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Tout, tout, vous saurez tout sur le zizi!

Les hommes en parlent beaucoup, c’est certain. Mais au-delà des complexes de taille et des idées reçues, le commun des mortels en sait relativement peu sur l’entrejambe masculin. Un cours de rattrapage s’impose!

En soi, la multiplicité de ses synonyme est assez révélatrice: qu’on l’appelle pudiquement organe viril, sifflet, Popol ; ou plus vulgairement biroute, braquemart, bite (on vous laisse le soin de compléter cette réjouissante liste), le pénis est archi présent dans le langage et la culture, depuis des temps immémoriaux. « C’est que, contrairement à celui de la femme, le sexe masculin est en grande partie extérieur, ce qui le rend plus visible, moins mystérieux, explique Alexandra Hubin, docteure en psychologie, sexologue et fondatrice de la sexologie positive. Dès son plus jeune âge, un garçon est amené à le manipuler, ne serait-ce que pour des questions d’hygiène, et beaucoup de découvertes se font de façon naturelle. »

Pour autant, lorsqu’ils en parlent, les hommes restent le plus souvent dans le registre de la bravade. Il est rarement question de son fonctionnement ou de ses réalités physiologiques, comme si tout n’était que question de taille, de rigidité ou de performance sexuelle. « Les hommes ont tendance à se comparer. Cela commence assez jeune, avec ce qu’on appelle « le syndrome du vestiaire », où les garçons vont s’observer du coin de l’oeil, détaille la sexologue. Or, il y en a toujours chez qui le pénis atteint une taille adulte plus tôt... Par la suite, la pornographie va entrer en scène: c’est alors un peu le même phénomène qu’une femme qui regarde les mannequins parfaits dans un magazine féminin. Même quand les hommes savent que ce n’est pas représentatif de la réalité, cela modifie la perception qu’ils ont de leur propre sexe, ce qui peut engendrer pas mal de complexes. »

Le mieux est l’ennemi du bien

« Beaucoup de patients imaginent des anomalies à leur entrejambe, tient à faire remarquer le Dr Grégory Lefebvre, urologue. Ils vont alors appliquer des crèmes, des antifongiques, du désinfectant... C’est presque toujours contreproductif et source d’inflammation chronique. » Sauf autre recommandation du médecin, la bonne technique pour se laver l’engin est assez basique: bien se décalotter quotidiennement, voire après chaque miction, et laver le tout une fois par jour à l’eau avec un savon le plus neutre possible, avant de bien le rincer. « Profitez-en pour inspecter votre pénis: si quelque chose vous inquiète, n’hésitez pas à venir consulter » La pudeur est ici un mauvais réflexe.

Quand Popol se planque

Autant, dès lors, évacuer la question que tout homme s’est un jour posée... C’est quoi, un pénis normal? Eh bien répondons d’emblée qu’il n’y a pas de réelle normalité. Il existe autant de formes et de longueurs de pénis que de formes ou de longueurs de nez. Tout au plus peut-on se risquer à quelques généralités et, même là, il faut rester prudent. « Les études qui mesurent la longueur moyenne d’un pénis sont parfois difficiles à interpréter, car elles ne prennent pas toutes le même point de départ, fait remarquer le Dr Gregory Lefèbvre, urologue au Centre hospitalier universitaire de Namur (UCL) et à la Clinique Saint-Luc de Bouge. Mais on peut dire qu‘à partir du pubis, un sexe fait généralement dans les 8 cm au repos et 12 cm en érection. Bien loin des images véhiculées. Beaucoup d’hommes viennent consulter parce qu’ils pensent avoir un pénis trop petit, mais dans l’immense majorité des cas, ce n’est pas vrai. Il faut les rassurer, ce qui prend du temps. Le micropénis est une pathologie archi rare, qui est le plus souvent détectée dès la petite enfance. »

Le sexe en érection fonctionne un peu comme un zodiac: la rigidité n’est pas totale.

L’idée que les hommes se font de la taille de leur sexe est parfois tronquée par leur méconnaissance de ses réalités anatomiques: saviez-vous par exemple que seule une partie du pénis est visible? « La fixation des corps caverneux de la verge se fait sur les os du bassin, assez loin en profondeur. En réalité, depuis le pubis, on ne voit que sa partie extérieure! Pour peu que vous ayez un peu d’embonpoint et de la graisse accumulée au niveau du pubis, elle paraîtra plus petite... »

De chair et de sang

Cette histoire de taille du pénis au repos n’a cela dit aucune espèce d’importance, si ce n’est aux yeux de son propriétaire. « Seul le sexe en érection est érotisé, rappelle Alexandra Hubin. Or, la taille d’un sexe au repos n’est en rien révélatrice de sa taille une fois excité sexuellement. » En d’autres termes: ce n’est pas parce que l’engin se fait timide dans sa routine qu’il ne peut pas être exubérant au garde-à-vous. Un célèbre urologue français a d’ailleurs fait la distinction, basée sur sa longue expérience, entre les « pénis de chair », assez étendus au repos et qui prennent peu d’amplitude en érection, et les « pénis de sang » dont la taille varie fortement entre les deux états.

Car c’est bien d’une affaire de sang dont il est affaire ici. Le principe de l’érection est bien connu: la verge contient de petites poches (les corps caverneux) qui, en cas d’excitation sexuelle (ou de façon réflexe et involontaire, durant la nuit) s’emplissent de sang. Une surpression qui, dans sa fonction biologique, assure un gonflement et une rigidité suffisante pour permettre la pénétration et, partant, la reproduction. Mais il ne faudrait pas imaginer que le mécanisme met en oeuvre des flots sanguins délirants: on parle ici d’une moyenne de 13 cl. Les corps caverneux ne constituent en effet que la structure supérieure du pénis. « Ce dernier fonctionne un peu comme un zodiac, explique Gregory Lefèbvre. Puisqu’il n’y a pas d’os ni de cartilage, les corps caverneux sont comme les boudins gonflés du bateau qui assurent la rigidité, mais le reste demeure relativement souple. Du côté inférieur de la verge, vous avez un corps spongieux, une sorte d’éponge au milieu duquel passe l’urètre, le canal par lequel passe les urines et le sperme et qui doit pouvoir rester ouvert, même en cas d’érection. »

Ce corps spongieux est d’ailleurs visible chez tout un chacun, puisque le gland n’est rien d’autre que son prolongement, débarrassé de son fourreau de peau. Toujours assez mou, ce renflement fait office de coussin amortisseur durant l’acte sexuel, pour éviter d’abîmer les corps caverneux, que leur rigidité rend relativement fragiles. Mais le gland constitue avant tout une zone sensible destinée à l’excitation sexuelle, a l’instar du gland du clitoris. « Il comporte de nombreuses terminaisons nerveuses, notamment sur sa partie ventrale. Pas de panique si sa couleur vous semble bizarre: il est recouvert de muqueuse, comme dans la bouche. Or, celle-ci peut avoir des teintes très variables et peut varier chez un même individu, en fonction de différents paramètres comme la température ou de l’état d’excitation. Ceci étant, s’il devient vert ou orange fluo, j’aurais tout de même tendance à vous conseiller de consulter... »

Equipé comme un dieu grec

Dans la statuaire antique, dieux et hommes sont le plus souvent représentés nus... et plutôt mal équipés. Contrastant avec leur musculature développée, leur entrejambe affiche le plus souvent un minuscule attribut. Est-ce à dire que nos ancêtres possédaient de petits pénis? Pas nécessairement : il faut garder à l’esprit que ces statues n’avaient pas vocation à représenter la réalité, mais une image idéalisée du corps masculin. Il suffit d’en regarder les muscles saillants pour se rendre compte que les sculpteurs de l’époque ont parfois un peu enjolivé l’anatomie, ajoutant quelques biscotos ci et là. Il en va de même pour le membre viril: pour les Grecs, dont les canons ont été repris par les Romains puis à la Renaissance, un petit pénis était plus esthétique, signe de maîtrise de soi, de civilisation, tandis qu’un gros sexe était synonyme de barbarie et de laisser-aller. Il existe cependant tout un art pornographique grec, notamment sur céramique, moins connu, montrant des phallus en érection exagérément agrandis.

Avec ou sans capuche

A l’état naturel, le gland est protégé par une petite capuche de peau, le prépuce, parfois ôté via la circoncision. Au niveau mondial, on considère qu’environ 30 à 45% de la gent masculine est circoncise, souvent pour raisons religieuses, certes, mais pas uniquement. Aux États-Unis, majoritairement chrétiens, ce chiffre atteint par exemple près de 80% de la population. C’est que la protection qu’offre le prépuce est assez paradoxale: s’il maintient la muqueuse du gland dans des conditions de chaleur et d’humidité optimales tout en empêchant les frottements, il est aussi à l’origine de possibles tracas. Il peut ainsi être source d’inflammation ou de maladies de peau pouvant empêcher le décalottage, ce qui peut amener à des pathologies potentiellement graves. Par ailleurs, son absence diminuerait les risques de transmission des maladies vénériennes.

La « petite goutte  » est due à la présence d’une fossette en fin d’urètre.

Mais dans le registre de la gênance, le prépuce crée surtout un repli humide et renfermé entre le gland et le fourreau de la verge, le sillon balano-préputial. Une configuration idéale pour donner naissance à de mauvaises odeurs de macération ou à des accumulations de smegma. Ce nom ne vous dit rien? Peut-être les termes peu ragoûtants de « parmesan » ou de « cottage cheese » vous sont-ils plus familiers... Le smegma est un agrégat blanchâtre composé de cellules mortes de peau et de sécrétions de glandes sébacées, dont l’utilité est encore discutée. « En règle générale, un lavage quotidien suffit à éviter ces désagréments, mais il est important de préciser qu’odeurs et smegma ne sont pas nécessairement le reflet d’une mauvaise hygiène, certains en souffrent davantage même en se lavant correctement tous les jours. » (voir encadré) Lorsque ces problèmes s’avèrent particulièrement fâcheux, ils peuvent justifier une circoncision médicale, qui supprime odeurs et dépôts.

Une petite goutte?

Et tant qu’à parler des sujets qui fâchent, quid de la dernière petite goutte d’urine d’après miction, celle que, selon l’adage, on garde pour le pantalon ou pour le carrelage des WC? Sachez qu’il s’agit là d’un phénomène assez naturel, et pas seulement en cas de problème de prostate: dans le sexe masculin, l’urètre se termine en effet par une petite fossette, la fossette naviculaire, dans laquelle stagne toujours un peu d’urine après avoir terminé la petite commission. Mais que cela ne vous serve pas d’excuse: il est possible d’éliminer ces quelques gouttes en secouant correctement l’engin ou, si le problème est assez prononcé, en passant le doigt sous la verge après s’être vidé la vessie... Encore faut-il prendre le temps de le faire!

Cocktail spermatique

Beaucoup d’hommes s’inquiètent de l’aspect de leur sperme après éjaculation, espérant y voir un signe de fertilité ou de bonne santé. « En réalité, l’aspect du sperme est très variable et évolue en fonction d’énormément de facteurs, détaille le Dr Grégory Lefebvre, urologue. Il n’est jamais tout à fait le même: en fonction du nombre d’éjaculations, de l’excitation, de la période d’abstinence, de la durée du rapport, il sera plus ou moins visqueux, transparent ou opaque... Il n’y a rien à en déduire. Même la présence d’un peu de sang dans le sperme n’est généralement pas pathologique. Mais si c’est le cas, mieux vaut tout de même consulter pour écarter tout doute. La présence de sang dans les urines est, elle, plus problématique. » L’odeur, qui rappelle souvent un peu la javel, et (paraît-il) le goût du sperme sont également très variables, notamment en fonction de l’alimentation. Une éjaculation n’est jamais homogène: malgré sa brève durée et sa faible quantité (un gros dé à coudre), elle est constituée de différentes sécrétions, majoritairement issues des glandes prostatiques et séminales, mélangées en différentes phases. L’éjaculat est ainsi composé de plusieurs cocktails successifs jouant un rôle de lubrification ou de préparation du col de l’utérus... La plupart des spermatozoïdes sont expulsés lors des phases terminales.

L’orgasme est souvent corrélé avec l’éjaculation, mais ce n’est pas toujours le cas: un homme peut éjaculer sans jouir, notamment s’il souffre d’éjaculation précoce ou s’il est mal à l’aise. Tout comme les femmes, histoire de ne pas plomber l’ambiance, il arrive donc que les hommes simulent! A contrario, certaines pathologies ou, plus souvent, des traitements visant à soigner les troubles de la prostate induisent des orgasmes avec éjaculation rétrograde, non visible: le sperme passe alors dans la vessie, avant d’être éliminé via les urines.

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