
Voyage dans le temps à Viroinval, là où se raconte l’Ardenne
Au sud-ouest de la Province de Namur, dans le parc naturel de l’entre-Sambre-et-Meuse, l’Ardenne se fait discrète. Au cœur d’une nature préservée, la commune de Viroinval y veille sur tout un petit patrimoine, qu’elle s’attache à faire vivre et à partager.
Vous cherchez une destination authentique pour une escapade en Ardenne ? Découvrez Viroinval, un village de charme situé dans la province de Namur. Entre musées vivants, nature préservée et patrimoine rural, cette commune propose un voyage hors du temps.
Treignes, village des musées
«La main gauche, c’est la main du diable, Mademoiselle. On écrit de la main droite!» La voix ponctuée d’un coup de règle claque, sèche, avant de laisser place à un silence sépulcral. Sur les bancs de bois, une quinzaine de petits élèves bruxellois blêmes, vêtus d’un sarrau gris, osent à peine bouger. En voyage scolaire à Treignes, village de la commune de Viroinval, ils découvrent l’espace d’une petite heure à quoi ressemblait une école en 1932. Avec encriers, poêle du fond, vieilles cartes murales et… préceptes éducatifs d’époque.
La scène pourrait sembler sortie d’un vieux film. Elle se rejoue pourtant plusieurs fois par semaine, dans ce «village des Musées». C’est que Treignes semble avoir été oublié par le temps, avec ses façades de pierre grise et ses petites rues escarpées, où les voitures se croisent difficilement. Il s’en dégage un parfum de nostalgie et d’authenticité, joliment mis en scène depuis près de cent ans: autrefois, c’est ici que l’écrivain Arthur Masson puisait son inspiration pour situer les aventures de Toine Culot, figure incontournable de la littérature wallonne, bourgmestre ardennais, obèse et gouailleur. Aujourd’hui, les lieux servent d’écrin pour immerger les visiteurs dans l’Ardenne de jadis: celle des petits métiers disparus, des journaliers venus de Flandre pour travailler l’été, et parfois restés pour la vie, des contrebandiers n’hésitant pas à planquer du café vert dans le double fond d’un landau pour traverser la frontière française toute proche.
La main à la pâte
À l’instar de l’ «école d’autrefois», on reste pourtant loin d’une histoire figée, tant les musées de Treignes tiennent à la faire vivre. À la belle saison, l’Écomusée du Viroin, qui se penche sur les savoir-faire ruraux et les vieux métiers, propose des stages, démonstrations ou ateliers pour s’initier au travail traditionnel du pain, de la forge ou de la laine, tandis que l’Espace Arthur Masson invite à parcourir les petites routes de campagne des environs à bord d’une véritable Citroën Traction Avant des années 50 (les «Rétroberlines du Viroin»). Tandis que nous montons à bord, notre chauffeur –en tenue d’époque– prévient d’emblée: «Cherchez pas la ceinture de sécurité, y a pas!».
Certains villages semblent avoir été oubliés par le temps avec leurs façades de pierre grise et leurs petites rues escarpées. Il s’en dégage un parfum de nostalgie et d’authenticité.
Le ton est donné, le périple d’une trentaine de kilomètres se fait «à l’ancienne», au milieu de discrètes effluves d’huile de moteur et de bakélite, sur des sièges d’un moelleux qu’on chercherait en vain dans les voitures modernes. Pour tous ceux qui, un jour, ont pris place dans l’antique berline d’un grand-parent, il y a là de quoi replonger dans les souvenirs… Pas d’air conditionné, seulement un pare-brise ouvrant en cas de canicule et des essuie-glace à la main en cas de pluie. «C’est rare, mais il est déjà arrivé qu’il y ait des pannes sur le trajet, avec des réparations de fortune, ce qui fait aussi tout le charme de l’expérience», sourit l’homme derrière le volant. Seule concession à la modernité: deux petits écrans plats, qui diffusent quelques courtes séances vidéo pour délivrer des anecdotes sur les villages traversés.
Ceux-ci s’avèrent charmants, voire enchanteurs. C’est notamment le cas de Vierves-sur-Viroin, classé parmi les plus beaux villages de Wallonie. Sous un soleil estival, avec ses ruelles à flanc de coteau, dominées par un splendide château toujours habité, on se croirait presque dans un village italien… Ajoutez-y un orgueilleux mausolée dans le cimetière et un lavoir en bord de rivière: difficile de faire plus pittoresque!

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© Daniel Maas & Isabelle Eerens – CFV3V

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Un train d’époque pour traverser l’Ardenne
Les espaces naturels ne sont pas en reste, en cet endroit où l’Ardenne s’efface petit à petit pour laisser place à la Fagne et à la Calestienne. La région abrite des formations géologiques surprenantes –le «Fondry des Chiens» est probablement le gouffre le plus spectaculaire du pays– mais aussi des pelouses calcaires, des forêts ou des bocages aujourd’hui préservés au sein du Parc National de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Reste que la voiture n’est peut-être pas le véhicule le plus approprié pour profiter de la nature… Les sentiers de randonnée, les pistes de marche nordique et les itinéraires cyclistes sont évidemment légion, mais tant qu’à jouer le registre du vintage et du voyage dans le temps, pourquoi ne pas le faire en train d’antan?
Treignes abrite justement le Musée du chemin de fer des 3 vallées. En haute saison, celui-ci propose presque quotidiennement plusieurs aller-retours depuis ou vers Mariembourg, à bord de tortillards tirés par de vénérables locomotives, dont certaines à vapeur. Soit un parcours de 14 km plutôt bucolique, à travers des paysages champêtres, bocagers et forestiers. Notez qu’il serait dommage de ne pas en profiter pour acheter un billet combiné et visiter le musée en lui-même…
Disco sur rail
Créé par des collectionneurs privés en 1994, et depuis lors amoureusement entretenu et enrichi par des passionnés, il abrite des dizaines de locomotives, d’autorails et de wagons des XIX et XXe siècles. Constitué de plusieurs voies de 105 mètres chacune, le musée s’avère lui aussi très vivant, les véhicules étant sans cesse déplacés au gré de leurs affectations ou de leurs passages en atelier (visitable, lui aussi): les pièces exposées varient donc au gré des saisons. Au moment de notre passage, il était par exemple possible de voir un autorail français des années 50 aux formes tarabiscotées, surnommé «Picasso», ou un improbable wagon-discothèque des années 70 de la SNCB avec bar, piste de danse et petits salons.
Une école d’avant-guerre, des locos soufflant leur panache de vapeur, des petits villages escarpés ou des savoir-faire presque oubliés… À Viroinval, le dépaysement est garanti, sans pour autant quitter le pays. Pas besoin de partir loin: parfois, l’évasion commence avec un sabotier, un chauffeur facétieux ou au bout d’un vieux quai de gare!
Que faire à Viroinval?
Quelques idées pour explorer cette belle région de l’Ardenne namuroise:
- Visiter l’Écomusée du Viroin Découvrir l’école d’autrefois à Treignes
- Explorer le Musée du chemin de fer des 3 vallées
- Balader dans Vierves-sur-Viroin
- Admirer le gouffre du Fondry des Chiens
- Faire un tour en Traction Avant avec les Rétroberlines
- Suivre le parcours immersif à l’Espace Arthur Masson
Intéressé ? On vous partage également les liens pour connaître les tarifs et les heures d’ouverture.
Comprendre le wallon? Plus si facile!
L’écrivain Arthur Masson, parfois surnommé le «Pagnol wallon», a donné vie au personnage savoureux de Toine Culot: un bourgmestre gouailleur, incarnation d’une Wallonie rurale souvent absente des grands récits littéraires. Si la saga de la Toinade connut un joli succès à sa sortie, le recul de la langue wallonne a peu à peu réduit le nombre de ses lecteurs. Pour raviver cette mémoire, l’Espace Arthur Masson propose aujourd’hui un parcours-spectacle interactif, ponctué de dialogues en wallon. Saurez-vous suivre leurs propos sans écouter l’audioguide…?
Infos: tourisme.viroinval.be.
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