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Les risques de la disparition du cash

Le ministre des Finances désire que tous les commerçants proposent au minimum un moyen de paiement électronique. Un pas vers la fin du cash ? Quid des commerçants qui n’accepteraient plus que de l’argent électronique?

Ce n’est pas encore fait, mais l’idée est sur la table. Le ministre des Finances Vincent Van Peteghem aimerait obliger tous les commerçants belges à proposer un moyen de paiement électronique à leurs clients. L’idée serait de lutter contre la fraude fiscale. Les paiements pourraient se faire aussi bien au départ d’un terminal Bancontact que d’une application depuis un téléphone. Peu importe finalement tant qu’il reste une trace électronique. L’avenir nous dira si sa proposition sera suivie.

Selon le ministre, 58% des transactions sont toujours réalisées en espèces en Belgique contre 34% aux Pays-Bas. Observons que chez nos voisins allemands, les paiements en espèces sont encore largement répandus, notamment pour des questions historiques et la peur du contrôle des autorités. Il n’y a finalement qu’une grosse trentaine d’années que la RDA et son rideau de fer se sont effondrés.

Qui pourra empêcher l’Etat de se servir ?

Outre le fait de laisser sur le carreau une partie de la population qui n’est pas familiarisée avec les paiements électroniques, la disparition de l’argent liquide pourrait nourrir les imaginations de sociétés davantage liberticides. Théoriquement, la disparition de l’argent liquide n’est pas sans risques pour le citoyen. Sans cash, si un Etat est en faillite ou surendetté, qu’est-ce qui pourra l’empêcher de se servir directement sur les comptes des citoyens ? Cela s’est déjà passé à Chypre. Sans oublier les risques d’un énorme bug informatique si tout l’argent n’est plus qu’électronique...

Et imaginons une société qui a fait de la santé sa valeur première au détriment, par exemple, des libertés... Qu’est-ce qui pourra l’empêcher, si tous les paiements sont tracés, de conditionner le remboursement de certains soins de santé seulement si vous n’avez pas acheté du tabac, de l’alcool, voire des produits saturés en huile de palme comme les chocos?

Un commerçant peut-il refuser du cash ?

Vous voulez malgré tout continuer à payer en liquide malgré les recommandations actuelles ? Mais on vous le refuse. Est-ce légal ? A priori non, même si une pandémie est passée par là. Car l’argent liquide demeure (pour le moment) le premier moyen de paiement légal. Il ne peut être refusé, même si certaines chaînes de fast-food ou autres l’ont illégalement refusé en début d’épidémie. Mais il y a des exceptions...

200 € pour un coca

Le SPF Economie nous a re-confirmé les normes. Il doit y avoir un rapport entre le bien acheté et la coupure proposée. Le vendeur peut très bien refuser un billet de 200€ si vous n’achetez qu’une canette de limonade. Le marchand pourra toujours arguer qu’il n’a pas assez de monnaie dans sa caisse. Il existe même une règle en la matière : le refus est légal si le montant à payer est inférieur à 50% de la valeur du billet. Cette législation concerne aussi bien les commerçants que les services publics comme une administration communale. Autres motivations d’un refus : si le billet de banque est endommagé ou s’il existe une suspicion de faux billet. Dans les exceptions, retenons encore que, pour des raisons de sécurité (après un hold-up), des commerçants pourraient refuser l’argent liquide. Cette mesure doit cependant être clairement affichée dans le commerce. Si le consommateur pense qu’il s’agit de mauvaise foi, il pourra déposer une plainte auprès du SPF économie:https://pointdecontact.belgique.be

Rappelons enfin, qu’en Belgique, il n’est déjà plus possible de payer des biens ou des services en cash au-delà de 3.000€.

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