© getty images

Pas de vélo sans bobos!

Le cyclisme est de loin le sport qui occasionne le moins de blessures. Cela n’enlève rien au fait que certains bobos peuvent gâcher notre plaisir lorsque nous montons en selle.

Tom Teulingkx, médecin du sport, nous détaille toutes les zones du corps qui sont susceptibles de souffrir lors de la pratique – intensive ou non – du vélo.

1. Les blessures à la tête

Les blessures à la tête sont les plus sérieux problèmes qui peuvent survenir à vélo car si on chute, on tombe d’assez haut. La meilleure prévention? Porter un casque, de préférence labellisé CE qui couvre les tempes pour protéger le crâne mais aussi le cerveau. « C’est également valable pour le cyclisme purement récréatif et certainement sur un vélo électrique! Avec les casques actuels, le visage reste exposé et vulnérable, mais on devrait trouver sous peu des modèles qui protègent aussi la face, comme ce qui se fait en sport automobile. »

2. Les douleurs à la nuque et au dos

Si votre sortie à vélo vous occasionne une douleur brûlante à l’arrière des épaules, dans le bas du dos ou la nuque, c’est sans doute à cause d’une mauvaise posture en selle. Souvent, ce symptôme s’aggrave quand on pédale en montée ou contre le vent.

« Dans la plupart des cas, il suffit de faire analyser sa posture à vélo, voire de contrôler le pédalier, le guidon et la selle pour les adapter à sa morphologie. Surélever un rien la selle permet déjà de soulager le bas du dos, par exemple. Beaucoup de revendeurs offrent ce type de service ou vous indiqueront l’adresse d’un spécialiste. D’une manière générale, pédaler en position un peu couchée vers l’avant, comme sur un modèle de course, est meilleur pour le dos mais peut mettre la nuque à rude épreuve, car il faut redresser la tête. »

Bon à savoir: la posture idéale à vélo n’est pas toujours celle qui permet de pédaler le plus efficacement. Si vos sorties sont récréatives, le confort passe avant tout, quitte à aller un peu moins vite...

3. Les picotement dans les doigts

Quand on tient le guidon, les mains et les poignets sont en appui à l’endroit où passent les nerfs des trois premiers doigts, ce qui peut provoquer un engourdissement. « Il n’est pas rare que les cyclistes se plaignent de picotements dans le pouce, l’index et le majeur. C’est lié à la façon dont on tend le poignet et au canal carpien le long duquel le nerf est comprimé. Ne plus sentir ses mains peut être très gênant lorsqu’on doit freiner et changer de vitesse, parfois jusqu’à mettre le cycliste en danger. » Des gants spéciaux équipés de coussinets à hauteur de la base du pouce aident à répartir la pression et à prévenir les picotements dans les doigts. Autre solution: un guidon ovale (ou guidon de trek bike) qui peut se tenir en plusieurs endroits. En déplaçant régulièrement ses mains, on évite de trop appuyer sur le canal carpien.

Le mal aux fesses est gênant mais peut être évité grâce à quelques précautions simples.

4. Les pieds engourdis

Les pieds aussi peuvent devenir insensibles ou occasionner une sensation de brûlure. Ici, le responsable n’est pas un nerf écrasé mais le port de chaussures non adaptées. « Mieux vaut des chaussures un peu plus larges. La nouvelle génération de chaussures de vélo ont un système de fermeture spécial qu’on peut régler à volonté.

On voit souvent les professionnels de la petite reine resserrer leurs attaches en fin de course pour le sprint final, mais en tant que simple amateur, mieux vaut faire l’inverse: les desserrer un peu pour avoir plus d’aisance et faciliter la circulation du sang. Autre option: passer carrément aux modèles pour VTT, avec un système spécial dans la semelle. »

Si vous avez mal aux pieds, le réglage des cale-pieds sur les pédales est peut-être en cause. Ils sont souvent montés à la va-vite, or leur position détermine les mouvements des pieds et des jambes, et revêt donc une grande importance. Faire le choix de cale-pieds plus larges – afin d’exercer une moindre pression sur la voûte plantaire – peut s’avérer une bonne solution.

5. Le mal aux fesses

A vélo, la partie du corps qui est le plus à l’épreuve est le siège, le fondement, bref... les fesses. Ce « syndrome du cycliste » désigne les blessures qui peuvent apparaître à cause d’heures de frottement entre la peau et les vêtements. Les follicules pileux peuvent se boucher et de petits kystes se former au niveau des glandes sébacées. Quand ce ne sont pas des furoncles qui gâchent le plaisir... Chez les hommes, l’inconfort en selle peut s’accompagner de testicules sensibles et de problèmes – temporaires – d’érection, car la selle de vélo appuie à l’endroit des fesses où passent les nerfs et les artères.

Première étape pour des fesses « heureuses »: choisir la bonne selle, en position horizontale et adaptée à votre bassin. « Les hommes et les femmes n’ont pas la même forme de bassin et ont donc besoin de selles différentes. La selle avec inserts de gel, qui amortit les chocs, soulage pas mal de cyclistes, mais d’autres préféreront une selle en carbone plus rigide.

Nous déconseillons les modèles avec une ouverture au centre: ces selles sensées protéger la prostate soulagent un endroit, mais déplacent la pression ailleurs. Gare aux kystes sous-cutanés! Au moment de prendre les mesures pour le choix de votre vélo, vous pouvez demander qu’on détermine la forme de votre bassin, puis choisir votre selle en conséquence. »

Le short de vélo muni d’une peau de chamois est un investissement qui en vaut vraiment la peine. « Il se porte sans sous-vêtement, pour éviter les frottements. En rentrant, retirez tout de suite votre short de vélo humide de sueur pour enfiler des vêtements secs. Vous pouvez aussi appliquer une crème pour le corps nourrissante sur les fesses pour éviter les irritations. »

6. Le confort au féminin

Chez les femmes, les douleurs causées par la selle de vélo sont d’une autre nature. Et elles ne sont pas rares, même s’il subsiste un gros tabou à ce sujet. Ce qu’on appelle « la vulve de la cycliste » consiste en un gonflement des lèvres vaginales à cause de la pression subie. Ce symptôme s’accompagne parfois d’une insensibilité génitale.

Des études ont établi que de nombreuses cyclistes se plaignent aussi de pertes urinaires, ainsi que d’un risque accru d’infection bactérienne locale à cause d’une prolifération de germes à l’intérieur du short de vélo. Ici encore, la solution passe par un bon choix de selle et une posture correcte, avec éventuellement des exercices de renforcement du périnée et l’application d’un gel ou d’une crème anti-irritations. Si la gêne persiste, n’hésitez pas à consulter votre généraliste.

7. Les genoux douloureux

En une petite heure de vélo, l’articulation du genou effectue plusieurs milliers de mouvements répétitifs. Si votre posture n’est pas correcte – soit parce que votre selle est trop haute ou trop basse, soit parce que votre pédalier est mal réglé – vos genoux ne tarderont pas à souffrir. La plupart des problèmes concernent la face extérieure du genou, à la hauteur du tendon qui le rattache au mollet.

Pour éviter le « genou du cycliste », il faut rectifier sa posture en selle. Les règles d’or: si vous ressentez une douleur à l’arrière du genou, baissez un peu votre selle ; si la douleur se situe plutôt à l’avant du genou, relevez votre selle ; et si elle se situe davantage à l’extérieur, veillez à ce que la pointe de votre chaussure – en appui sur le cale-pieds – soit dirigée légèrement dans le sens de la douleur (ici vers l’extérieur).

Parfois, le genou des cyclistes souffre du frottement dû au pantalon. Or la rotule est « coiffée » d’une fine membrane, un fascia, que ce frottement peut irriter. Si au bout de quelques semaines vous ressentez ce type d’inconvénient après avoir pédalé, on parle de syndrome fémoro-patellaire. « En guérir peut prendre du temps. Ce qui aide, c’est de remplacer son pantalon de vélo par un modèle court, un short au-dessus du genou. »

Contenu partenaire