Vers l’âge de 50 ans, les risques de reflux augmentent. © Getty Images

Reflux et brûlures d’estomac: les symptômes à repérer

PlusMagazine.be Rédaction en ligne

Vous souffrez d’une sensation de brûlure derrière le sternum, de remontées acides ou d’une boule permanente dans la gorge? Le reflux touche 25% des plus de 50 ans et n’est pas nécessairement anodin.

Le reflux, de son nom complet reflux gastro-œsophagien (RGO), survient lorsque le contenu de l’estomac remonte dans l’œsophage. «Ce reflux peut provoquer une sensation de brûlure dans la poitrine et des remontées amères ou acides dans la bouche, explique le Professeur Sébastien Kindt, gastro-entérologue à l’UZ Brussel. Des maux de gorge généralisés, une toux chronique et des problèmes de déglutition peuvent également indiquer un reflux. Cependant, tous les patients atteints de reflux ne présentent pas nécessairement des symptômes évidents. Certaines personnes ne ressentent pratiquement rien ou présentent des symptômes qui, à première vue, n’ont rien à voir avec le reflux. Dans certains cas, le reflux est même confondu avec des troubles cardiaques.»

Un problème à traiter

«Il est faux d’affirmer que des symptômes lourds sont le signe d’un reflux grave, poursuit Sébastien Kindt. Vous pouvez souffrir beaucoup sans présenter d’anomalie sous-jacente au niveau de l’estomac ou de l’œsophage. À l’inverse, certaines personnes souffrent d’une forme grave de reflux sans le savoir. Un reflux non traité peut entraîner des complications telles qu’une inflammation de l’œsophage, des rétrécissements de l’œsophage et même un œsophage de Barrett, une affection potentiellement précancéreuse de l’œsophage. Il est important d’intervenir à temps.»

Vers l’âge de 50 ans, les risques de reflux augmentent. À cet âge, les personnes subissent certains changements physiques. Le sphincter entre l’œsophage et l’estomac se relâche, ce qui facilite le reflux du contenu de l’estomac.

Les symptômes ne sont pas toujours évidents.

«Un médecin établit le diagnostic sur base de symptômes subjectifs tels que des brûlures d’estomac ou un reflux gastrique. On commence souvent par un traitement d’essai à base d’antiacides (les inhibiteurs de la pompe à protons ou IPP). En cas de symptômes persistants ou graves, des examens complémentaires peuvent être nécessaires, comme une gastroscopie, une mesure de l’acidité ou un examen de la pression et de la fonction musculaire de l’œsophage», souligne Sébastien Kindt.

Alcool et alimentation grasse

Le surpoids et les choix alimentaires jouent un rôle important dans l’apparition du reflux. Les kilos en trop exercent une pression supplémentaire sur l’estomac, ce qui accélère le reflux de son contenu. L’alcool, le café, les repas gras et le chocolat peuvent affaiblir le sphincter entre l’œsophage et l’estomac. L’alcool détend ce muscle, tandis que les repas gras ralentissent la vidange gastrique. La pression sur l’estomac dure ainsi plus longtemps. Le tabagisme augmente quant à lui la production d’acide gastrique et endommage la couche protectrice de l’œsophage. Il affaiblit également davantage le sphincter. Tout cela augmente le risque de reflux.

«Quelques changements dans votre mode de vie peuvent rapidement soulager vos symptômes», conseille le Pr Kindt.

  • Évitez les repas copieux: préférez plutôt de petites portions réparties tout au long de la journée.
  • Ne vous allongez/penchez pas immédiatement après les repas: tenez-vous droit pendant un certain temps et laissez la gravité faire son travail.
  • Ne portez pas de vêtements serrés qui exercent une pression désagréable sur votre ventre.
  • Essayez de modérer votre consommation de café, de boissons gazeuses et d’alcool, car ceux-ci peuvent aggraver vos symptômes.
  • Enfin, évitez les produits contenant de la nicotine, comme les cigarettes.

«Si vous souffrez de reflux nocturne, vous pouvez surélever légèrement la tête de votre lit. Là encore, laissez la gravité faire son travail.»

Le côté obscur des antiacides

«Un traitement d’essai avec des antiacides (IPP) peut aussi être proposé, mais celui-ci doit être limité dans le temps. Les IPP peuvent avoir des effets secondaires néfastes. En l’absence d’acidité gastrique, vous courez par exemple un risque plus élevé d’infections gastro-intestinales, notamment une infection par le ‘Clostridium difficile’, une bactérie qui peut provoquer des diarrhées.»

Les études sur l’utilisation à long terme des IPP indiquent une possible accélération de l’ostéoporose. Ils seraient également associés à des problèmes rénaux et à une absorption réduite du calcium et du magnésium, ce qui peut entraîner des crampes musculaires.

Un reflux non traité peut être dangereux.

Sébastien Kindt met en garde : «Il est probable que certains médecins prescrivent des antiacides pendant trop longtemps. De nombreux patients peuvent tirer un réel bénéfice de simples conseils ciblés en matière d’alimentation et de mode de vie. Si les nouvelles habitudes ne suffisent pas, vous pouvez envisager de prendre des antiacides. Mais plus vous prenez d’antiacides pendant longtemps, plus le risque d’effets secondaires est élevé et plus il est difficile d’arrêter le traitement.»

D’autres options

«Si le diagnostic est clair et que vous suivez un régime alimentaire adapté, sans résultat, les médicaments sont souvent la seule solution. Dans ce cas, vous devez peser le pour et le contre. Les effets secondaires potentiels l’emportent-ils sur les symptômes graves causés par le reflux ? Certaines personnes ne ferment pas l’œil de la nuit ou n’osent plus aller au restaurant ou au café. Cela nuit considérablement à leur bien-être.»

«Dans certains cas, une intervention chirurgicale, telle qu’une fundoplicature, peut apporter un soulagement. Lors de cette intervention, la partie supérieure de l’estomac est enroulée autour du sphincter comme une cravate. Cela permet de réduire le reflux. Mais cette solution ne convient pas à tout le monde. De plus, cette intervention comporte des risques.»

Cancer de l’oesophage

«Une exposition prolongée à l’acidité gastrique modifie les cellules de la muqueuse de l’œsophage, conclut le professeur Kindt. Cela peut entraîner un œsophage de Barrett. Ce qui évolue vers un cancer de l’œsophage pour une petite partie des patients. Un dépistage précoce est essentiel. Je recommande une gastroscopie aux personnes de plus de 50 ans qui souffrent de reflux depuis longtemps. Si des anomalies sont constatées, nous pouvons intervenir à temps et éviter d’autres problèmes.»

«Le reflux n’est pas toujours bénin. À ce titre, il nécessite une approche ciblée et réfléchie, tant pour réduire les symptômes que pour éviter les complications. Prenez toujours le reflux au sérieux. C’est un cliché éculé, mais mieux vaut prévenir que guérir.»

Auteur: Thomas Detombe

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