
3 témoignages qui prouvent qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre
Cartable sur le dos, les enfants ont repris le chemin de l’école. Mais même à un âge plus avancé, il y a encore beaucoup à découvrir, comme en témoignent Wies, Bard et Saskia qui nourrissent chaque jour leur curiosité et leur soif d’apprendre.
Beaucoup s’imaginent que l’apprentissage prend fin une fois le diplôme en poche. C’est mal connaître les plus de 50 ans, dont la curiosité reste insatiable. Wies, Bart et Saskia en sont la preuve vivante: chaque jour, ils continuent à découvrir, à explorer… Pour eux, apprendre tout au long de la vie est une véritable source d’énergie, qui leur permet de savourer chaque instant avec un esprit résolument positif.
Wies Verbeek: “À 60 ans, il reste toute une seconde vie devant nous!”
Wies a construit toute sa vie autour de l’acquisition de nouvelles connaissances. Autrice d’un « Manuel pour les sexagénaires » en néerlandais, elle y aborde 93 questions sur la santé, le travail, le sexe, le logement et l’argent. « La méthode consiste à adopter une position de profane et à se laisser guider par des experts, des scientifiques et des médecins. Je suis une sorte de traductrice. Je vulgarise tout ce que j’apprends. Je partage également mes propres expériences en tant que ‘nouvelle sexagénaire’, avec légèreté et autodérision. »
Son moteur ? La curiosité ! « Je cherche toutes les informations possibles pour tout savoir sur les sujets qui m’intéressent. Les trois quarts des sexagénaires atteignent au moins 80 ans, autant dire que nous avons encore toute une seconde vie devant nous. Et il y a encore tellement à faire ! J’ai vécu très différemment le cap de la cinquantaine. À l’époque, je me concentrais surtout sur ma forme physique. Mais aujourd’hui, je m’interroge davantage sur ce qui est réellement important dans la vie : les relations humaines, avoir un but, garder l’esprit actif. Autrement dit, avoir une raison de se lever le matin. Soixante ans, c’est l’âge où l’on philosophe. Arrivé à ce stade de la vie, le moment est venu de réfléchir aux valeurs fondamentales. J’ai demandé à des scientifiques comment vieillir en bonne santé. La réponse est sans ambages : bien avant une bonne condition physique, il est essentiel d’être utile à son entourage. Bref, continuez à faire ce qui vous tient à cœur, restez utile, conservez vos liens sociaux. C’est ainsi que je me suis intéressée à la cohabitation avec des personnes de mon âge, avec une aide-soignante commune. La solution est épatante : chacune dispose de son espace, tandis que l’on peut se retrouver en soirée dans une grande pièce commune pour prendre un verre et discuter. »
Son appétit à se plonger dans diverses matières et à embrasser son avenir rend Wies heureuse, tout simplement. « Il est agréable d’anticiper car cela permet de rester en mouvement. Dans un mariage, il est également très important de connaître les souhaits de son partenaire. Le nombre de divorces chez les plus de 60 ans a doublé en dix ans, notamment parce que les attentes quant à l’avenir sont très divergentes. Anticipez-le, apprenez à connaître les rêves de l’autre. Cela évite bien des malheurs... »
Bard Bothe: “Je lis beaucoup et je continue à apprendre tous les jours”
Il en rêvait depuis toujours. Écrire. C’était sa vocation, inspirée par une professeure qui lui avait fait découvrir les œuvres des grands auteurs. « J’étais émerveillé par leur habilité à manier les mots et la langue. » Mais face à l’incertitude d’un avenir dans ce domaine, la réalité de la vie s’est imposée. Avec une carrière et une vie bien remplie. Sans vraiment l’avoir choisi, il s’est retrouvé plongé dans le monde des assurances. « Je suis devenu un homme en costume gris, avec un long manteau et un chapeau. »
Puis vint la retraite avec sa seconde vie, où le nouveau Bard se révéla. « J’ai remporté le premier prix d’un concours d’écriture, ce qui a décidé une maison d’édition à publier mon premier livre pour enfants. Je continue à le lire dans les écoles. J’ai délibérément choisi de rester jeune et flexible. J’ai continué à apprendre, à me nourrir de nouvelles connaissances. Un jour, un élève m’a demandé : « Comment se fait-il qu’un vieux monsieur comme vous écrive des livres pour enfants ? ». Je lui ai répondu : « Regarde mes yeux, que vois-tu ? Ce sont les yeux avec lesquels je regardais mon professeur quand j’étais enfant ». L’émerveillement est essentiel. L’être humain dispose en moyenne de 30.000 jours pour apprendre et trop de jours passent sans que nous en ayons conscience.»
Bard souffre de petits problèmes physiques inhérents à son âge et qu’il accepte volontiers. En revanche, il a été bien plus éprouvé par le décès de Nana, son grand amour, avec qui il a partagé 58 ans d’un mariage heureux. « Pendant toutes les années où j’ai pris soin d’elle, elle n’a cessé de me dire : « Bard, ne te laisse pas anéantir. Tu ne dois pas essayer de construire un nouvel amour, tu dois le vouloir, tu dois le faire ». Paroles merveilleuses ! Aujourd’hui, j’ai une nouvelle compagne, j’ai à nouveau une vie sexuelle, je joue toujours au tennis et je continue à m’épanouir socialement. Ce que j’ai surtout appris, c’est à communiquer avec douceur. Si je ne peux pas ressentir la douleur de l’autre, je ne peux pas établir de lien. Depuis ma retraite, je lis beaucoup, notamment Socrate, j’apprends beaucoup, et je continue d’apprendre tous les jours. En observant, en agissant, en allant à la rencontre des autres. C’est le courage qu’il faut avoir et qu’il ne faut jamais perdre. »
Saskia van Kleef: “C’est merveilleux d’être de retour sur un campus”
Certains retraités prennent littéralement au pied de la lettre le conseil de continuer à apprendre. Ils retournent à l’école, suivent une formation intensive ou enchaînent les cours. C’est le cas de Saskia van Kleef. « Petite fille, j’étais déjà très curieuse, j’ai toujours eu soif d’apprendre. »
Saskia a eu une carrière bien remplie. « Je rêvais de danse classique mais après un an d’académie, j’ai compris que je n’étais pas assez douée. Passionnée de médecine, je me suis retrouvée à travailler dans l’industrie pharmaceutique, notamment en tant que responsable du service extérieur chez Nutricia. Mais à la suite de plusieurs réorganisations, j’ai dû suivre de nouvelles formations pour faire évoluer ma carrière. Je suis persuadée qu’il ne faut jamais exercer le même job plus de trois ans, mais toujours relever de nouveaux défis. »
Saskia considérait la retraite comme un piège. « Je me suis convaincue de rester dans le coup. Rater le virage du numérique et des changements toujours plus rapides, c’est risquer de voir se creuser un fossé avec les jeunes. Et ça, il n’en est pas question ! »
Dès sa mise à la retraite, Saskia s’est inscrite avec une amie à huit semestres de cours de psychologie. « Je connais cette amie depuis l’école primaire et c’est formidable d’étudier ensemble. C’était merveilleux d’être de retour sur le campus, de déjeuner parmi tous ces jeunes. Nous avons également suivi deux cours de littérature, deux cours de philosophie, un cours d’histoire de l’art, un cours d’ornithologie, un cours de cinéma…» Elle en rit elle-même : « C’est un programme très varié, très chargé et parfois ardu, mais nous sommes déjà impatientes de décider de notre programme de l’an prochain. »
Qu’est-ce que cela lui apporte ? « Cela me permet de rester active. Mon cerveau reste en éveil. Je me sens extrêmement bien et ‘fraîche’ dans ma tête. J’apprends et je voyage tellement que je peux parler de tout, me forger une opinion et parfois avoir une vision différente du monde. Je remarque que je ressens de plus en plus d’empathie, de compréhension et de capacité à prendre du recul. Et si ma mémoire de fer est un peu moins solide, je constate que tout ce que j’apprends m’aide à garder un état d’esprit positif, à rester ouverte au monde. Aujourd’hui, je ne veux pas rater le coche de l’intelligence artificielle. Il faut s’y intéresser, quel que soit son âge. »
Auteur: Robert Heukels
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