10 questions sur la goutte
La goutte est une maladie qui se manifeste par une crise d’arthrite aiguë. Explication en 10 questions.
1. Qu’est-ce que la goutte ?
La goutte est une affection due à un excès d’acide urique dans le sang, lui-même causé par la précipitation (= formation) de cristaux d’urate dans le cartilage. Cette accumulation provoque de fortes inflammations articulaires. Si elles ne sont pas traitées, les crises de goutte vont crescendo et finissent par atteindre de plus en plus d’articulations.
2. Quelle est la cause première de la goutte ?
La goutte est causée par une mauvaise décomposition de substances appelées les purines. Celles-ci sont localisées dans le noyau des cellules, puis libérées lorsque les cellules elles-mêmes sont détruites. Les purines sont ensuite transformées en acide urique qui peut prendre la forme de cristaux d’urate. Lorsqu’un grand nombre de cellules se décomposent, des quantités massives de purines sont libérées, le taux d’acide urique grimpe en flèche et une crise de goutte se déclenche. Cette fragilité cellulaire est typique de certaines maladies, comme la leucémie ou le psoriasis, ou de leur traitement, mais peut aussi être un effet secondaire d’une chimiothérapie, par exemple.
Cela dit, il suffit parfois d’un coup de stress pour augmenter d’un coup la destruction cellulaire. Il arrive également que l’acide urique augmente dans l’organisme en raison d’une mauvaise élimination, par ex. une insuffisance rénale. C’est ce qu’on appelle la goutte secondaire. La goutte primaire est génétiquement programmée : il s’agit d’une mauvaise synthèse de certaines enzymes. Un grand nombre d’enzymes peuvent être en cause. L’une d’elles a été identifiée depuis qu’on sait qu’elle est absente chez les enfants souffrant du syndrôme de Lesch-Nyhan. Ces jeunes patients souffrent de crises de goutte dès leur plus jeune âge.
3. Quels sont les symptômes de la goutte ?
La goutte se manifeste en premier lieu par une crise d’arthrite aiguë : une articulation se met à rougir, à enfler, bouge plus difficilement et devient douloureuse. La goutte se produit surtout la nuit et la douleur réveille le dormeur. Comment le médecin pose-t-il son diagnostic ? Grâce à trois éléments : un, le fait que celle-ci disparaît au bout de cinq jours avec une médication; deux, la présence de cristaux d’urate dans le liquide synovial et trois, par une haute concentration en acide urique dans le sang. La goutte se caractérise aussi par la formation de cristaux sous la peau (les tophi). Extrêmement durs, ils sont indolores et surviennent à hauteur de l’oreille, de la paupière, d’un tendon ou autour d’une bourse séreuse.
4. Quelles sont les zones du corps concernées par la goutte ?
Dans la moitié des cas, la goutte se produit à hauteur du gros orteil, dans 30 % des cas dans le genou. Il est rare qu’elle atteigne les chevilles, et le haut du corps plus rarement encore. Les cas de goutte au niveau de la hanche sont rarissimes. Il s’agit le plus souvent d’un rhumatisme aigu de la hanche (ischias), une affection qui n’a rien à voir mais qu’on prend à tort pour une crise de goutte.
5. Quel degré de gravité la goutte peut-elle atteindre ?
Les crises de goutte sont très douloureuses, on consulte donc sans tarder. Les tophi eux-mêmes sont indolores et certains peuvent être de grande taille. Non traitée, la goutte peut finir par être fatale. Les cristaux d’urate risquent de causer des calculs rénaux, voire de bloquer les reins...
6. Comment traiter une crise de goutte ?
Contrairement à d’autres affections rhumatismales aiguës, la goutte se traite bien. En cas de crise, on administre en première instance un anti-inflammatoire non-stéroïdien qui, normalement fait passer la crise en cinq jours. Si cela ne suffit pas, c’est qu’il ne s’agit pas de goutte. On prescrit parfois aussi la colchicine, un anti-inflammatoire spécifique.
7. Peut-on prévenir les crises de goutte en adaptant son alimentation ?
Oui, et la goutte n’est d’ailleurs pas la seule forme d’arthrite qui soit influencée par l’alimentation. Une alimentation riche en purines peut déclencher une crise. Les personnes sujettes à la goutte doivent éviter de consommer des charcuteries, des abats, du foie, de la cervelle, des rognons... Elles souffrent le plus souvent d’un défaut métabolique : chez elles, les glucides non brûlés sont transformés en triglycérides, eux-mêmes déclencheurs de crise de goutte. Méfiance donc ! Il s’agit de limiter les graisses et les glucides, de même que l’alcool. On croit souvent, à tort, que la goutte survient quand on a trop bu. C’est inexact. Il est difficile d’éviter tout à fait les aliments déclencheurs. Le bon réflexe consiste à ne pas exagérer avec les abats et avec l’alcool. Le mot d’ordre est donc: modération. A l’inverse, et quoi qu’on dise, aucun aliment ne semble en mesure de prévenir une crise de goutte.
8. Peut-on guérir de la goutte ?
L’allopurinol est très efficace contre la goutte et agit à la racine de la maladie en bloquant l’enzyme qui transforme les purines en acide urique. Les purines sont alors détruites, puis éliminées par l’organisme. Mais il faut persister à prendre l’allopurinol, même s’il déclenche, au début, une crise de goutte parce que l’actif libère l’acide urique piégé dans les tophi. Cet effet secondaire peut durer plus ou moins longtemps, selon qu’on tardé ou non à soigner sa goutte.
9. La goutte touche-t-elle aussi les femmes ?
90 % des patients concernés sont des hommes. Chez les femmes, la goutte primaire ne survient qu’après la ménopause. Neuf personnes sur dix qui souffrent de la goutte présentent un excès d’acide urique dans le sang. Mais il ne faut pas croire qu’un tel excès associé à des douleurs articulaires indique d’office une crise de goutte.
10. La goutte est-elle héréditaire ?
Le facteur génétique n’est pas direct, dans le sens où ce n’est pas parce que votre père souffre de la goutte que vous en souffrirez aussi. Mais il y a bien un facteur héréditaire. La plupart des patients qui ont la goutte souffrent d’une forme primaire.
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