Comment renforcer sa résilience face au deuil et aux épreuves: les 5 conseils du psychiatre Dirk De Wachter
La vie est ponctuée de moments difficiles, de deuils et de revers, mais certaines personnes arrivent à rebondir plus facilement que d’autres. Pourquoi ? Explications avec le psychiatre Dirk De Wachter.
Perte d’un proche, maladie, rupture, échec… Les épreuves font partie de la vie, mais certaines personnes s’en remettent plus facilement que d’autres. Ce qui les distingue? Leur résilience, cette capacité à se relever après un choc.
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Étape 1: tisser des liens
Une dure épreuve peut parfois amener une personne à se replier sur elle-même et à s’isoler. Ce qui, selon le psychiatre Dirk De Wachter, est à proscrire. « L’être humain est un animal social. Lorsque la vie suit son petit bonhomme de chemin, on peut avoir l’impression de pouvoir se passer des autres. Mais c’est justement lorsque des problèmes surviennent que le soutien de ses semblables est indispensable. Quelqu’un qui est là pour vous, qui vous écoute et vous soutient avec bienveillance. Pour les personnes qui sont vraiment seules, il est très difficile de se relever après une maladie ou un accident. Je considère donc la résilience avant tout comme un lien, comme un réseau social qui peut servir de filet de sécurité dans les moments difficiles. Et c’est quand tout va bien que l’on met en place ce filet de sécurité. »
Dirk De Wachter est atteint d’un cancer de l’intestin et a lui-même découvert le pouvoir des liens sociaux pendant sa maladie. « Je me sentais vraiment entouré et soutenu par mes amis et ma famille. J’ai un frère que je ne vois pas souvent, mais il a été le premier à venir à mon chevet. Cette confiance mutuelle est l’une des plus belles choses de la vie. Cette connexion se tisse au fil de petites attentions et de signes de présence. Marcher ensemble, serrer quelqu’un dans ses bras, se prendre la main. »
Étape 2: adopter une bonne hygiène de vie
« Il est plus facile de se remettre d’une maladie, d’un revers ou d’un deuil lorsque l’on est en bonne santé et que l’on prend soin de soi. Cela signifie manger sainement, s’hydrater suffisamment, faire de l’exercice, dormir suffisamment et ne pas trop stresser. Ce sont des préceptes qu’on nous rabâche, mais ils sont essentiels. Ce sont en outre les éléments sur lesquels on peut agir soi-même, même quand la vie vous confronte à des moments difficiles.
C’est précisément en période de stress et de tristesse qu’il est salutaire d’avoir une structure quotidienne bien établie et de se concentrer sur ce qui est bon pour soi. Et oui, cela demande de l’énergie d’aller se promener quand on est fatigué ou de préparer une salade quand on est triste. La résilience n’est pas innée, elle nécessite des efforts. La bonne nouvelle, c’est que chaque petit pas que vous faites est un pas dans la bonne direction. »
Étape 3: viser un état d’esprit positif
« Une personne résiliente considère les revers comme une phase ou un obstacle à surmonter. Elle envisage un dénouement positif. Certaines personnes sont optimistes de nature, d’autres moins. Il est possible de travailler sur cet aspect de la résilience. Tout d’abord, par l’acceptation. Vous pouvez vous opposer au destin, mais cela demande beaucoup d’énergie. Si vous pouvez accepter les sentiments désagréables et les laisser s’exprimer, cela allégera votre charge mentale. Soyez indulgent envers vous-même, car il y aura de mauvais jours, des crises de larmes et des moments de profonde tristesse. Cela fait partie de la vie, acceptez-le.
Je vois la résilience comme une connexion aux autres.
Ensuite, prenez conscience chaque jour des choses qui vont bien, ou des beaux moments de la journée. Cela vous aide à vous concentrer plus facilement sur les aspects positifs de la vie. Troisièmement, il est important de vous détendre en pleine conscience pour apaiser votre esprit dans les moments difficiles. Cela peut se faire, par exemple, par des exercices de respiration, la méditation, le yoga ou la pleine conscience. Enfin, développez votre curiosité pour renforcer la résilience de votre esprit. Quelles solutions pourriez-vous imaginer pour faire face à la nouvelle situation ? Quels enseignements pouvez-vous tirer de cette situation ? »
Étape 4: chercher du réconfort
« La beauté, sous toutes ses formes, peut être une source de réconfort, poursuit Dirk De Wachter. La nature, l’art et la musique peuvent aider à apprécier la beauté de la vie dans les moments difficiles. Je considère également la beauté et l’art comme une connexion, car ils évoquent souvent des souvenirs. Ce lien, on le ressent avec ceux qui ne sont plus là, mais qui continuent de vivre dans nos souvenirs. Cela peut aussi être une source de réconfort.
Vous pouvez aller admirer de belles choses, par exemple dans un musée ou une réserve naturelle. Mais vous pouvez aussi les créer vous-même, en dessinant, en peignant, en cuisinant, en bricolant, en écrivant, en jardinant. L’objectif n’est pas de créer une œuvre remarquable, mais de laisser libre cours à vos sentiments et d’y prendre plaisir. Pour ma part, j’ai rédigé un livre sur ma maladie et ma guérison. Cela m’a permis d’aider beaucoup de gens. J’ai pu tirer du positif d’une situation négative, et cela m’apporte du réconfort. »
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Étape 5: trouver un nouvel équilibre
« L’être humain recherche toujours l’équilibre. Nous aimerions revenir à la situation telle qu’elle était avant la maladie ou la perte d’un proche. Mais ce n’est pas ainsi que cela fonctionne, car un retour en arrière est impossible. Je dis toujours : la vie est en constante évolution, elle n’est pas figée. Ce sont justement les événements graves qui nous font évoluer et enrichissent notre vie. Après avoir traversé certaines épreuves, nous devenons plus humains et pouvons créer des liens plus forts avec notre entourage. Je donne moi-même un cours aux kinésithérapeutes sur la manière de gérer la perte. J’y invite des conférenciers, comme une femme atteinte de sclérose en plaques qui dépend d’un fauteuil roulant, ou un homme malvoyant. Ils sont les mieux placés pour témoigner de la richesse de la vie en raison des grandes difficultés qu’ils doivent surmonter. C’est précisément après une perte et en étant confronté à des limites qu’un être humain peut grandir. »
S’aider avec la respiration abdominale en pleine conscience:
Cet exercice de respiration par le ventre permet d’apaiser le corps et de vous détendre.
• Allongez-vous sur le dos, fermez les yeux et posez vos mains sur votre ventre.
• Inspirez profondément et calmement par le nez. Sentez votre ventre se gonfler pendant l’inspiration.
• Prenez une telle grande inspiration et retenez votre souffle pendant quelques secondes.
• Expirez ensuite lentement par la bouche et sentez votre ventre se dégonfler. Faites en sorte que votre expiration soit plus longue que votre inspiration.
• Attendez quelques secondes, puis inspirez à nouveau calmement par le nez.
• Continuez l’exercice pendant quelques minutes. Vous pouvez compter calmement tout en vous concentrant sur votre respiration.
Auteur: Karine Hoenderdos
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