GUY LEGRAND ANCIEN RÉDACTEUR EN CHEF DE CASH! © FRANK BAHNMÜLLER

A moyen ou à très long terme ?

Un appartement ou une villa à la côte, est-ce un bon investissement ? On peut aborder la question en se référant aux études régulièrement publiées sur l’évolution du marché immobilier. Elles sont fort rassurantes : si l’on observe parfois une stagnation, voire un léger recul des prix, la tendance fondamentale reste clairement orientée à la hausse. On peut aussi approcher la problématique par un biais totalement différent... et beaucoup plus inquiétant : les études sur la montée des océans.

Les autorités flamandes ont fait le point à fin septembre, estimant que les travaux en cours protégeront la côte jusqu’en 2030. Elles ont toutefois ajouté qu’il faudra poursuivre l’effort, car le niveau de la mer grimpe plus vite qu’estimé jusqu’ici, comme le GIEC (le groupe d’experts sur le climat de l’ONU) vient de le révéler. Ces autorités ont d’ailleurs publié une carte édifiante (et terrifiante) : si la mer monte comme attendu de 80 cm d’ici 2115, en cas très grosse de tempête, seules les deux extrémités de la côte échapperont à de dramatiques inondations s’étendant jusqu’à Bruges ! Dans une optique patrimoniale portant sur plusieurs générations, faut-il dès lors se détourner de la côte et acheter plutôt un chalet dans les Ardennes ?

LA VALEUR D’UN BIEN UN SIÈCLE PLUS TARD EST PRESQUE INSIGNIFIANTE

Passons sur le fait que l’un ne saurait sans doute remplacer l’autre, question de goût. Oublions aussi qu’une seconde résidence se transmet assez rarement sur plusieurs générations, dont les aspirations s’avèrent souvent différentes. A la grande déception des parents ou grands-parents... Restons-en à ceci : que penser d’un bien qui pourrait subir une grosse moins-value d’ici un siècle ? Par-delà les formules utilisées par les experts, une vérité s’impose : la jouissance d’un bien immobilier et/ou les loyers perçus pendant plusieurs décennies représentent l’essentiel du prix payé aujourd’hui. En comparaison, la valeur que le bien aura – ou n’aura plus- dans cent ans est presque insignifiante. A preuve : les habitants de Louvain-la-Neuve n’ont pas hésité à acheter un appartement ou à faire construire une maison, alors qu’ils ne sont pas propriétaires du terrain et perdront même la propriété du bien 99 ans plus tard. Tel est en effet le principe de l’emphytéose qui prévaut à LLN : le propriétaire du terrain récupère les immeubles construits dessus.

On pourrait s’étonner de cette  » valeur insignifiante  » : n’affirme-t-on pas que l’immobilier constitue un excellent investissement à long terme ? Pas toujours, doit-on rectifier, mais le plus souvent, oui. L’explication, c’est que ce placement impose des investissements additionnels en entretien et rénovation. La plus-value observée ne tombe donc pas du ciel : on la paie au fil du temps.

Que penser de tout ceci ? Qu’il est fort difficile de raisonner à très long terme. Mais ce n’est évidemment pas une raison pour s’arrêter au court terme. Il faut au moins raisonner à moyen terme dans ses placements. Comme dans la vie, finalement.

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