du rétinol, de la vitamine C et du niacinamide ont prouvé leur efficacité. Bien entendu, une alimentation saine et variée contenant des acides gras oméga-3, suffisamment de protéines et d’acides aminés est conseillée. Par ailleurs, plusieurs études montrent l’effet positif des suppléments de collagène. Enfin, il est indispensable d’appliquer un bon écran solaire pour éviter d’aggraver les dommages causés par le soleil.
Les infections cutanées, mycoses ou infections bactériennes, sont plus fréquentes lorsque la peau est affaiblie. Comment les reconnaître ?
Les infections fongiques se reconnaissent à leur bord rouge et squameux qui s’étend de plus en plus. Les endroits classiques sont l’aine et l’espace entre les orteils. Une crème fongicide permet de venir à bout du problème. Les infections bactériennes surviennent généralement dans les zones d’eczéma où apparaissent des croûtes jaunâtres avec une perte d’humidité. En cas d’infection grave, la peau devient rouge et la température corporelle augmente (fièvre). Il est vivement conseillé de consulter un médecin pour commencer un traitement antibiotique.
La couleur de la peau, indicateur de votre état de santé
Une peau jaunâtre fait penser à des problèmes hépatiques mais quelles sont les autres causes ?
Si le jaunissement de la peau indique effectivement d’éventuels problèmes hépatiques, il peut également être le signe d’une insuffisance rénale due à une accumulation d’urée et d’autres déchets. L’anémie donne un teint pâle et parfois un peu jaunâtre. Le pigment jaune des aliments (carottes, patates douces, mangues...) peut, lui aussi, donner un teint jaunâtre mais le phénomène est très rare et n’apparaît que dans le cadre de régimes extrêmes.
Que peut indiquer un teint pâle ?
La première cause est l’anémie, c’est-à-dire une diminution du nombre de globules rouges. Parmi les explications possibles, on peut citer une carence en fer, une hémorragie active dans l’organisme, un ulcère de l’estomac par exemple, ou encore une cause bénigne ou maligne dans les intestins.
Qu’est-ce qu’une rougeur excessive du visage peut apprendre sur l’état de santé ?
Bien entendu, les bouleversements hormonaux, comme ceux de la ménopause, peuvent provoquer des rougeurs épisodiques. Dans de rares cas, elles sont dues à un excès de cortisol dans l’organisme qui indiquerait la présence d’une tumeur de la glande surrénale.
Quels sont les effets d’une consommation excessive de tabac et d’alcool sur la peau ?
Le tabac resserre les vaisseaux sanguins et augmente la dégradation du collagène. Les problèmes de vaisseaux sanguins provoquent des blessures qui sont souvent difficiles à cicatriser. Un teint grisâtre, un peau moins lisse et des sillons autour de la bouche sont typiques chez les gros fumeurs.
La consommation d’alcool et les carences en vitamines qui en résultent entraînent également une sécheresse et une desquamation de la peau qui accélèrent son vieillissement et favorisent l’apparition précoce de rides et de rougeurs. Le visage est boursouflé, le risque de rosacée avec infections augmente et le nez peut s’épaissir. La peau se rétablit partiellement lorsqu’on arrête de fumer et/ou de boire mais certains dommages sont irréversibles.
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