
Comment être une bonne belle-mère ?
Belle-mère... le mot n’évoque rien de sympathique. Mais il est vrai que le métier de belle-maman n’a rien de facile. Conseils...
Contenu :
– Entre loyauté et liberté
– Maudits préjugés
– Conseils pratiques pour belles-mères idéales
Quatre fils, quatre belles-filles et quatorze petits-enfants... Mère, grand-mère et belle-mère, l’écrivain français Christiane Collange décortique ses relations avec ses beaux-enfants, sans langue de bois : » Ce qui est important, c’est d’accepter d’établir des relations différenciées et c’est extrêmement difficile, explique-t-elle. Avec ses beaux-enfants, il faut établir une nouvelle sorte de relation : ce n’est pas le même amour qu’on porte à nos enfants, ce n’est pas non plus de l’amitié, mais bien une relation qui exige une vraie réflexion. C’est plus facile d’être une bonne mère qu’une bonne belle-mère ! Il faut oser l’avouer : être belle-mère n’est pas très gratifiant : il faut toujours faire attention à ce qu’on dit et à ce qu’on fait. «
Pour Christiane Collange, le cap essentiel est l’arrivée d’un enfant. Quand la belle-mère devient grand-mère, la donne change : » Du jour où l’enfant naît, vous réalisez qu’il existera toujours un lien avec le conjoint de votre fils ou fille. Point essentiel, il ne faut pas s’approprier les enfants de nos enfants et ne pas empiéter sur leur couple. Le besoin de voir ses petits-enfants peut nous pousser à mettre la pression. Mais il existe également des grands-mères qui n’ont aucune envie d’endosser ce rôle, pour des milliers de raisons, ce qui peut provoquer du ressentiment chez les beaux-enfants et surtout les belles-filles.
Par contre, il est évident que la belle-mère a bien une fonction sociale et économique. Puisque la plupart des couples travaillent, belle-maman va garder les enfants pour éviter les frais de baby-sitting. En général, ça se passe très bien, mais les beaux-parents, quelque part, ne servent plus qu’à ça : rendre service ! Quand votre belle-fille vous téléphone vous pensez tout de suite » Mais qu’est-ce qu’elle va me demander ? « . Je le dis sans méchanceté, je ne crois pas qu’une belle-mère soit faite pour être aimée. » Ce qui n’empêche pas le moins du monde d’entretenir des relations de confiance et d’estime de part et d’autre.
Dans notre société où les rapports parents/enfants ont fortement évolué, chacun juge l’autre et les critiques ne sont pas à sens unique. » Avant, les jeunes avaient peur du jugement de leurs parents, raconte Christiane Collange. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Lorsque notre fils veut nous présenter sa compagne, on file chez le coiffeur et on prie pour qu’elle nous trouve sympathique !
Dans les relations de belle-mère à belle-fille, ou à beau-fils, il faut respecter l’autre, bien sûr, mais surtout essayer de le comprendre. On doit accepter les choix de nos enfants, et donc un gendre ou une belle-fille qui a une culture ou un style différent du nôtre. Oui, c’est parfois frustrant et agaçant d’être belle-mère, mais nous sommes toutes dans le même bain. Dès lors, autant le vivre avec humour. «
Entre loyauté et liberté
» Former un couple puis une famille avec de jeunes enfants exige la création d’un territoire avec des règles de fonctionnement propres, explique Pierre Fossion, thérapeute familial et chef de clinique adjoint au CHU Brugmann. Elles sont, en partie, influencées par celles que chacun des partenaires a connues dans sa famille. Créer une cellule relativement autonome implique aussi de mettre une barrière, un filtre avec la génération précédente. Les beaux-parents, eux, doivent veiller à ne pas empiéter sur le territoire de leurs propres enfants et ce n’est pas toujours facile !
Pour les parents, accepter son gendre ou sa belle-fille est une étape symbolique qui signifie que leur enfant est devenu adulte et fonde sa propre famille. Ceci dit, les enfants n’échappent jamais complètement à leurs parents, il reste des liens essentiels de loyauté, que nous appelons, en thérapie familiale, la loyauté transgénérationnelle. Attention, cette loyauté envers les parents ne doit pas prendre le pas sur la loyauté vis-à-vis du conjoint. De leur côté, les parents doivent accepter de ne plus avoir l’autorité absolue. «
Maudits préjugés
Christiane Collange, elle, s’insurge contre les préjugés sur les belles-mères qui sont encore véhiculés, entre autres, par la pub et le cinéma. » C’est monstrueux, explose-t-elle. Certaines publicités me scandalisent car la belle-mère y est toujours présentée comme la reine des emmerdeuses. C’est du racisme ! On ne peut pas juger quelqu’un sur base de son statut. «
Beau-papa, lui semble moins sujet aux critiques. » C’est sans doute lié au rôle de la femme dans notre société, estime Pierre Fossion. En dépit des évolutions du monde dans lequel nous vivons, c’est toujours la femme qui s’occupe principalement des enfants. Ce qui peut expliquer, en partie, la rivalité qui oppose parfois la belle-mère à sa belle-fille au sujet de l’éducation de ses petits-enfants. «
Désormais, faire preuve d’attachement envers ses beaux-parents n’a plus rien de déloyal vis-à-vis de ses propres parents. En revanche, ce ne sont pas toujours les beaux-enfants qui sont à l’origine des situations conflictuelles ou d’éloignement. Parfois, il s’agit du fils ou de la fille qui, une fois en couple, règle ses comptes avec ses parents et instrumentalise son conjoint pour justifier sa prise de distance. Il arrive aussi qu’une belle-fille reporte les conflits qu’elle a vécus avec son propre père sur la personne de son beau-père. Comme dans tout rapport humain, une entente cordiale et respectueuse passe d’abord par une bonne communication. » Il faut toujours clarifier les choses, entre adultes, même si toute vérité n’est pas bonne à dire, remarque Pierre Fossion. En consultation, j’essaie de comprendre pourquoi, à un moment donné, les relations au sein d’un couple ou d’une famille débouchent sur l’agressivité ou la révolte tout en veillant à respecter l’histoire de chacun. «
» Le statut de belle-mère comporte son lot de frustrations, de joies, de colères et de plaisirs. Mais, tout bien considéré, votre ou vos belles-filles sont en général plutôt sympas. Allez vite leur téléphoner pour leur annoncer la bonne nouvelle ! » conseille avec justesse Christiane Collange. «
Christiane Collange, Nous, les belles-mères, Fayard, 292 pages, 19 ? .
Conseils pratiques pour belles-mères idéales
En résumé, une belle-mère idéale, c’est quelqu’un qui a un diplôme de diplomatie décroché avec grande distinction. Conseils en vrac...
- Sachez doser vos présences. Ni trop, ni trop peu. Mieux vaut toujours se faire désirer.
- Ne passez jamais à l’improviste. Même si vous êtes animée par les meilleures intentions du monde, cela risque d’être pris pour une intrusion dans l’intimité du couple, voire pour une surveillance. De plus, vous risquez de tomber à un mauvais moment. Demandez aussi qu’on vous prévienne avant de venir chez vous.
- Ne profitez pas de ce que vous rencontrez votre fils en tête-à-tête pour critiquer votre belle-fille. Même si vous êtes persuadée d’avoir raison, c’est sa femme. Et si lui-même vous fait quelques confidences sur un problème dans son couple, ne chargez pas sa compagne, cela vous reviendra comme un boomerang.
- Bien sûr, vous vous lâchez un peu auprès de vos amies, c’est normal et c’est sain. Mais ne vous plaignez pas de votre belle-fille à qui pourrait aller répéter votre conversation.
- Soyez claire dans votre communication : n’imaginez pas qu’on va nécessairement comprendre vos allusions. Si dîner à 21 heures, c’est trop tard pour vous, dites-le clairement.
- Proposez de l’aide, ne l’imposez pas. Et si, vous, vous attendez un service, demandez-le carrément.
- Soyez à l’écoute, mais ne posez pas de questions qui pourraient être jugées indiscrètes.
- Attention aux jugements sur l’éducation des (petits-)enfants ! Pensez-en ce que vous voulez, mais ce sont les parents qui décident. Ceci dit, chez vous, vous êtes tout à fait en droit d’imposer vos règles. Chez vous, on ne saute pas sur le divan, on se lave les mains avant de passer à table, et tout le monde peut accepter ça !
- En règle générale, faites-vous respecter. Sachez dire non, mais sans être sèche, ou sans vous emberlificoter dans des explications sans fin.
- Tournez votre langue sept fois dans votre bouche. Si vous demandez à votre fille : » Tu n’aurais pas un peu grossi, toi ? « , ça se limitera à l’agacer. Dites la même chose à votre belle-fille et cela risque de faire plus de dégâts.
- Même si votre belle-fille est extrêmement sympathique et que vous l’aimez bien, n’attendez pas trop de cette relation au risque d’être déçue.
- Acceptez que votre fils et votre belle-fille vivent autrement que vous, avec éventuellement d’autres valeurs. L’important, c’est que chacun soit heureux dans la vie qu’il s’est choisie. Il y a de la poussière chez eux ? Quelle importance ?
- Arrêtez de voir votre fils comme votre bébé. Et de demander 36 fois à votre belle-fille si elle n’oublie pas de lui donner ses vitamines...
- Vous avez eu des mots ? Faites part de vos sentiments en recourant au » Je » plutôt que de vous lancer dans des reproches en utilisant le » Tu « . Tâchez surtout de ne pas rompre la relation.
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