Le canal Luttik-Oudorp avec la tour De Waag, qui abrite le musée de fromage, en arrière-plan. © getty images

Visite d’Alkmaar, reine du fromage

PlusMagazine.be Rédaction en ligne

Alkmaar, sympathique petite bourgade de Hollande septentrionale, s’apprécie pour ses canaux, sa douceur de vivre et... son fromage bien sûr!

A une cinquantaine de kilomètres au nord d’Amsterdam, la province de Hollande septentrionale cache une perle: Alkmaar. Edifiée comme une île, la bourgade est entourée de plans d’eaux aux allures de douves reliés au Canal d’Amsterdam à Den Helder. Ce grand axe, à l’abri des tempêtes et des caprices de la mer, emmenait (et emmène toujours) tranquillement les navires au nord et aux portes de la mer des Wadden et de ses îles.

Les Lumières du nord

En son cœur, la cité aligne quelques jolis canaux qui la quadrillent et imposent leur géométrie à ses rues. Ils ont pour noms Verdronkenoord, Luttik Oudorp, Oudegracht, Lindegracht.... Selon la lumière, ils peignent des tableaux dignes de Vermeer avec les reflets des façades et des maisons de poupées qui ondulent dans l’eau. Ajoutons quelques ponts à bascule, des ruelles pavées et des clochers qui se découpent dans le ciel embrumé. Il est vrai qu’au pays des eaux domptées, qu’elles soient douces ou salées, presque chaque cité a les pieds dans l’eau et le titre de Venise du nord. Ici un canal, là une rivière, plus loin un lac. Voire un fleuve et enfin la mer. Toujours avec les rêves de grandes navigations… et toujours prêts à mettre les voiles dès le pas de la porte, comme en témoignent les blasons, girouettes et maquettes de bateaux aux fenêtres sans rideaux, comme le veut la transparence calviniste.

Avec le cri des goélands en prime, le carillon de la «Maison de Pesée» (Waag Gebouw) résonne toutes les quinze minutes. Comme un écho, les autres cloches des églises de la ville s’en donnent à cœur joie à toute heure. Et, Pays-Bas obligent, partout, des vélos, garés ou en mouvement, avec les sonnettes qui résonnent, question de rappeler, surtout aux touristes distraits, que les cyclistes ici sont les rois.

Balade le long des moulins à vent de Schermer.
Balade le long des moulins à vent de Schermer. © getty images

Un fromage nourricier

Alkmaar peut s’enorgueillir d’organiser un des plus grands marchés dédié à ce délice dans le monde... Il se déroule tous les vendredis, du printemps à la fin de l’été. Cet incontournable événement date de 1365 déjà. Dès 7 heures du matin, les fromages sont disposés et alignés par les «zetters» (placeurs) en sarrau bleu sur la Waagplein, la place de la Pesée. Ensuite, à dix heures arrivent les kaadragers, les fameux porteurs, tout de blanc vêtus, qui empilent soigneusement à bord de sortes de grands brancards à bretelles les fameuses meules et boules jaunes. Jusqu’à 104 kilos par portage, 30 tonnes au total et 2.400 meules... Les fromages sont supervisés, goûtés et achetés par les grossistes, puis pesés avec précision, question d’ajuster les prix...

Ces hommes en blanc font partie de la Guilde des Porteurs de Fromages qui date de 1593. Plus fermée que celle des gondoliers de Venise, elle ne compte que 28 membres, répartis en quatre «vemen» ou compagnies, sous la gouverne d’un «père fromager». Avec un code de conduite absolu sous peine d’amendes: pas question de jurer si un fromage roule (crier «Uil» suffira), des habits impeccables, un chapeau coloré selon la confrérie, des amendes au moindre faux pas…

Aussitôt pesés, les fromages repartent, portés par ces hommes qui semblent danser pour amortir les mouvements des brancards. Et hop, dans les camions pour une distribution continue dans toute la région, voire l’exportation.

Tous ces fromages à pâte dure ont contribué à la richesse de la ville et du pays. Edam, gouda, alkmaar, jeune, demi-vieux, vieux, extra vieux, épicé, à la fleur de sel, aromatisé aux fines herbes... Ils avaient comme avantage de se conserver longtemps et donc de nourrir les hommes parfois au bout des océans. Comme elle est entourée de polders (dont le premier s’appelle Beemster et date du 1612, patrimoine Unesco), la région n’avait pas beaucoup de choix à une époque pour se nourrir. A part la pêche et malgré les drains et les fossés, les terrains gorgés d’eau ne conviennent que pour la production laitière...

Une jeune femme en costume traditionnel.

1/3

Une jeune femme en costume traditionnel.

Le fromage d'Alkmaar.

2/3

Le fromage d’Alkmaar.

Les fromages sont rigoureusement sélectionnés.

3/3

Les fromages sont rigoureusement sélectionnés.

Une jeune femme en costume traditionnel.

1/3

Une jeune femme en costume traditionnel.

Le fromage d'Alkmaar.

2/3

Le fromage d’Alkmaar.

Les fromages sont rigoureusement sélectionnés.

3/3

Les fromages sont rigoureusement sélectionnés.

À Alkmaar commence la victoire

Née sur un banc de sable au Xe siècle, Alkmaar ou «lieu du lac» s’est développée rapidement, plongée dans l’Histoire des anciens Pays-Bas bourguignons avant que ne survienne la révolte du «Peuple du… fromage et du pain» en 1492. Puis vint l’occupation des Pays-Bas espagnols avant que ne se révoltent les «Gueux de Mer» (watergeuzen) lors de la guerre de «Quatre-Vingts Ans» qui opposait tout ce petit monde aux Espagnols.

Ces derniers vont voir échouer leur siège d’Alkmaar, volontairement inondé par les assiégés en 1573. Un souvenir dont la ville est fière avec un dicton pour la circonstance «À Alkmaar commence la victoire!». Victoire qui a marqué cette «reconquista» à la sauce hollandaise avec l’aide de Guillaume d’Orange. Celle-ci est encore commémorée chaque 8 octobre. Plus tard, une deuxième et dernière bataille verra gagner les Hollandais alliés aux Français contre les Britanniques en 1799.

Tranche par tranche

La balade est très agréable dans les ruelles de la ville. Celles-ci suivent du sud-est au nord-ouest la rue principale et commerçante, la Langestraat qui accueille toutes les marques hollandaises et internationales. Puis voici l’hôtel de ville et, plus à l’ouest, l’église Saint Laurent devenue espace d’expositions, qui vaut le coup d’œil pour ses vitraux et ses peintures, tandis qu’en face, le musée d’histoire et d’art de la ville (Stedelijk museum) vaut la visite pour ses œuvres et portraits, depuis l’Âge d’Or hollandais (XVIIe) jusqu’à l’école de peinture de Bergen avec quelques représentations cubistes et expressionnistes.

La place de la Pesée donne sur le canal du Mient, bordé de maisons patriciennes des XVI et XVIIe siècles avec la petite halle aux poissons surmontée par deux statues de pêcheurs. En continuant vers l’ouest, un moulin à vent veille sur le chenal. Quelques musées agrémentent la ville comme celui du fromage ou de la bière. Il y a également un musée des Beatles, créé par quelques fans. Tout à l’est de la ville, voici le quai Bierkade où se dresse la tour des douanes ou accises (Accijnstoren) qui servait de poste de paiement, notamment pour la bière qui y était débarquée, une autre fierté hollandaise...

La région vaut la peine d’être visitée également avec la mer qui se trouve à une dizaine de kilomètres. Et pourquoi pas à vélo? Il est possible d’en louer à la gare d’Alkmaar ou à De Kraak (Verdronkenoord). Le tour à vélo «Trésors culturels au pays de Leeghwater » (41 km) longe les moulins à vent de Schermer.

La tour des accises qui servait de poste de paiement.

1/2

La tour des accises qui servait de poste de paiement.

Des maisons historiques et un pont mobile.

2/2

Des maisons historiques et un pont mobile.

La tour des accises qui servait de poste de paiement.

1/2

La tour des accises qui servait de poste de paiement.

Des maisons historiques et un pont mobile.

2/2

Des maisons historiques et un pont mobile.

Pratique

Alkmaar est facilement joignable en voiture (250km) ou en train (à peu près 150€ a/r depuis Bruxelles)
Prochain marché aux fromages, le 29 mars
Infos: www.holland.com/fr
Visit tourisme: www.visitalkmaar.com

Contenu partenaire