Restez jeune plus longtemps

Certains sexagénaires paraissent avoir à peine 45 ans, d’autres font plus que leur âge. Existe-t-il des recettes pour rester jeune ?

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La médecine anti-âge est en plein développement, assure le docteur Patrick Truong, spécialiste en médecine esthétique et anti-âge. Elle ne vise pas la jeunesse à tout prix, mais plutôt le maintien de la vitalité et de la qualité de vie jusqu’à un âge avancé. Le patrimoine génétique joue sans aucun doute un rôle dans le processus de vieillissement. On ne peut pas le ralentir sans adapter aussi son mode de vie, et ce quel que soit son patrimoine génétique. C’est pourquoi il est important, avant d’entamer un traitement, d’analyser l’état de santé, le comportement alimentaire et le mode de vie de chaque patient... Nos programmes anti-âge sont tellement personnalisés que l’on peut parler d’approche « sur mesure ». Mais il n’existe pas de recette miracle qui assure à chacun la jeunesse éternelle ! »

L’alimentation « Il s’agit du premier élément important qu’on examine. On optimise les quantités et la qualité des aliments consommés. En Occident, on mange trop. Et pourtant l’ alimentation s’appauvrit. Nombre d’entre nous souffrent, en effet, de carences en vitamines, en minéraux et en oligo-éléments. Il faut donc commencer par rééquilibrer le schéma alimentaire. »

L’exercice physique « L’oisiveté contribue à accélérer le vieillissement. Il est donc essentiel de faire du sport et de bouger si l’on veut conserver sa force musculaire, sa souplesse, son énergie et sa vitalité. L’effort sportif booste le métabolisme. Le sport est un des meilleurs alliés quand on entreprend un programme anti-âge. Mais, pour établir un programme adapté, il faut déterminer au préalable la condition physique du patient afin de trouver des exercices qui lui conviennent. »

Un bilan très complet

Après le bilan nutritionnel et physique, le docteur Truong soumet ses patients à un questionnaire très détaillé, axé sur leur passé médical ainsi que leurs problèmes et souhaits actuels. « Nous réalisons ensuite un examen clinique destiné à dépister tous les signes de vieillissement. Les résultats de cette évaluation nous aident dans le choix des examens complémentaires ».

Il procède systématiquement à une analyse sanguine. Outre les critères classiques permettant d’évaluer l’état de santé général, il recherche dans le sang tous les éléments indiquant un vieillissement :

  • Les signes de stress oxydatif, qui sont des indications indirectes d’un risque de vieillissement précoce.
  • Un bilan des acides gras. Le médecin analyse en détail les taux d’acides gras saturés, d’acides gras poly- et mono-insaturés ainsi que des acides gras oméga 3 et oméga 6 dans le sang, dans le but de vérifier s’il faut rectifier les habitudes alimentaires.
  • Certaines concentrations d’hormones. On sait en effet que la sécrétion des hormones diminue inéluctablement avec l’âge. Plusieurs systèmes hormonaux peuvent être touchés par cette évolution :
    – les hormones thyroïdiennes
    – les hormones surrénales
    – les hormones sexuelles, tant chez l’homme que chez la femme. Car contrairement à une opinion largement répandue, l’andropause existe et les hommes subissent aussi les conséquences de ce ralentissement hormonal (fatigue, baisse des performances...).

 » Lorsque tous les résultats sont connus, nous élaborons, en concertation avec le patient, un schéma de traitement sur mesure. Il n’existe pas de « recette miracle » qui assure à chacun la jeunesse éternelle ! Qui plus est, les besoins et les souhaits des uns ne sont pas ceux des autres. Certains veulent aller très loin dans leur thérapie anti-âge et recouvrer leur état de santé d’il y a 10 à 15 ans, alors que d’autres souhaitent simplement stabiliser leur état de santé. « 

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Le programme alimentaire

Lors de l’élaboration du programme alimentaire, le docteur Truong fait généralement des propositions qui se situent aux antipodes des habitudes du patient.  » Nos habitudes alimentaires sont souvent déplorables. Le plan alimentaire que je propose bouleverse complètement les habitudes du patient. Il doit donc être disposé à consentir un sérieux effort. Changer de régime alimentaire passe par un processus d’apprentissage. Il faut apprendre à connaître les bons éléments nutritionnels, à bien les combiner, à les préparer, à connaître les nutriments qu’il faut absolument éviter.
Nous devons en effet apprendre aux gens quels produits sont « toxiques » pour la santé. Je n’entends pas par là ceux dont l’ingestion peut s’avérer mortelle, mais bien ceux qui ont une incidence négative sur la santé. L’alimentation occidentale contient, par exemple, beaucoup trop de céréales. Notre tube digestif ne dispose pas des enzymes adaptés (des molécules contribuant au métabolisme des aliments) pour les digérer. Celles-ci vont dès lors fermenter, ce qui va avoir une incidence sur notre flore intestinale, avec pour conséquence des réactions inflammatoires qui vont perturber l’ensemble de notre digestion et qui, à long terme, peuvent provoquer de nombreuses affections.  »

Selon le docteur Truong, les produits laitiers sont un exemple comparable. « Beaucoup de gens souffrent d’une intolérance au lactose. Ils sont incapables de digérer le lactose (sucre de lait) parce qu’ils ne disposent pas de l’enzyme adéquat. Nous sommes par ailleurs la seule espèce animale qui continue à boire du lait après la période d’allaitement, et qui plus est le lait d’une autre espèce animale.
L’alimentation s’accompagne parfois aussi de carences en micronutriments. Des études sérieuses ont montré que presque toutes les populations européennes souffrent d’une carence en sélénium et en vitamine C. C’est précisément le paradoxe de notre alimentation. Nous mangeons beaucoup, nous avons tout ce que nous voulons mais nous ne mangeons pas pour autant d’une façon saine et équilibrée. Pour s’en convaincre, il suffit de voir l’augmentation exponentielle de l’obésité, due à de mauvaises habitudes alimentaires. »

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Trop peu d’exercice !

La sédentarité croissante est un deuxième problème important. Le manque d’exercice physique a indubitablement une incidence fâcheuse sur notre santé.  » Faire du sport donne un sérieux coup de fouet au système cardiovasculaire et à la respiration, précise le docteur Truong. Mais c’est également une manière parfaitement naturelle d’augmenter nos taux hormonaux. La pratique du sport ou de toute autre forme d’exercice physique stimule les nombreux systèmes hormonaux de notre organisme, ce qui nous rend moins sensibles aux agressions extérieures, aux maladies et au stress. Nombre d’études réalisées sur des personnes d’âge très avancé ont systématiquement mis en lumière qu’ils faisaient suffisamment d’efforts physiques et qu’ils évitaient le stress. « 

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Des compléments ou pas ?

Faut-il systématiquement prendre des compléments alimentaires (vitamines, minéraux ou oligo-éléments) dans le cadre d’un plan anti-âge ? « Dans la médecine anti-âge on ne prescrit rien de façon systématique car un traitement efficace sur un patient X pourrait avoir l’effet inverse sur un patient Y. La seule chose à faire est de dépister les carences, d’examiner leurs causes et d’y remédier. Chaque programme thérapeutique est très ciblé et adapté aux besoins spécifiques du patient concerné. Les mécanismes du vieillissement font l’objet d’études approfondies et les avancées réalisées permettent d’améliorer les traitements. Ils ne nous rendront certes pas immortels mais nous permettront de conserver une qualité de vie optimale le plus longtemps possible.  »

L’administration d’un complément n’a de sens que si l’organisme n’est pas en mesure de trouver lui-même ce dont il a besoin (en raison d’une diminution de la production dans l’organisme, d’une carence des apports alimentaires,...).

Ainsi, on ne donne un complément d’anti-oxydants qu’à ceux qui présentent un stress oxydatif élevé, autrement dit une forte production de radicaux libres. « Ils ont en effet une propension à vieillir plus vite, précise le docteur Truong. Il est important que nous leur apportions des compléments d’anti-oxydants : vitamine C, vitamine E, sélénium... Mais nous allons également essayer d’agir sur la cause du problème et d’éviter les situations de stress oxydatif, notamment les longues expositions au soleil, à la pollution atmosphérique, les produits chimiques, le tabagisme et l’absorption d’aliments contenant des substances qui ont tendance à accroître sensiblement la production de radicaux libres. »

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Les hormones continuent à faire peur

Le terme « hormones » fait peur à beaucoup de monde. Cette angoisse repose sur un manque d’informations. La production d’un certain nombre d’hormones diminue à mesure que nous vieillissons, avec toutes les conséquences qui s’ensuivent. Il faut alors se demander si on accepte cette évolution comme une fatalité ou si l’on veut pallier à ces carences au moyen de produits naturels de manière à ramener les taux hormonaux au niveau d’un individu en pleine force de l’âge.  » Je suis personnellement d’avis qu’il n’est pas normal de devoir « subir » cette carence hormonale alors qu’on peut la compenser de manière naturelle, inoffensive et physiologique, affirme le docteur Truong. Il n’est cependant pas question d’administrer des hormones à tout va sans savoir quelles peuvent en être les répercussions sur la santé des patients. La substitution hormonale pourvoit uniquement aux besoins physiologiques de l’organisme et n’a absolument rien à voir avec le dopage. Les Etats-Unis, qui sont à la pointe de la recherche en ce domaine, ont réalisé des études prouvant que cette approche « sur mesure » n’a, à long terme, aucune incidence négative sur la santé. Mais un tel traitement requiert une solide expérience de la part du médecin prescripteur. »

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Résorber les carences

Quels compléments hormonaux administre-t-on couramment dans le cadre d’un traitement antivieillissement ?

« Avec l’âge, beaucoup d’entre nous développent une forme très légère d’hypothyroïdie, c’est-à-dire une régression du fonctionnement de la glande thyroïde qui n’est pas nécessairement décelable dans le sang mais qui peut être dépistée grâce à l’examen clinique et aux symptômes présentés par le patient. En pareils cas, l’administration de très petites doses d’hormone thyroïdienne peut cliniquement donner une amélioration notable.  »

La DHEA (Déhydroépiandrostérone), elle, a déjà fait couler beaucoup d’encre. « La DHEA est un précurseur de plusieurs autres hormones, poursuit le docteur Truong. Elle intervient à différents niveaux mais n’a pas véritablement d’action en profondeur. Administrer uniquement de la DHEA ne permet jamais de s’attaquer à un problème dans sa globalité. En outre, elle ne peut jamais être donnée aveuglément. Il n’est pas question de vendre de la DHEA dans une grande surface en affirmant que c’est bon contre le vieillissement. Il ne faut en absorber qu’en cas de carence. De plus, elle a des effets secondaires indésirables en cas de surdosage, notamment une peau très grasse, des symptômes de virilisation chez les femmes, de l’acné...  »

Pour les femmes il est également important de donner une thérapeutique de substitution à l’aide d’oestrogènes (et de progestérone pour les femmes qui ont encore un utérus) dès la périménopause si elles ont des problèmes liés à la diminution de la production d’hormones par les ovaires. La sécurité de cette forme de substitution hormonale est de loin la plus étudiée.

Chez les hommes, on remédie à une carence en testostérone en administrant un complément de testostérone, car eux aussi peuvent présenter des troubles liés à un manque d’hormones sexuelles.

 » L’administration d’hormone de croissance est loin de faire l’unanimité, précise le docteur Truong. Je pense que nous devons encore faire preuve de beaucoup de circonspection en la matière. Mais elle pourrait bien devenir l’hormone du futur. De nombreuses études visant à déterminer à quel moment et dans quelles circonstances cette hormone peut être administrée en toute sécurité sont d’ailleurs en cours.

Dans le passé, on a attribué à la mélatonine de nombreuses vertus dans la lutte contre le vieillissement. J’estime qu’elle est surtout indiquée pour ceux dont le sommeil est perturbé. Administrée à faibles doses, cette hormone, qui règle notre horloge biologique, a une influence positive sur la qualité du sommeil. Mais il ne s’agit pas d’une hormone antivieillissement. Elle n’est pas commercialisée en Belgique.

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Remonter le temps ?

Les patients qui consultent les médecins anti-âge sont soucieux de leur santé et souhaitent conserver leurs capacités tant physiques que mentales. Ils veulent en freiner la perte, très progressive, liée au vieillissement.  » À 20 ans vous grimpez facilement quatre étages, à 40 vous êtes essoufflé après 3 étages et à 50 ou 60 ans vous ne dépassez plus le deuxième..., fait remarquer le docteur Truong. L’objectif de la médecine anti-âge est d’arriver en pleine forme à l’âge le plus élevé possible. Ceux qui optent pour ce type de traitement attachent beaucoup d’importance à leur santé. Ils se sentent mieux dans leur peau et voient la vie d’un oeil positif. Ils ont conscience de l’importance de garder une activité physique mais aussi mentale. La mémoire, par exemple, doit être exercée comme un muscle. »

La médecine anti-âge est-elle pour autant une cure de jouvence ? « C’est difficile à prouver. Ceux qui suivent une thérapie anti-âge sont, effectivement, parfois à même de faire des choses dont il n’étaient plus capables. Mais dès l’arrêt du traitement, tous les bénéfices disparaissent. Nous ne pouvons donc pas dire qu’ils ont rajeuni. Cependant, la médecine anti-âge peut ralentir le vieillissement. Lorsqu’on constate des carences hormonales, il est conseillé de poursuivre le traitement le plus longtemps possible. On peut aussi remédier de façon ponctuelle à d’autres carences, au niveau des vitamines, par exemple. En outre, ceux qui suivent une thérapie anti-âge sont sous contrôle médical régulier, ce qui permet d’intervenir rapidement et d’adapter leur traitement en permanence. Ils sont également très impliqués dans leur thérapie et ressentent souvent eux-mêmes quand il faut procéder à un »réglage fin » de leur traitement. Au début, ils viennent tous les deux à trois mois, par la suite une à deux fois par an. « 

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