GUY LEGRAND ANCIEN RÉDACTEUR EN CHEF DE CASH! © FRANK BAHNMÜLLER

Au revoir, la branche 21...

Si vous avez récemment contacté votre assureur ou votre courtier pour placer de l’argent dans une assurance-vie, vous aurez constaté que son discours a spectaculairement changé à quelques années d’intervalle. Avant, il vous vantait les mérites de l’assurance de branche 21 : capital garanti, quelle sécurité n’est-ce pas ! Et taux d’intérêt également assuré, quelle sérénité pour l’avenir. En général, ce rendement était encore amélioré par une sympathique participation aux bénéfices, cette fameuse PB. Que du bonheur...

Le propos est tout différent ces dernières années, un virage encore accentué en 2019. Les assureurs freinent à présent des quatre fers quand un client leur demande une branche 21.  » Vous êtes sûr de vouloir vous contenter d’un rendement aussi faible et promis à chuter davantage ? « . S’ils continuent d’offrir la branche 21 dans ce qu’ils appellent l’  » assurance fiscalisée  » (le troisième pilier, dans lequel les banquiers proposent de leur côté les fonds d’épargne-pension), quelques assureurs l’ont carrément supprimée en épargne simple. Et tandis qu’une compagnie affiche encore 0,85 % de revenu garanti et une autre 0,50 %, plusieurs ont abaissé ce taux à... 0 %.

PASSER À LA BRANCHE 23 POUR AVOIR DES RENDEMENTS MOINS MISÉRABLES ?

Sans oublier le passage de certains à la  » méthode verticale « , dans laquelle le taux peut à tout moment être abaissé sur l’ensemble de l’épargne, à la manière du carnet de dépôt. Il pourrait de la même manière être augmenté mais ce n’est pas pour tout de suite ! Faut-il donc faire une croix sur cette bonne vieille branche 21 ? Les épargnants ont déjà voté avec leurs pieds : l’encaissement annuel a chuté de plus de moitié en une bonne décennie.

On note toutefois que cela représente encore plus de 6 milliards d’euros, ce qui n’est pas rien. On observe aussi que la branche 21 s’est encore bien comportée jusqu’en 2018 : nombre de compagnies ont, cette année-là, offert un rendement de l’ordre de 2 %, proche de l’inflation (2,05 %). On sera bientôt fixé pour 2019. Ce sont les années à venir qui inquiètent, car on s’attend à une dégringolade de ce rendement : certains évoquent 0,5 % à peine en 2022. Il n’y a pas de miracle : quand il faut progressivement remplacer les obligations anciennes avec des nouvelles... qui ne rapportent rien, le rendement moyen du portefeuille baisse inexorablement.

Aujourd’hui, les assureurs vous pressent dès lors de passer des produits de la branche 21 à ceux de la branche 23, constituée par des fonds. Ils devraient en effet offrir des rendements moins misérables, mais ils ne sont pas garantis : leur valeur fluctue en fonction des marchés. Le désarroi de l’épargnant est compréhensible. On lui a tellement vanté les mérites de la sécurité, en diabolisant du même coup la notion de risque, et voilà qu’on lui conseille de passer de la sûreté absolue à un risque de marché. La bonne résolution de 2020 est toute trouvée : se documenter sérieusement sur les produits d’épargne !

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