De nombreux aliments sont dits médicinaux, tels que le ginseng, l’ail, le gingembre ou la cannelle. © Joel Camelot/Pexels

Nutraceutiques: efficaces ou dangereux? 5 questions pour y voir clair

Bien qu’il soit préférable de consommer des minéraux et des vitamines à partir d’aliments non transformés, les aliments enrichis ou les compléments peuvent être utiles.

Compléments naturels, vitamines ou « superaliments »: les nutraceutiques ont envahi les rayons des pharmacies et des magasins bio. Présentés comme des alliés santé, sont-ils vraiment efficaces? Voici les réponses à 5 questions essentielles pour mieux comprendre ces produits entre alimentation et médecine.

Qu’entend-on par nutraceutique ?

Néologisme évoquant à la fois les nutriments (nutrition) et les médicaments (pharmaceutical), le terme nutraceutical, nutraceutique en français, a été inventé par un médecin américain, précise le Pr Eric De Maerteleire. Il désigne les produits naturels qui contiennent des substances ayant un effet curatif. De nombreux aliments dits médicinaux tels que le ginseng, l’ail, le gingembre ou la cannelle par exemple, étaient bien connus des cultures chinoise, indienne ou autres. Dès lors que leur effet est scientifiquement prouvé, ils peuvent être qualifiés de nutraceutiques. Aujourd’hui, la recherche est en plein boom.

De plus en plus de substances bioactives sont extraites des produits naturels pour être intégrées dans des compléments et, éventuellement, combinées avec d’autres. Dans l’alimentation fonctionnelle, on retrouve les nutraceutiques traditionnels, dont des épices comme le curcuma, les composés phytochimiques des plantes comme les phytostérols, les acides gras oméga-3 ainsi que les pro- et prébiotiques. Les aliments enrichis en vitamines, minéraux ou autres, appartiennent à la nouvelle génération d’aliments fonctionnels, tout comme les aliments conçus à l’aide de nouvelles biotechnologies, notamment la modification génétique.

Pourquoi prendre des nutraceutiques ?

La raison principale est de combler les carences avérées de l’organisme en vitamines, minéraux et acides gras oméga-3. Les suppléments sont la forme la plus courante. Toutefois, les nutraceutiques sont principalement utilisés à des fins de prévention ou pour aider les patients atteints de maladies chroniques, comme les douleurs articulaires. L’effet de nombreuses substances bioactives présentes dans les aliments a été prouvé, mais leur transformation en compléments alimentaires pose parfois problème. Dans le cas des suppléments de gingembre, d’ail ou de curcuma par ex, la dose active n’est pas toujours connue, on ignore combien de temps recommander leur prise mais aussi la nature des effets secondaires ou les interactions possibles.

Comme l’industrie pharmaceutique n’est pas très encline à étudier ces produits naturels et qu’il est très difficile d’analyser avec précision les effets préventifs des suppléments, les connaissances restent lacunaires. Les voix les plus critiques préconisent donc de consommer les nutraceutiques de préférence sous forme d’aliments (enrichis) plutôt que de compléments : notre organisme est conçu pour absorber ces substances de cette manière et cela permet d’éviter un surdosage. Cette vision est assez correcte jusqu’à l’âge de 60-65 ans mais, au-delà, certains processus de l’organisme commencent à faiblir.

Les nutraceutiques sous forme de suppléments sont-ils intéressants ?

À partir de 60-65 ans, l’organisme éprouve de plus en plus de difficultés à tirer des aliments les quantités suffisantes de substances bioactives, vitamines et minéraux. En accord avec le médecin, la prise de suppléments bien dosés peut s’avérer très utile. Le processus naturel de vieillissement réduit également notre capacité à produire ou à absorber les antioxydants, l’acide folique ou la vitamine D. Manger du poisson gras ou s’exposer au soleil ne suffit donc plus à combler ces besoins, mais tous les médecins et les scientifiques ne prennent pas en compte ces mécanismes de vieillissement.

De nombreuses substances bioactives sont très importantes pour un fonctionnement optimal du système immunitaire. En outre, la prise de certains médicaments peut entraîner une moins bonne absorption des nutriments.

Ainsi, la metformine, un médicament contre le diabète, réduit la capacité d’absorption de l’organisme de la vitamine B12. C’est précisément pour toutes ces raisons qu’une préparation multivitaminée respectant les doses journalières recommandées est très utile pour vieillir en bonne santé. Un supplément de coenzyme Q10 est également intéressant car la production de cette substance, essentielle au bon fonctionnement des muscles et du cœur, diminue également avec l’âge.

Les actifs promettant une peau, un sommeil ou un poids idéals sont-ils efficaces et sans danger ?

Prises individuellement, des molécules comme le resvératrol, l’extrait de grenade, la quercétine, les acides aminés, le magnésium ou encore les vitamines B et K ont des effets bénéfiques connus. Pour autant, cela ne signifie pas qu’un cocktail ait, lui aussi, des effets bénéfiques. En l’absence d’études à grande échelle, nous l’ignorons. Ces substances pourraient s’opposer les unes aux autres ou, pire, avoir des effets négatifs. Les scientifiques se méfient des entreprises qui commercialisent ce type de compléments, entreprises très souvent fondées par des… scientifiques.

Avant de dépenser des sommes folles, mieux vaut en vérifier l’efficacité auprès d’un médecin, d’un diététicien ou de l’Agence fédérale pour la sécurité alimentaire.

Existe-t-il des risques de surdosage ?

Si les nutraceutiques proviennent de l’alimentation, le risque de surdosage est minime. Avec les compléments, ce n’est pas le cas! Ainsi, une consommation trop importante d’isoflavones (phytoœstrogènes), connus pour soulager les symptômes de la ménopause, peut, chez certaines femmes, augmenter le risque de cancers hormonosensibles.

En revanche, il n’y a pas de danger si l’on absorbe ces substances dans des aliments à base de soja (tofu, boissons au soja...). Autre exemple : les anthocyanes, les colorants bleu foncé des myrtilles et du chou rouge. Antioxydants, ils aident à lutter contre l’hypertension artérielle, les infections, le diabète, le cancer et les problèmes de vue. Pour qu’il y ait surdosage, il faudrait manger deux choux rouges par jour ! En revanche des concentrations trop élevées contenues dans des compléments peuvent entraîner des problèmes rénaux. Il vaut donc mieux absorber ces substances à partir d’aliments.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire

Message Commercial