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Cesser de travailler pour prendre soin d’un proche

Faut-il suspendre sa carrière ou y renoncer pour prendre soin d’un conjoint malade ou d’un parent devenu dépendant? Doit-on se sentir coupable si on ne le fait pas? Ce choix difficile dépend de la motivation intime de chacun.

En mars dernier, Sophie Wilmès s’est mise en congé illimité de son poste de ministre des Affaires étrangères pour prendre soin de son mari, gravement malade. Depuis, elle a définitivement quitté ses fonctions au sein du gouvernement. Si on ne peut que se montrer admiratif devant ce choix courageux, tout le monde ne peut pas se le permettre. D’abord d’un point de vue financier, surtout si on vit seul. Et aussi parce que tout arrêt de travail prolongé a des conséquences sur le montant de la pension et la carrière du travailleur. Si Sophie Wilmès devait retourner en politique, elle retrouverait sans doute assez facilement une autre fonction importante. Mais c’est loin d’être le cas de tout le monde...

En toute conscience!

Ne vous sentez pas coupable ou honteux si vous choisissez de poursuivre votre activité professionnelle, alors que votre conjoint ou un proche tombe gravement malade. « Ce serait la pire des choses, affirme Tom Dijckmans, psychologue du travail. Tout ce qu’on fait sous le coup de la pression sociale ou par une soi-disant motivation contrôlée se paie cher. « Je dois rester à la maison, sans quoi je serai un mauvais mari ou une mauvaise épouse, une mauvaise mère/fille ou un mauvais père/fils. » Si telle est votre motivation, vous aurez du mal à tenir sur la longueur. La qualité des soins s’en ressentira et vous risquez de développer des sentiments négatifs ».

Choisir de rester à la maison ou de continuer à travailler doit se faire sur la base d’une motivation bien réfléchie. « Votre choix doit correspondre à vos valeurs et à votre souhait sincère, assure l’expert. La seule chose qui doit compter, c’est ce que vous estimez prioritaire et significatif dans votre vie, pas ce que les autres pensent ou disent. »

Inutile de vous sentir coupable ou d’avoir honte si votre travail et votre carrière sont votre priorité. Ne sous-estimez pas l’importance du travail pour votre équilibre. « Quand on travaille, on se sent valorisé et compétent, souligne Tom Dijckmans. L’estime de soi est renforcée car on a le sentiment d’apporter sa contribution à la société. Le travail définit en grande partie qui nous sommes. Il est aussi synonyme de lien social. Ceux qui ont subi – ou choisi – une longue interruption de carrière le savent: on perd rapidement des contacts sociaux et on s’isole. On peut arrêter de travailler et être admiré pour prendre soin d’un proche malade, et malgré tout se sentir très mal. »

Trouver un compromis

Ceux qui essaient de conserver leur travail, tout en soignant un proche, s’efforcent de ménager la chèvre et le chou. Un peu comme un compromis ou une solution intermédiaire. Par exemple, opter pour un horaire à temps partiel, pour du télétravail ou pour un système de travail en équipes. Demander un congé parental ou un crédit-temps pour aidant proche... On peut aussi essayer de s’organiser avec d’autres membres de la famille. Faire appel à une aide professionnelle à domicile. Voire persuader le médecin généraliste de vous donner un congé maladie de longue durée...

On peut arrêter de travailler, être admiré pour prendre soin d’un proche malade, et malgré tout se sentir très mal.

Toutes ces demi-solutions pésentent leurs avantages et leurs inconvénients. Les autres membres de la famille ne pourront pas forcément respecter leurs engagements, ne serait-ce que parce qu’ils ont, eux aussi, une vie bien remplie. Un congé parental ou un crédit-temps pour soins donnés à un proche sont de fait limités dans le temps et difficiles à tenir, surtout si vous vivez seul ou n’avez qu’un seul revenu. Si vous faites le choix d’un temps partiel et que vous avez plus de 50 ans, l’Onem vous versera 485,11€ nets (780,66€ en cas de congé pour des soins à temps plein). Difficile de s’en sortir avec si peu. Et les aides professionnelles sont loin d’être bon marché...

Même si vous êtes à la recherche d’une solution provisoire, votre motivation reste le facteur essentiel. « Si vous optez pour un horaire à temps partiel ou si vous vous mettez en congé parental à temps partiel pour vous sentir moins coupable, ça ne vous sera pas d’une grande aide, met en garde le psychologue du travail. Vous continuerez toujours à penser que vous n’en faites pas assez. Mais si vous optez clairement et à 100% pour votre job et votre carrière, faire appel à des aides extérieures est le meilleur choix qui s’offre à vous. D’autant que les possibilités sont vastes: des soins de santé à domicile au passage régulier d’un jardinier, des services de garde aux centres de jour. »

L’aide d’un ami objectif

Mais comment expliquer à son conjoint ou à son parent malade qu’on a fait le choix de continuer à travailler? « Il faut en parler franchement et ouvertement, conseille Tom Dijckmans. Expliquez en quoi votre travail est important pour vous. Dites par exemple: « Si je continue à travailler, je me sentirai mieux et je pourrai t’aider de manière optimale pendant mes temps libres. » Si votre motivation est forte, vous ne vous soucierez pas de ce que peut dire votre entourage. De toute façon, vous ne pourrez rien y changer. »

Cependant, choisir entre conserver son activité professionnelle et se dédier à ses proches reste un choix compliqué. Un avis externe et objectif être utile. On peut, par exemple, consulter un coach de vie ou un expert en orientation professionnelle. Dans le cadre de votre travail, le DRH ou le service social peuvent s’avérer précieux, notamment pour déterminer les horaires de travail ou le temps partiel les plus favorables pour vous.

« Cela dit, ce sont souvent les conseils d’un ami proche, qui vous connaît bien, qui seront les plus utiles, conclut l’expert. Il pourra jeter un regard objectif sur votre situation et osera vous dire ce qu’il pense. C’est le genre de conseil auquel on peut vraiment se fier!  »

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