Comment mieux supporter le froid? Les conseils d’experts
Voyez-vous l’hiver comme une succession de journées grises et glacées qu’il faut endurer ? Il est peut-être temps de changer de perspective. Des experts racontent comment il est possible d’apprécier l’hiver, et même le froid.
Nous sommes en plein cœur des mois les plus sombres de l’année, et beaucoup considèrent l’hiver comme une épreuve. Pieds gelés, vent mordant, journées courtes et ciel gris : la recette parfaite pour une baisse de moral. Mais s’il pouvait en être autrement ? Regardons ainsi du côté des Scandinaves qui, loin de détester l’hiver, le célèbrent.
Le secret des Norvégiens
La psychologue sociale Kari Leibowitz est fascinée par la manière norvégienne de vivre l’hiver. Elle a vécu une année à Tromsø, une ville située au-delà du cercle polaire, et où le soleil ne dépasse pas l’horizon durant les deux mois de nuit polaire. Pourtant, les dépressions et autres blues hivernaux y sont rares. Un jour, elle demanda aux habitants pourquoi ils n’appréhendaient pas l’hiver. «Pourquoi ferions-nous cela ?», lui ont-ils répondu...
«L’hiver est une saison que les Norvégiens attendent avec impatience, raconte-t-elle. C’est une période précieuse, pleine d’occasions uniques à ne pas manquer. Grâce à cette attitude positive, ils souffrent très peu de dépression saisonnière. Cette vision optimiste est contagieuse : ceux qui vivent l’hiver avec entrain inspirent les autres. En Belgique, c’est un peu l’inverse : se plaindre du temps est tout aussi contagieux.»
Un simple état d’esprit
La manière dont vous percevez l’hiver influence directement votre ressenti. «Vous pouvez qualifier les journées sombres d’ennuyeuses et moroses, ou au contraire de douces et apaisantes, poursuit Kari Leibowitz. Les mots que vous choisissez transforment entièrement votre expérience.»
La baisse d’énergie est le signe qu’il est temps de ralentir.
Concentrez-vous donc sur ce que l’hiver offre : une promenade, bien emmitouflé, dans une nature magnifique, un gros plaid près du feu, du temps pour votre hobby. Vous entraînez ainsi une forme d’état d’esprit positif – comme vous le feriez d’un muscle. Il ne s’agit pas de nier les aspects moins agréables de l’hiver, mais de choisir ce sur quoi vous mettez l’accent et la manière dont vous l’intégrez au quotidien.
À Tromsø, on développe activement cet état d’esprit. Maisons, cafés et restaurants deviennent encore plus chaleureux, ou koselig, la version norvégienne du hygge danois. Mais le koselig ne se limite pas à la déco : c’est un sentiment de chaleur, de calme et de convivialité, comparable à l’atmosphère entre Noël et le Nouvel An, mais sans la frénésie des fêtes.
L’importance de ralentir
En Scandinavie, la baisse d’énergie en hiver n’est pas perçue comme un problème, mais comme le signe qu’il est temps de ralentir. La science confirme que la noirceur hivernale nous fatigue plus vite et que dormir davantage est bénéfique. Les Norvégiens s’adaptent en vivant plus lentement, et c’est précisément ce qui rend l’hiver attrayant.
«Beaucoup de nos difficultés avec l’hiver viennent en réalité de notre structure sociale, ajoute Kari Leibowitz. Le travail, les obligations et les agendas serrés laissent peu de place pour suivre le rythme plus lent de la saison. Alors que presque tous les animaux et plantes le font naturellement.»
Ralentir ne signifie pas pour autant rester enfermé. «Les Norvégiens vont à des festivals d’hiver, des événements cinématographiques, des activités sportives. Là-bas, tout le monde connaît l’adage : il n’existe pas de mauvais temps, seulement de mauvais vêtements.»
Peut-on s’habituer au froid?
Jan Bourgois, physiologiste de l’effort (UGent), explique pourquoi le froid est un tel défi : «On peut s’acclimater à la chaleur, mais il faut s’habituer au froid. Notre corps fonctionne en effet de manière optimale à environ 28°C, car nous pouvons alors maintenir sans effort notre température corporelle centrale de 37°C. Cela s’explique par le fait que nos lointains ancêtres vivaient dans un climat chaud et sec, et que notre corps est toujours adapté à ces conditions. Nous nous adaptons donc au froid par notre comportement : en portant des vêtements chauds, en nous abritant et en bougeant.»
Conseils pour se thermoréguler
Notre système de thermorégulation a besoin d’être maintenu en bonne condition. Mais notre mode de vie dans des maisons, des voitures et des bureaux chauffés ne va pas dans ce sens. Il est donc bon de le stimuler. Une exposition à des conditions météo variées, sans extrêmes, suffit : marcher chaudement habillé dans le froid, être sous la pluie, ou encore faire un sauna. Les douches froides ou la natation améliorent surtout l’accoutumance, et non l’adaptation physiologique.
Une exposition trop longue au froid peut même être dangereuse en raison du risque d’hypothermie, qui passe parfois inaperçu. L’un des facteurs les plus importants est la forme physique. La marche, le vélo ou la natation permettent de maintenir la thermorégulation active et protègent la masse musculaire, qui constitue une couche isolante naturelle. Lorsqu’on passe d’un espace chaud à l’extérieur, muscles et nerfs fonctionnent temporairement moins bien. C’est pourquoi il est recommandé de faire quelques exercices d’échauffement à l’intérieur.
L’alimentation joue aussi un rôle clé : par temps froid, le corps dépense davantage d’énergie pour maintenir sa température centrale. Pour une longue randonnée, privilégiez les glucides. Si l’intensité baisse faute de carburant, vous produisez moins de chaleur et vous vous refroidissez plus vite. Pour les activités prolongées, prévoyez barres, biscuits ou banane. «Évitez café et alcool, qui dilatent les vaisseaux et vous font perdre de la chaleur», ajoute Jan Bourgois.
La tenue idéale pour rester au chaud tout l’hiver
– Couche de base: pour garder la peau au sec, même en transpirant. Optez pour des matières synthétiques ou de la laine mérinos.
– Couche intermédiaire: un pull ou une polaire qui retient l’air. Excellent isolant. Plusieurs couches possibles.
– Couche externe: une veste coupe-vent, respirante et déperlante.
– Tête et mains: ce sont des zones de perte de chaleur ; mieux vaut toujours les couvrir.
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