
Faire l’amour sans stress malgré les fuites urinaires? C’est possible
Il est des émissions de fluides dont on se passe volontiers quand on fait l’amour. C’est le cas des fuites urinaires, qui peuvent perturber les moments les plus torrides. Les solutions.
Tellement fréquente et pourtant encore taboue, l’incontinence urinaire n’est pas qu’une profonde source d’inconfort, de gêne sociale ou d’anxiété dans la vie de tous les jours. Elle entraîne aussi de sérieuses répercussions sur la sexualité.
«L’impact principal est l’évitement. Les personnes touchées par l’incontinence restreignent la fréquence de leurs relations sexuelles. Parfois, elles y renoncent totalement, par honte et par crainte des fuites, analyse Charlotte Leemans, sexologue-psychologue à la clinique Notre-Dame de Grâce de Gosselies et présidente de la Société des sexologues universitaires de Belgique (SSUB). Cet évitement génère toutes sortes de conséquences négatives. Moins on fait l’amour, moins on érotise les rapports à deux, et plus on stresse à l’idée d’en avoir. Pour les femmes, cette situation peut notamment se traduire par des douleurs pendant les rapports, une absence de désir ou d’orgasme et, pour les hommes, par des difficultés à avoir ou maintenir une érection ou à éjaculer. »
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Fuites urinaires: quelles solutions pour préserver sa sexualité?
Les fuites urinaires ne sont pas une fatalité. Et leurs répercussions sur la sexualité non plus! Le premier réflexe est d’en parler à son médecin. Une fois le type d’incontinence identifié et sa cause déterminée, celle-ci peut être traitée dans plus de 90% des cas.
Au rayon des solutions envisageables se trouvent les médicaments, les interventions chirurgicales et la rééducation des muscles du périnée. L’incontinence ne doit en tout cas pas empêcher ceux qui en souffrent de faire l’amour. «Il est tout à fait possible de maintenir une vie sexuelle épanouissante, quelle que soit la gravité du trouble urinaire», assure Charlotte Leemans.
L’incontinence ne doit pas empêcher ceux qui en souffrent de faire l’amour.
Comment? En prenant soin d’uriner avant tout rapport sexuel ou de procéder à un sondage urinaire. En évitant aussi les positions propices aux pressions mal placées sur la vessie. Lesquelles? Missionnaire, Andromaque, levrette? «C’est variable d’une personne à une autre. L’idéal est de tester différentes positions et de trouver celles qui se montrent les plus favorables», préconise-t-elle. Vos fuites urinaires surviennent durant les efforts? Modérez vos ardeurs et recourez plutôt au sexe langoureux!
Faut-il en parler à son partenaire?
Les problèmes de miction peuvent aussi passer inaperçus du partenaire, l’urine étant mêlée aux autres fluides produits durant le rapport. Du moins pour les pertes les plus discrètes.
«Il est tout de même souhaitable, à un moment donné, d’aborder la question avec l’autre, suggère Charlotte Leemans. Les choses sont évidemment plus compliquées pour les célibataires. Il y a plus glamour comme sujet pour entamer une relation. Je conseille donc aux nouveaux couples, ainsi qu’à ceux qui ne sont pas trop à l’aise avec les fuites urinaires, de débuter les jeux amoureux par un lavage sensuel sous la douche ou dans la baignoire. On peut aussi utiliser au préalable des huiles de massages ou des gels lubrifiants sur les parties génitales. Ils permettent de rendre ces zones-là naturellement plus humides.»
Un fluide peu érotique, mais pas sale
L’urine ne suscite généralement pas une folle attirance charnelle. «Ce n’est toutefois pas quelque chose de sale», souligne Charlotte Leemans qui rappelle que ce liquide est stérile chez les personnes en bonne santé. Subsiste sa potentielle odeur. Peu probable si la quantité perdue reste modérée, celle-ci peut cependant être dissimulée. «L’idée est de prévenir d’éventuelles odeurs en ayant par exemple recours à une huile de massage ou une bougie odorante ou encore en vaporisant du parfum sur les draps.»
Selon une étude de l’université de Barcelone, de 25 à 38 % des femmes réduisent volontairement la fréquence de leurs relations sexuelles à cause de l’incontinence urinaire. Les hommes ne sont guère en reste. D’après une étude de la Manchester Metropolitan University, le risque de voir leur désir sexuel baisser est accru de 126 % par rapport aux autres hommes.
De la kiné pour une sexualité épanouie!
La rééducation du périnée occupe une place de choix dans le traitement de l’incontinence. «Elle donne d’excellents résultats dans différentes formes d’incontinence urinaire, notamment celles associées à la ménopause ou consécutives à une opération de la prostate. Non-invasive, elle permet souvent d’éviter le recours à la chirurgie et s’envisage également avant une intervention afin d’obtenir de meilleurs résultats post-opératoires», explique Charlotte Lequeux, kinésithérapeute et maître-assistant à la Haute École Léonard de Vinci. Si l’utilité de la kiné périnéale est aujourd’hui reconnue en matière de fuites urinaires, il n’en va pas de même pour ses bénéfices sur divers troubles sexuels. Ceux-ci restent souvent ignorés des patients comme des médecins. «Plusieurs études montrent pourtant que cette prise en charge contribue, par exemple, à renforcer le plaisir sexuel, à améliorer la lubrification vaginale ou la tonicité du vagin, particulièrement après la ménopause. Certaines patientes viennent me consulter pour des troubles urinaires et constatent avec joie ensuite que leur vie sexuelle s’est beaucoup améliorée!»
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Rédaction: Didier Dillen
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