
Gynécologie esthétique: pour qui, pourquoi et à quel prix?
Hypertrophiés ou trop petits, la taille ou l’aspect des organes génitaux peut être source de gêne physique ou psychologique. Plus nombreux qu’on ne l’imagine, ces femmes et ces hommes se résignent souvent à vivre avec leurs symptômes. Dans un grand nombre de cas, la chirurgie esthétique intime peut pourtant leur venir en aide. On fait le point avec deux chirurgiens esthétiques, le Dr Fanny Ballieux et le Dr Christophe Zirak.
De la labiaplastie à l’élargissement du pénis : de plus en plus de personnes envisagent une intervention chirurgicale pour soulager un inconfort physique ou renforcer leur confiance en elles. Mais en quoi consiste exactement la chirurgie esthétique intime, quelles sont les techniques existantes et combien cela coûte-t-il ?
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Pour elle
La nymphoplastie, ou labiaplastie, consiste à réduire la taille des petites lèvres et est de plus en plus fréquente. Les petites lèvres dépassent généralement de manière tout à fait normale des grandes lèvres. Qui plus est, leur aspect varie naturellement d’une femme à l’autre. Néanmoins, la taille ou la forme des petites lèvres peut susciter une réelle gêne physique (irritations, douleurs) ou psychologique (complexes). Elle rend par exemple inconfortable le port de vêtements serrés, les relations sexuelles ou la pratique d’un sport. Cette situation peut être due à l’hérédité, aux grossesses, à la ménopause ou au vieillissement.
« Il s’agit d’une intervention qui peut se dérouler sous anesthésie locale ou générale, selon ce que la patiente préfère. L’intervention en soi est non douloureuse. Elle est aussi très bien tolérée et ne laisse pas de cicatrices visibles. Les risques postopératoires sont par ailleurs rares. La labioplastie demande toutefois l’arrêt de toute activité intime ou sportive durant quatre semaines, ainsi qu’une hygiène stricte durant cette période », précise le Dr Fanny Ballieux, chirurgienne plasticienne. Réalisée par un chirurgien compétent, l’opération a aussi l’avantage de préserver la sensibilité des petites lèvres. Elle contribue même souvent à rendre les rapports intimes plus agréables en réduisant l’inconfort ou les douleurs !
Le lipofilling a le but de redonner le volume et la tonicité aux grandes lèvres qu’elles avaient auparavant. Les grandes lèvres peuvent s’atrophier notamment avec l’âge.« C’est une opération qui a un côté plus esthétique que la labioplastie », précise le Dr Ballieux. « Elle nécessite de prélever un petit peu de graisse chez la patiente, généralement sur la face interne des cuisses. Cette graisse est ensuite purifiée, et réinjectée au niveau des grandes lèvres. Une anesthésie locale rend la procédure totalement indolore ». Comme toute intervention chirurgicale, il existe des effets indésirables et des complications. Ceux-ci sont heureusement très rares. « Il faut veiller à injecter les particules de graisse de manière superficielle pour éviter certains risques potentiellement graves » avertit cette spécialiste. Totalement invisible, le lipofilling vulvaire offre un résultat définitif après une ou deux séances.
La vaginoplastie est un « lifting » vaginal visé à resserrer l’orifice du vagin. Il s’adresse aux femmes dont les muscles vaginaux se sont relâchés avec l’âge ou dont le vagin a été mis à mal par un ou plusieurs accouchements difficiles. Ce relâchement n’est pas sans conséquences : il peut entraîner des problèmes d’incontinence ou diminuer le plaisir de la femme lors de la pénétration. L’intervention se déroule sous anesthésie générale légère et généralement en ambulatoire. La convalescence dure entre un mois et un mois et demi, durant lesquels il faut notamment s’abstenir de toute relation sexuelle ou d’activités sportives. Peu douloureuse, cette intervention est cependant complexe et n’est pas sans risques, comme toutes les chirurgies. Elle donne en revanche de bons résultats, durables dans le temps. Les médecins l’associent souvent à un lipofilling vaginal, qui contribue à resserrer l’orifice du vagin et à lui redonner tonicité et sensibilité !
Les traitements de « rajeunissement » vaginal découlent de l’atrophie vaginale qui touche de nombreuses femmes et provoque sécheresse, brûlures, démangeaisons, douleurs ou saignements. Un traitement hormonal substitutif oral ou local peut soulager ces symptômes. Pour celles qui le souhaitent, différentes technologies faisant appel à un laser sont aussi disponibles. Ces techniques non invasives permettent de stimuler les tissus vaginaux, de les régénérer et, en théorie, d’améliorer en quelques séances les symptômes liés à l’atrophie vaginale. « Ces méthodes donnent de bons résultats, mais ceux-ci sont variables d’une femme à l’autre » résume le Dr Fanny Ballieux.
Pour lui
L’élargissement du pénis a comme objectif d’augmenter le diamètre du pénis, et plus exactement de la hampe du membre viril. « On y parvient de deux manières : soit en injectant un produit de comblement, comme l’acide hyaluronique, soit en faisant des injections avec la propre graisse du patient, préalablement centrifugée et filtrée » explique le Dr Christophe Zirak, chirurgien plastique. « Les injections d’acide hyaluronique peuvent être réalisées directement au cabinet du médecin. Mais le résultat ne persiste dans le meilleur des cas que durant un an. Cette technique occasionne aussi plus fréquemment des effets secondaires » ajoute ce médecin.
À l’inverse, l’injection de la propre graisse corporelle du patient nécessite une intervention en ambulatoire, ainsi qu’une anesthésie générale légère. « Mais ses résultats sont permanents » souligne le Dr Zirak. En moyenne, le patient peut espérer voir la circonférence de son pénis gagner 3 à 5 cm. « La limitation, c’est la taille du gland. Il faut que le résultat final reste esthétique et proportionné ». Ce type d’intervention n’entraîne en outre aucune conséquence négative sur l’érection, ni sur le plaisir. « Au contraire, les sensations ressenties par les messieurs et leurs partenaires sont souvent meilleures. Psychologiquement, ils ont également une plus grande confiance en eux » précise le Dr Zirak.
Avant d’en arriver là, les patients doivent toutefois respecter un protocole pré et postopératoire très strict. Le tabac est par exemple à proscrire un mois avant et après l’intervention. Le patient doit aussi veiller à maintenir sa verge vers le haut après l’opération. La convalescence dure pour sa part environ six semaines, durant lesquelles il faut notamment s’abstenir de toute activité sportive ou sexuelle, masturbation comprise !
Techniquement, l’allongement du pénis ne rallonge pas le pénis, ce qui est physiologiquement impossible, mais permet au pénis de mieux ressortir par rapport au pubis. Environ un tiers des hommes serait complexé par la taille de leur sexe, au point d’en éprouver parfois un véritable mal-être. La plupart ont pourtant un pénis qui se situe dans la moyenne, soit 9 cm au repos et 14 cm en érection. Mais rien n’y fait. L’allongement du pénis, qui peut être combiné avec son élargissement, peut alors être une solution. Pratiquement, l’intervention consiste à sectionner certains des ligaments qui maintiennent la verge près du corps, ce qui fait paraître celle-ci plus longue, mais seulement au repos. Le gain en longueur espéré varie de 2 à 4 cm. « Ce qui est déjà appréciable » note ce chirurgien qui ajoute que ces quelques centimètres suffisent souvent à transfigurer les patients et à leur redonner une meilleure estime d’eux-mêmes.
Assez courte, l’intervention demande malgré tout une anesthésie générale. Il faut là aussi s’abstenir de fumer ou d’être en présence d’un fumeur avant et après l’intervention, d’avoir des rapports intimes ou de se masturber le temps de la cicatrisation. Il n’y a en revanche aucune contre-indication liée à l’âge. Comme toute chirurgie, cette intervention ainsi que celle concernant l’élargissement du pénis, est susceptible d’avoir des effets secondaires ou d’entraîner des complications. « Mais ils sont rares » indique ce chirurgien esthétique.
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Combien coûte une intervention esthétique des parties intimes ?
En Belgique, la chirurgie esthétique intime n’est remboursée par aucune mutuelle. À charge du patient, son prix varie selon le type d’intervention, le lieu où elle se déroule (clinique privée, hôpital), la réputation du chirurgien, la nécessité ou non d’une anesthésie générale… Comptez de quelques centaines d’euros à plusieurs milliers d’euros.
Ces interventions cosmétiques sont-elles inutiles ?
Certaines demandes de chirurgie esthétique intime peuvent paraître frivoles ou influencées par l’anatomie hors normes des stars du porno. « Mais il ne faut pas minimiser les répercussions physiques ou psychologiques de ce type de problèmes. Notre rôle est d’écouter ces personnes, de les rassurer, de leur dire ensuite honnêtement si elles en ont ou pas besoin et de voir avec elles ce qui peut être amélioré » nuance le Dr Fanny Ballieux. « Nous essayons d’être un garde-fou par rapport à tout ce que l’on voit où on lit sur Internet ou les réseaux sociaux. Tout n’est pas possible ni même souhaitable » ajoute le Dr Christophe Zirak.
Auteur: Didier Dillen
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