
Maladie chronique : comment voyager sans risque avec vos médicaments
Une maladie chronique ne prend jamais de vacances, elle voyage avec vous. Que vous partiez en voiture ou en avion, voici tout ce qu’il ne faut pas oublier pour voyager en toute quiétude.
Le traitement d’une maladie chronique –diabète, épilepsie, maladie inflammatoire chronique de l’intestin, rhumatismes ou encore maladie cardiovasculaire– ne peut en aucun cas être interrompu. Même en voyage.
Avant de partir
Les personnes souffrant d’une affection chronique, et certainement celles qui prennent des immunosuppresseurs, doivent vérifier plusieurs mois à l’avance si elles sont suffisamment vaccinées. «En plus des vaccins nécessaires pour voyager dans certains pays, il faut penser au rappel contre le tétanos, la coqueluche et, depuis peu, contre la rougeole qui circule à nouveau en Europe, conseille le pharmacien Thomas Olyslager. Outre une quantité suffisante de médicaments pour la durée du séjour, il est prudent de prévoir une réserve d’une dizaine de jours pour faire face à un prolongement imprévu.»
Si vous prenez plusieurs médicaments, demandez à votre pharmacien de vous en faire une liste actualisée avec leur nom générique. Les noms commerciaux peuvent varier d’un pays à l’autre et, en cas de besoin, vous serez ainsi certain d’obtenir le même médicament ou un équivalent sur votre lieu de villégiature.
Les utilisateurs d’un CPAP qui arrêtent leur traitement ont 30 à 40% d’apnées en moins les premières nuits.
Avant votre départ, demandez également à votre médecin de rédiger une attestation en anglais concernant votre maladie et les médicaments dont vous avez besoin afin d’éviter tout problème lors des contrôles de sécurité. Au sein de l’UE, vous pouvez normalement vous rendre dans n’importe quelle pharmacie avec une ordonnance papier de votre médecin pour obtenir votre traitement. Cette ordonnance sera utile en cas de perte ou de détérioration de vos médicaments.
En voyage
«Pour faciliter leur identification lors des contrôles, transportez vos médicaments dans leur emballage d’origine plutôt que dans un pilulier. Et si vous voyagez en avion, transportez-les de préférence dans votre bagage à main.» De nombreux médicaments, comme l’insuline, doivent être conservés au frais, même pendant les voyages. «L’insuline est sensible à la chaleur et doit être transportée dans des sacs isothermes spécialement conçus à cet effet ou, en voiture, dans une glacière. En avion, gardez-la toujours dans votre bagage à main. Les petites seringues ou stylos à insuline sont autorisés pour que vous puissiez vous faire une injection pendant le vol. En revanche, une attestation médicale est exigée pour les grandes seringues.»
De nombreux produits qui, normalement, nécessitent d’être conservés au frigo (les gouttes oculaires servant au contrôle de la pression intraoculaire ou les produits biologiques pour le traitement de la maladie de Crohn ou les rhumatismes par exemple) peuvent être conservés à température ambiante pendant un mois. «Si votre séjour n’excède pas deux semaines, vous pouvez rompre la chaîne du froid sans que le produit perde son efficacité, à condition toutefois que la température ne soit pas trop élevée. Presque tous les médicaments sont contrôlés à température ambiante (+/- 20°C), mais pas à des températures extrêmes. Les comprimés durs sont moins sensibles à la chaleur que les comprimés orodispersibles (qui fondent dans la bouche), les sirops ou les pommades.»
Le congélation est aussi dommageable que la chaleur pour les médicaments et les pommades. «Évitez de déposer vos médicaments trop près d’éléments réfrigérants, au risque qu’ils perdent toute efficacité.»
Sur votre lieu de séjour
Certaines maladies, comme l’épilepsie, exigent que le traitement soit pris à heure fixe. Mais comment faire lorsqu’on change de fuseau horaire? «Si le décalage est inférieur à trois heures, vous pouvez continuer à prendre vos médicaments à l’heure habituelle. Jusqu’à quatre heures, vous pouvez vous caler sur l’heure locale. Si la différence est beaucoup plus importante, demandez à votre médecin ou à votre pharmacien un programme de transition progressive.»
En vacances, on adopte un autre rythme et il n’est pas rare d’oublier de prendre ses médicaments. «Or il est très important pour les maladies chroniques comme l’asthme, les maladies cardiovasculaires, la dépression et d’autres, de continuer à prendre ses médicaments, même si on ne ressent pas immédiatement de symptômes si on fait une pause.»
Médicaments psychotropes et sédatifs
Pour certains médicaments pouvant être considérés comme des stupéfiants, tels que les patchs de morphine, les opioïdes et les psychotropes (anxiolytiques, tranquillisants, médicaments contre le TDAH, etc.), il convient d’être vigilant lors de vos déplacements. Vous devez envoyer une attestation médicale spéciale à l’AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé) qui vous délivrera une attestation Schengen vous permettant de voyager avec ces médicaments dans l’espace Schengen. Pour les voyages en dehors de cet espace, il est prudent de vérifier auprès de l’ambassade les médicaments autorisés car certains pays appliquent des règles plus strictes.
Le mythe de l’aspirine et des voyages en avion
La recommandation de prendre de l’aspirine avant un long vol afin de prévenir les thromboses dues à une position assise prolongée n’a aucun fondement. «L’aspirine a un effet anticoagulant, mais principalement dans les petits vaisseaux sanguins afin de prévenir les crises cardiaques. Les thromboses sont causées par la formation de caillots sanguins dans les veines plus grosses. Si vous souhaitez vous protéger, portez des bas de contention lors de vols de plus de 4 heures. Étirez également les jambes de temps en temps. On recommande aux personnes présentant un risque accru de se faire injecter un médicament contre les phlébites (anticoagulant).
Voyager avec un CPAP
Le CPAP est un appareil destiné au traitement des apnées du sommeil. Faut-il l’emporter en voyage et si oui, quelles précautions prendre? «La nécessité d’emporter son CPAP dépend avant tout de sa situation personnelle, analyse le Pr Johan Verbraecken, spécialiste du sommeil au centre du sommeil de l’UZ Anvers. Si l’apnée est modérée à sévère, il est préférable de ne pas interrompre le traitement afin de préserver la qualité de son sommeil et de celui de son partenaire. Pour les apnées plus légères et si le séjour est bref, on peut interrompre le traitement car son effet perdure quelques jours. Les utilisateurs de longue durée qui stoppent temporairement, ont encore 30 à 40% d’apnées en moins les premières nuits, mais l’effet disparaît au bout d’une semaine. Pour un voyage plus long, il est préférable d’emporter son appareil et un masque de rechange.»
Bagage à main et attestation
Un CPAP pèse de 3 à 4 kg. Si possible, transportez-le dans votre bagage à main lorsque vous voyagez en avion. «En soute, il pourrait être endommagé lors des opérations de chargement/déchargement, sans compter le risque de perte. Les services de sécurité des destinations touristiques courantes connaissent désormais bien les appareils CPAP, mais un certificat médical reste fortement recommandé. Demandez à votre médecin de le rédiger en anglais et conservez-le avec vos papiers d’identité.»
Demandez à votre médecin de rédiger une attestation en anglais concernant votre maladie et les médicaments nécessaires.
Si vous campez ou voyagez de manière plus aventureuse, il faudra pouvoir alimenter votre CPAP. «Tous les appareils peuvent fonctionner avec une batterie externe qui se recharge à l’avance, comme un smartphone, et offre une autonomie de 8 à 16 heures.»
Si vous voyagez fréquemment, l’achat d’un CPAP de voyage est un investissement à envisager. «Plus léger et plus compact, il se glisse facilement dans la poche d’une veste mais il coûte plus cher (environ 1.000 €) et est plus bruyant. Les CPAP de voyage de la marque BreathX sont spécialement conçus pour les longs vols de nuit. Ils se placent autour du cou, comme une sorte de coussin.»
Pour toute information sur les médicaments en voyage, consultez le site wanda.be.
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