Bernadette est écrivaine publique

« Mon amour des mots et de leurs nuances ainsi que mon désir d’apporter mon aide à autrui m’ont poussée à répondre à une annonce pour devenir écrivaine publique », explique Bernadette Joris, 68 ans, secrétaire de formation. Elle a rejoint le réseau montois des écrivains publics du mouvement d’éducation permanente PAC (Présence et Action Culturelles), après une formation de trois mois en 2011.

« Le réseau se réunit chaque mois. Outre des formations continuées, cela permet de partager, avec la dizaine d’autres bénévoles, nos expériences et de mener des réflexions pour aboutir à divers projets. Je me suis d’abord investie dans l’axe individuel, à la prison de Mons. Les détenus souhaitaient écrire à leur avocat, à un juge, à la famille... Par ailleurs, je prends toujours plaisir à écrire des discours de mariage, des lettres de motivation, etc. pour mon entourage! Mais depuis 2016, je m’épanouis surtout dans l’axe collectif. Il permet de donner la parole aux invisibles de la société. Je suis la main tenant la « plume » qui écrit le message que d’autres veulent faire passer. Avec la coordinatrice du réseau, j’ai rencontré des sans-abri pour, au final, publier un recueil de récits de vie, suivi d’un autre livre donnant la parole à des hommes relogés après un passage en maison d’accueil. Ensuite a été créée la pièce Home Sweet Home, qui tourne en Wallonie. Ces témoins montent sur les planches pour dénoncer la problématique du mal logement. Un autre projet, Ma parole de femme dans l’immigration, est un récit de vie d’immigrées sur leur installation en Belgique.

Ces projets visent à sensibiliser l’opinion publique et les autorités. Je me sens utile et ces rencontres sont enrichissantes. Je n’imaginais pas la face cachée de certaines problématiques... Souvent, on a peur de l’inconnu mais comprendre les parcours de vie permet d’éviter le rejet. Au-delà du scribe des temps anciens, le rôle d’écrivain public d’aujourd’hui peut contribuer à l’émancipation de l’humain ou dénoncer des situations difficiles de l’ombre. »