
Le deuil difficile de son animal
La perte d’un animal de compagnie est une épreuve délicate. Pour certains, elle est même plus douloureuse que celle d’un proche. Une situation loin d’être exceptionnelle.
Benjamin, marié, père de famille, a perdu Jacky, son Jack Russell, 12 ans, à la même période que son frère aîné. Sa tristesse est infinie. Il s’y attendait. Mais ce qui l’a le plus surpris, c’est de se demander, avec un énorme sentiment de culpabilité, qui il pleurait le plus. Sans pouvoir se confier à quiconque. Un être humain et un chien, même compagnon de vie, mis sur le même plan… qui pourrait comprendre cela? Qui pourrait ne pas le considérer comme un monstre?, imagine-t-il. Aujourd’hui, dix ans plus tard, Benjamin collectionne les photos de Jacky sur les murs de son bureau. Souvent, ça le prend quand il ne s’y attend plus, il pleure encore. Ces situations où le deuil d’un animal est si douloureux ne sont pas exceptionnelles. C’est ce que nous explique Julie Willems, comportementaliste animalière.
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Une présence constante
Pour certains maîtres, faire le deuil de leur animal est une épreuve aussi difficile que le deuil d’un être humain, voir plus. Il n’y a en effet pas plus proche qu’un animal de compagnie, si on sait être à l’écoute de l’amour et de la tendresse qu’il nous donne. Un chien ou un chat est présent à nos côtés en permanence. Lorsqu’on est chez soi -ou même en vacances, pour le chien- l’animal est l’être qui passe le plus de temps avec nous. On est tellement habitués à le voir, le sentir et l’entendre à nos côtés que lorsqu’il n’est plus là le vide est énorme.
Le soir, quand vous rentrez, votre chien est toujours hyper heureux de vous retrouver et ne vous reproche pas de l’avoir laissé seul ou d’être parti trop longtemps, ou encore de préférer passer votre temps avec quelqu’un d’autre. Le chat, lui, vient se blottir sur vos genoux dès que vous vous installez dans votre canapé ou se faufile sous vos draps pour vous tenir chaud la nuit. Comment dès lors ne pas comprendre le vide énorme qui s’ouvre devant nous dès qu’ils ne sont plus là? Et c’est encore plus difficile, bien sûr, pour les personnes qui vivent seules avec leur animal.
Le regard des autres
Le chagrin éprouvé par la personne qui perd son animal est souvent incompris, surtout par ceux qui n’ont pas d’animaux ou qui n’ont pas un lien aussi fort avec leur animal. Elle doit souvent faire son deuil bien moins accompagnée qu’elle ne le serait pour le deuil d’un proche. Parfois, elle se sent aussi jugée, notamment par ceux qui minimisent son chagrin. Des phrases telles que «Ce n’était qu’un chien, un chat, ou un cheval» font beaucoup plus de mal que de bien. Parce que non, ce n’était définitivement pas « juste un chien, un chat ou un cheval». Pour certaines personnes, la relation qui les unit à leur animal est très proche de celle qui nous unit à un enfant. Nous devons le protéger, le nourrir, lui fournir toit et sécurité et l’éduquer. Et l’amour d’un animal pour son maître est inconditionnel, tout comme celui d’un enfant pour ses parents. «C’était mon bébé» est une phrase qui résume à merveille ce lien si fusionnel qui peut unir un maître à son animal. Et ce, qu’il aie des enfants ou pas.
Le chagrin éprouvé par la personne qui perd son animal est souvent incompris, surtout par ceux qui n’ont pas d’animaux.
Faire son deuil de son animal
Le temps du deuil, fuyez ceux qui vous jugent et ne comprennent pas votre chagrin. N’hésitez pas à vous faire aider par un psychologue, qui pourra vous accompagner de manière professionnelle. Pensez aussi à organiser une cérémonie, comme on le fait lors de la perte d’un proche. Ce rituel permet de rendre hommage à son animal et de refermer la page sur une merveilleuse tranche de vie passée ensemble. Rassemblez-vous autour de la tombe ou des cendres de votre animal, demandez aux invités de lire un petit texte ou de raconter une anecdote. Allumez des bougies, partagez vos souvenirs, regardez des photos et des vidéos…
Si consacrer un coin de votre salon à votre animal disparu vous aide, faites-le. Photos, souvenirs, urne, hommages, tout est permis, tant que cela vous aide. Si, au contraire, vous préférez tout cacher, tout ranger pour «oublier» plus facilement, n’hésitez pas. L’important est de vous écouter et suivre votre instinct sans vous préoccuper de ce que pensent les autres. Chacun fait son deuil à sa manière.
Si possible, anticipez
N’attendez pas de perdre votre chien ou votre chat pour adopter un autre animal car le risque de faire des comparaisons est trop grand. L’idéal est de prendre un deuxième animal plusieurs mois avant le départ du premier, quand c’est possible bien sûr… Vous ne pourrez pas vous laisser aller puisqu’il aura besoin de vous, de vos soins, de votre amour. Il comprendra votre peine, ne vous jugera pas et vous aidera à accepter que la vie continue... avec lui!
J’ai dû faire euthanasier mon chien
Je me suis éteinte avec lui lors de son dernier souffle. Son ultime regard lorsqu’il a compris que je le «tuais» me hante. La culpabilité me ronge, cette douleur se décuple de jour en jour. Le soir, je m’endors d’épuisement d’avoir tant pleuré. Je me réveille en pleurs toutes les nuits en le cherchant, je rêve de lui. Non, ce chagrin ne s’atténue pas, il grandit. Chaque jour passé est une épreuve, je ne suis que l’ombre de moi-même. Toutes les premières fois (vacances, sortie, repas de famille, …) sans lui sont terribles. Je me lève parce que mon autre chien compte sur moi, il a besoin de moi. Son amour inconditionnel m’aide à tenir. Je me dois de le faire pour lui. Je commence à lui chercher un autre compagnon de jeux. Cela nous aidera et nous fera du bien à tous les deux. Nous pourrons essayer de retrouver un équilibre à trois….
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