© frédéric Raevens

Covid long, une vie bouleversée

Après avoir été infectée par le covid-19 en octobre 2020, Valérie Delcourt, 50 ans, directrice d’un centre PMS, est toujours en arrêt de travail. Fatigue chronique, difficultés de concentration, diminution de la masse musculaire... Des symptômes difficiles à vivre.

En octobre 2020, Valérie Delcourt, directrice d’un centre PMS, a contracté le covid. « Par mon métier, j’étais souvent en contact avec les écoles donc j’imagine que c’est comme ça que je l’ai attrapé », raconte-t-elle. L’infection lui cause sur le moment des symptômes modérés, malgré une toux persistante. « J’ai pensé que j’étais guérie et j’ai repris le travail à distance. Mais après quinze jours – trois semaines, j’ai commencé à éprouver une fatigue intense. J’avais des difficultés à me concentrer. Un jour, pendant une visioconférence, j’ai eu des sueurs froides, des nausées« , explique Valérie qui enchaîne dès lors les certificats médicaux, de quinze jours en quinze jours.

Il n’existe pas encore de traitement!

Elle sollicite l’aide de ses aînés pour les courses et l’organisation domestique, incapable de gérer le planning complexe d’une famille recomposée de 6 enfants. « Je me suis demandé ce qui se passait. Sur internet j’ai eu accès à des témoignages de personnes qui vivaient la même chose. J’ai aussi eu la « chance » que l’une de mes amies, infectée en même temps que moi, développe les mêmes symptômes. Nous avons ainsi pu échanger, comparer ce que nous ressentions.« 

Pas une dépression

Quelques années plus tôt, Valérie Delcourt avait en effet dû se mettre une première fois en retrait après un épuisement professionnel dont elle s’était ensuite très bien remise. « Je me pose parfois la question de savoir si c’est ça qui est revenu ou le covid. » Néanmoins, en rencontrant l’équipe du Dr Tatiana Besse, responsable de l’unité de recherche clinique du CHU Brugmann, Valérie se sent confortée dans son ressenti: le covid a bel et bien changé quelque chose dans son fonctionnement... Les recherches réalisées à Brugmann montrent en effet, grâce à la scintigraphie, une altération du fonctionnement de certaines zones spécifiques du cerveau chez les patients souffrant de covid long – zones distinctes de celles observées lors d’une dépression, à laquelle le covid long peut en effet faire penser.

Des batteries sociales à plat

Depuis presque trois ans, Valérie vit donc des périodes « en dents de scie », mais constate une aggravation générale de son état. En arrêt de travail complet, elle éprouve aussi des difficultés à gérer le quotidien et les activités sociales. « Il y a beaucoup de choses que je ne peux plus faire, comme aller au resto s’il y a trop de bruit: s’il y a de la musique de fond, j’essaie toujours de me mettre le plus loin possible du haut-parleur... Si on organise un dîner à la maison, il y aura toujours un moment où je devrai me retirer parce que ce sera trop pour moi. »

Quant à fonctionner, comme beaucoup de femmes sont contraintes de le faire, « en multitâche », il ne faut même plus y penser... « Passer un appel téléphonique tout en cuisinant, ce sont des choses que je faisais tout le temps... Maintenant, au contraire, si j’ai prévu d’appeler une amie, ce sera cette amie et personne d’autre sur la journée. » Valérie se sent aussi diminuée sur le plan physique. « Avant, je faisais régulièrement des randonnées de 15 kilomètres. Aujourd’hui, je me contente de courtes promenades le long de l’eau. J’ai une perte musculaire importante, non seulement à cause de la baisse d’activité mais aussi parce que la persistance virale dans le covid long semble modifier certains mécanismes cellulaires. »

Doser son énergie

Pour l’instant, il n’existe encore aucun traitement contre le covid long, même si certains essais cliniques laissent espérer d’éventuelles thérapies par antiviraux ou anticorps. L’aide la plus grande est apportée par le suivi neuropsychologique qui permet à Valérie de mieux « doser » son énergie, mais aussi l’impulsivité plus grande qu’elle a développée, de même que ses troubles de l’attention.

Valérie, comme beaucoup de patients concernés, cherche dans toutes les directions. « Je crois que j’ai fait tout ce qu’il était possible de faire... Je faisais déjà attention à mon alimentation mais à présent j’ai adopté un régime sans sucres, sans gluten, avec beaucoup de légumes... tout ce qui est susceptible de faire diminuer l’inflammation. J’ai aussi testé le shiatsu, la stimulation du nerf vague, des compléments alimentaires... Rien ne s’est encore avéré très convaincant mais je me dis que si je ne faisais pas tout ça, ce serait peut-être pire... »

Ce qui pèse aujourd’hui le plus à Valérie? Avoir dû renoncer à son travail, qu’elle adorait. « Je voudrais bien bosser... Ne plus avoir d’objectif en dehors de soi, ça me manque beaucoup. Et à être ici tout le temps, il m’arrive de devenir allergique à ma maison... »

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