
Mont-de-Piété : Le prêteur sur gages fête ses 400 ans
Surnommée » chez ma tante « , l’institution a fait peau neuve et sort une pièce commémorative. On y laisse en gage de l’or, de l’art, des sacs de marque...
Le Mont-de-Piété de Bruxelles a récemment sorti une pièce de 2,5 € en tirage limité. Et ce, pour commémorer les 400 ans de la vénérable maison. Le Mont-de-Piété, qu’est-ce donc ? C’est une institution publique. La recherche du profit n’est pas son objectif premier. Elle met en gage des bijoux en or avec ou sans pierres précieuses, de l’argenterie, du cristal, des peintures, des bronzes, des vins de qualité, des sacs à main de marque... Des personnes y apportent ces objets et reçoivent un prêt en contrepartie en 30 minutes. Les prêts débutent à 30 €. Quelque 29.000 prêts sont octroyés chaque année. Et près de 600 opérations de toute nature sont effectuées chaque jour. Environ 60.000 gages sont en stock.
La somme prêtée à l’emprunteur se situe entre 50 et 70% de la valeur du gage en vente publique. Ce sont des experts qui estiment les biens. Après six mois, la personne peut reprendre son bien en remboursant le capital et en payant l’intérêt (6,5% annuel). Elle peut aussi prolonger le prêt en ne payant que de l’intérêt. Autre solution : le gage est abandonné et part en vente publique. Cette dernière reste l’exception, car l’écrasante majorité des prêts est remboursée par les emprunteurs. Les objets non réclamés par les déposants sont mis en vente publique. Le Mont-de-Piété reverse alors à l’emprunteur le solde du produit de la vente publique après récupération du montant prêté, des intérêts et des frais.

Monopole
Le législateur belge a réservé le monopole du prêt sur gage à un acteur public pour empêcher les dérives comme les appréciateurs qui sous-estiment la valeur des biens et les ventes tronquées. Donc, en Belgique, si une personne pratique le prêt sur gage, elle se met hors-la-loi. Il est généralement encadré en Europe pour éviter la mainmise des usuriers. Aux États-Unis, par contre, le prêt sur gage est privé. Il existe même des sociétés qui n’acceptent en gage que des objets de luxe comme des montres ou des voitures de sport.
Le Mont-de-Piété est parfois la seule possibilité d’obtenir un crédit de raccord. Certaines personnes viennent y déposer plusieurs bijoux à la fin du mois pour faire face aux dépenses. Elles les récupèrent quelques jours plus tard, quand le salaire ou les allocations ont été payés.
Le Mont-de-Piété de Bruxelles, maison ouverte en 1618, a été rénové pour ses 400 ans. En Belgique, il y en a eu, jadis, une vingtaine d’institutions de la sorte. Il ne demeure que la maison bruxelloise.

« Chez ma tante »
Le nom Mont-de-Piété remonte à 1462 quand le moine Barnabé de Tierni créa à Pérouse (Italie) la première banque de charité, le « Monte di Piéta ». Le Mont-de-Piété sera, plus tard, surnommé « chez ma Tante ». Pourquoi ? Le prince de Joinville (1818-1900) y avait déposé sa montre en gage pour honorer une dette de jeu. Répondant aux interrogations de sa mère, il prétexta l’avoir oubliée « chez sa tante ».