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L’oreille, organe miracle pour traiter les maux ?

Julie Luong

L’auriculothérapie considère l’oreille comme un clavier d’ordinateur relié à l’ensemble du corps : en appuyant sur les bonnes touches, il serait possible de soulager la douleur et de traiter certains maux. Une médecine douce, sans effets secondaires.

On trouve les premières traces de l’auriculothérapie vers 3.500ans avant J.C. Pratique chinoise ancestrale, elle a été remise au goût dans les années 50 par un médecin lyonnais, Paul Nogier. L’auriculothérapie considère que le pavillon auriculaire correspond au schéma d’un foetus, tête en bas, en position recroquevillée: chaque point de l’oreille correspond ainsi à un organe ou une partie du corps humain.

« L’auriculothérapie n’est pas basée sur les méridiens comme l’acupuncture, mais est plus proche de certaines techniques de réflexologie plantaire, explique le Dr Anne-Christine Toussaint, cardiologue et auriculothérapeute dans la région de Liège. Le corps est considéré comme un réseau électrique où chaque information part du cerveau puis y revient, l’oreille comme un endroit stratégique de la transmission des informations. C’est en quelque sorte de la neurologie appliquée: des études sur base d’IRM fonctionnelles ont d’ailleurs montré que quand on stimule un point précis de l’oreille, la zone correspondant à cet organe dans le cerveau est effectivement activée. »

AIGUILLES ET CRYOTHÉRAPIE

À partir des plaintes du patient, le médecin identifie les points de tension de l’oreille par détection électrique ou palpation.  » Les oreilles donnent un message informatif « , précise le Dr Anne-Christine Toussaint. Le traitement, lui, repose sur plusieurs techniques. La première consiste à placer des aiguilles semi-permanentes, en acier inoxydable, qui tombent d’elles-mêmes après environ deux semaines. L’auriculothérapie peut aussi être pratiquée à l’aide de faibles impulsions électriques dirigées sur les points auriculaires. Enfin, il existe aujourd’hui une technique de cryothérapie, qui permet de  » geler  » certains points du pavillon auriculaire, en pulvérisant un jet d’azote liquide. « C’est une technique de plus en plus courante et très pratique, car on n’a plus l’inconvénient de devoir garder ces petites aiguilles qui pouvaient se voir mais aussi se déplacer lors du sommeil », commente le Dr Anne-Christine Toussaint.

POUR L’AURICULOTHÉRAPIE, CHAQUE POINT DE L’OREILLE CORRESPOND À UN ORGANE OU UNE PARTIE DU CORPS HUMAIN.

L’auriculothérapie est préconisée pour traiter des douleurs dorsales, des maux de tête, des allergies, des troubles anxieux légers, des troubles du sommeil, des problèmes de dépendance (alcool, tabac...), des problèmes dentaires, des névralgies liées à un zona, des douleurs fantômes (après une amputation), des acouphènes, etc. « On estime qu’environ 70 % des personnes répondent à l’auriculothérapie. Ce taux peut monter jusqu’à 90 % pour certains troubles comme les allergies ou les neuropathies.  » Il est généralement conseillé de pratiquer trois traitements espacés de trois à quatre semaines.  » Les résultats sont souvent très rapides. Mais si aucun résultat n’est constaté après ces trois séances, on n’insiste pas, précise l’auriculothérapeute. Il y a des patients qui viennent pour un problème spécifique, comme des migraines, et pour qui le résultat est parfois spectaculaire. Mais j’ai aussi des hommes d’affaires qui viennent quand ils ont besoin de leur shoot de détente « .

PAS D’EFFETS SECONDAIRES

L’auriculothérapie a ses adeptes mais aussi ses détracteurs. « Beaucoup de mes confrères médecins sont encore sceptiques... jusqu’au jour où ils l’essaient sur eux-mêmes, avance le Dr Anne-Christine Toussaint. En France, l’auriculothérapie est d’ailleurs pratiquée dans certains services de cancérologie, pour soulager la douleur et les effets secondaires des traitements.  » En montrant une correspondance neurophysiologique entre certains points réflexes de l’oreille et certaines zones du cerveau, l’imagerie cérébrale a par ailleurs permis de donner une nouvelle aura à l’auriculothérapie, même s’il n’existe pour l’heure aucune preuve scientifique de son efficacité thérapeutique. Une garantie: l’auriculothérapie ne provoque pas d’effets secondaires. Elle peut d’ailleurs être pratiquée sur les enfants et les femmes enceintes, par exemple pour lutter contre les nausées du début de grossesse. Assurez-vous toutefois d’avoir affaire à un professionnel formé et de préférence à un médecin: il pourra ainsi exclure l’existence de maladies plus sévères éventuellement liées à vos symptômes. Côté portefeuille, il vous en coûtera entre 40 et 60 ? par séance. Reconnue comme une médecine alternative ou non-conventionnelle, l’auriculothérapie est partiellement remboursée (10 ? par séance environ) par la plupart des mutuelles.

À LIRE : DR RAPHAËL NOGIER, « LA SANTÉ PAR L’OREILLE: COMPRENDRE ET UTILISER L’AURICULOTHÉRAPIE », MANGO ÉDITIONS, 2018.

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