
Comment combattre la sécheresse intime post-ménopause?
La ménopause ne se limite pas aux bouffées de chaleur et aux sautes d’humeur. De nombreuses femmes de 50 ans et plus sont souvent confrontées à des phénomènes gênants, comme la sécheresse vaginale.
Après la ménopause, la peau et la forme du vagin se modifient, avec à la clé des problèmes comme une sécheresse locale, des irritations, des démangeaisons ou des douleurs lors des rapports sexuels. Ce sont des soucis qu’on a tendance à taire, mais à tort car des solutions existent.
«Lorsque la production des hormones féminines s’arrête, la paroi vaginale s’affine, de même que les grandes et petites lèvres, analyse le Dr Michèle Leunen, gynécologue et experte en ménopause (UZ Brussel). Ce processus d’atrophie assèche progressivement le vagin, celui-ci est moins irrigué, devient plus sensible et vulnérable aux infections. Le vagin perd en souplesse, ce qui peut provoquer des douleurs lors des rapports intimes. Du fait de la chute brutale des hormones féminines, les cellules superficielles de la muqueuse contiennent moins de glycogène, ce qui influence le pH (l’acidité naturelle) du vagin. La présence des bonnes bactéries diminue, elle aussi, ce qui facilite les infections et modifie parfois l’odeur. Ceci dit, toutes les femmes ne sont pas concernées.»
Quelles solutions?
«Le traitement hormonal de substitution (THS), qui agit sur de nombreux symptômes de la ménopause, est le premier traitement proposé aux femmes qui le supportent (sauf celles qui ont ou ont eu un cancer du sein). Le THS contient des hormones bio-identiques faiblement dosées (en général un mix d’œstradiol et de progestérone) et s’applique sur la peau via un gel ou un spray. L’effet est réel sur la sécheresse vaginale, mais ce n’est pas le toujours le cas.
Quand cela ne suffit pas, on peut envisager d’autres options. Si le problème de sécheresse gêne les rapports sexuels, un lubrifiant à base d’eau ou de silicone peut aider. Il existe aussi des ovules ou des gels sans hormones, à appliquer localement, pour hydrater le vagin. Parmi ces solutions non-hormonales, l’acide hyaluronique semble donner des résultats comparables à ceux des produits avec hormones.»
Faut-il modifier son hygiène intime?
« Il n’est pas nécessaire d’utiliser plusieurs fois par jour –ou après la miction– les produits de toilette intime censés préserver le pH du vagin. Il suffit de se rincer à l’eau tiède, en évitant le savon et les produits parfumés qui risquent de déséquilibrer plus encore l’acidité et la flore vaginale. Mieux vaut porter un slip en coton et éviter de mettre trop souvent un protège-slip pour limiter le risque d’infection vaginale.»
Que penser des injections de PRP (plasma riche en plaquettes) et de filtres?
«Les injections de PRP sont utilisées notamment pour rajeunir le vagin, précise le Dr Marijke Aerts, gynécologue (Gynaeco+). Lors de cette intervention peu invasive, on prélève du sang de la patiente, on le centrifuge, puis on le filtre afin d’en prélever les plaquettes sanguines, qui sont riches en facteurs de croissance.
En les réinjectant localement, on stimule la paroi vaginale qui se met alors à fabriquer du collagène. Cette approche permet de gagner quelques années, mais les effets sont transitoires: le processus naturel de vieillissement reprend le dessus.
La sécheresse vaginale est un problème souvent passé sous silence, mais il existe des solutions.
Le traitement avec des fillers à l’acide hyaluronique est assez comparable. On injecte les fillers autour de la vessie et dans la partie basse du vagin. Il existe pour cette zone un combleur spécifique qui est capable d’absorber mille fois son poids en eau, ce qui a un effet spectaculaire sur l’élasticité locale de la peau. En six semaines, les problèmes de sécheresse disparaissent et l’effet dure plusieurs mois.»
Que peut-on attendre des traitements laser?
«Depuis quelques années, l’offre de lasers vaginaux s’est enrichie, allant du laser CO2 au laser Erbium. Ce dernier travaille de manière fractionnée en traitant la paroi tant interne qu’externe du vagin. On l’anesthésie localement avec un spray anesthésiant, ce qui rend le traitement quasi-indolore. La peau est chauffée et le processus de régénération est stimulé: la peau et la muqueuse se renouvellent, la production du tissu conjonctif et de l’élastine est relancée.
Ce traitement améliore également l’irrigation sanguine, le vagin gagne en souplesse et en hydratation. En général, trois traitements suffisent pour obtenir un résultat optimal qui dure au moins un an. En cas de légères pertes urinaires ou de laxité vaginale (relâchement local de la peau), on peut faire appel à des technologies novatrices. Il existe ainsi un appareil qui associe la radiofréquence et le microneedling et agit à un niveau plus profond: des micro-perforations sont pratiquées et des signaux de radiofréquence sont envoyés en profondeur dans la peau, ce qui incite les cellules à produire plus de collagène.»
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