Réforme des pensions: malus, retraite anticipée… Tout ce qui change pour votre retraite
Le mot d’ordre de cette réforme? Encourager les Belges à travailler plus longtemps. Cela passe par une simplification et une harmonisation du système, mais aussi par l’instauration d’un mécanisme de bonus-malus. Voici tout ce qui va changer pour votre retraite, et comment vous y préparer.
L’accord du gouvernement de ce lundi 24 novembre 2025 marque une nouvelle étape dans la réforme des pensions. Mais quelles sont les mesures concrètes pour les travailleurs salariés, les indépendants et les fonctionnaires?
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Retraite anticipée : les conditions d’accès harmonisées
À l’heure actuelle, la retraite anticipé n’est possible qu’après au moins 42 années de carrière. La notion d’année complète dépend toutefois du statut: pour les salariés, 104 jours travaillés ou assimilés par an suffisent pour qu’une année soit prise en compte; pour les indépendants, il faut justifier de 2 trimestres (soit 6 mois) d’activité par an.
À partir du 1er janvier 2027, la condition d’accès à la retraite anticipée sera identique pour tout le monde, que vous soyez salarié, indépendant ou fonctionnaire.
Le seuil pour bénéficier d’une retraite anticipée sera alors ramené à 35 années de carrière complètes. Une année ne sera comptabilisée que si elle comprend 156 jours effectivement prestés. Cela correspond donc à un total de 7020 jours de travail (ou 90 trimestres pour les indépendants) sur l’ensemble de la carrière.
Nouvelle porte d’accès à la retraite anticipée
La réforme des pensions introduit également une nouvelle possibilité de départ anticipé à la retraite à partir de 60 ans. Il faudra alors justifier de 42 années de carrière, dont chacune comprenant au moins 234 jours effectivement travaillés (soit les 3/4 d’un emploi à temps plein).
De quoi offrir la possibilité, pour ceux qui ont commencé à travailler relativement tôt (par exemple à 18, 19 ou 20 ans), de partir jusqu’à 2 ans plus tôt à la retraite que ce qui est actuellement possible.
Un bonus-malus pour encourager à travailler plus longtemps
Rassurez-vous: l’âge légal de la retraite ne change pas. Il est aujourd’hui fixé à 66 ans, et passera à 67 ans à partir de 2030, comme prévu. Pas de relèvement supplémentaire, donc.
Néanmoins, le gouvernement a constaté qu’une personne qui partait à la retraite anticipée percevait souvent presque le même montant que quelqu’un qui prolongeait sa carrière. Un déséquilibre qui posait question. Afin de rendre le système plus équitable, la loi va dès lors introduire un mécanisme de bonus-malus.
À partir du 1er janvier 2027, le montant de la pension dépendra davantage de la durée effective de la carrière et de l’âge auquel la retraite est prise.
Comment fonctionne ce mécanisme?
Concrètement, cela signifie qu’une personne qui prend sa retraite après l’âge légal tout en remplissant la condition de travail bénéficiera d’une majoration de sa pension (système de bonus). À l’inverse, le montant de la pension sera réduit (système de malus) pour une personne qui souhaite prendre sa retraite anticipée sans remplir la condition de travail.
Le pourcentage de réduction (malus) ou de majoration (bonus) évoluera selon l’année de naissance de la personne concernée:
Malus (= réduction par année de départ avant l’âge légal)
- 0 % par an pour les personnes nées en 1960 ou avant
- 2 % par an pour celles nées entre 1961 et 1965
- 4 % par an pour celles nées entre 1966 et 1974
- 5 % par an pour celles nées en 1975 ou après
Bonus (= augmentation par année de report au-delà de l’âge légal)
- 2 % par an pour les personnes nées avant 1963
- 4 % par an pour celles nées entre 1963 et 1972
- 5 % par an pour celles nées à partir de 1973
Quid en cas de maladie, de grossesse ou de congés pour aider un proche maladie?
Vous vous êtes absenté longtemps du travail pour diverses raisons? Les périodes suivantes sont assimilées à des jours effectivement travaillés, et vous permettent d’éviter le malus ou de bénéficier du bonus :
- Les congés de maternité au sens large: y compris l’écartement obligatoire et le congé d’allaitement.
- Les périodes de chômage temporaire: y compris certains groupes particuliers – comme les dockers, pêcheurs en mer ou travailleurs du secteur artistique – souvent confrontés à des périodes de chômage occasionnel dans le cadre de leur métier.
- Les périodes de congé pour soins: par exemple les aidants proches.
- Toutes les périodes de maladie de longue durée.
En revanche, les périodes de chômage complet, de prépension/RCC ou les emplois de fin de carrière ne seront plus prises en compte. C’est également le cas des autres formes d’absence non motivée – telles qu’une année sabbatique ou un voyage autour du monde.
Moins de discrimination envers les femmes
Autre bonne nouvelle: la réforme supprime un biais qui pénalisait surtout les femmes. La condition minimum pour échapper au malus est en effet fixée à un mi-temps (156 jours). Comme ce sont les femmes qui travaillent le plus souvent à temps partiel, ce seuil a été choisi précisément pour éviter que les travailleurs à temps partiel – en donc elles en particulier – ne soient plus désavantagés.
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