Anne Vanderdonckt

Ils pourraient y échapper, mais ils préfèrent juillet

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.

N’étant pas liée par les impératifs des calendriers scolaires, durant des années, j’ai pris mes vacances hors saison. Davantage de choix de locations, par ailleurs moins chères, et surtout pas de hordes de touristes. La paix. L’année dernière, j’ai pourtant changé mon fusil d’épaule en ne prenant la route que vers la mi-juillet. Pour une destination culturelle et citadine pas trop prisée durant les grandes vacances. Bonne idée. Pas exagérément onéreuse puisqu’il s’agit de cette période où les entreprises ne réservent plus de séjours pour leurs séminaires et où les hôtels lancent des offres attrayantes pour ne pas tourner à vide. Malin.

Ce qui m’a valu ce revirement, c’est que ces vacances à l’heure où les autres sont encore au boulot ont eu pour conséquence que pas mal de réunions se sont tenues sans moi. Sentiment d’exclusion. Juin ou décembre sont en effet de ces périodes où tout le monde court comme poursuivi par un essaim de frelons, où on se rend compte qu’il faut absolument liquider les réunions et décisions avant que tout le monde ne s’égaille dans la nature.

C’est aussi une période où, sur place, certains magasins, restaurants, sites à visiter, affichent sur leur porte qu’ils prennent quelques jours de vacances pour rouvrir… le lendemain de votre départ. Forcément, ils profitent du fait que les touristes sont encore peu nombreux. Mais un an que vous rêviez de vous arrêter dans ce resto qui vous a fait saliver dans un magazine, et vous, vous pouvez au mieux photographier la façade! Frustrant.

Les vacances en juillet, c’est comme faire ses courses le samedi matin

Et puis, il y a la météo. Même si tout se dérègle, même s’il peut faire grand soleil à Pâques et gelant en août, sauf exceptions, la mi-juin reste potentiellement plus ingrate que la mi-juillet. Je me souviens de ce sentiment d’impuissance lorsque j’ai vu, par la fenêtre de la voiture qui s’acheminait vers la maison, des gens en train de bronzer béatement sur cette magnifique plage du Cap Fréhel (Bretagne) que j’avais arpentée pendant quinze jours avec mes bottes et mon ciré. C’était un samedi. C’était le premier jour de vrai beau temps.

Mais, dans la vie, on n’est jamais le seul à prendre une décision qu’on pensait originale. Célibataires et couples sans charge d’enfants qui choisissent de partir lors des périodes d’affluence: un phénomène en pleine croissance, épingle le voyagiste Tui. D’abord parce que, aux raisons évoquées ci-dessus, s’ajoute tout bêtement le fait qu’il y a de plus en plus de célibataires ou de couples libérés des enfants (retraités ou 50+) et qu’il faut bien qu’ils partent à un moment donné. Beaucoup le font en même temps que leurs amis qui sont tenus, eux, par les contraintes de leur boulot ou un agenda scolaire. Quant à ceux qui souhaitent échapper aux kids faisant la bombe dans la piscine, ils peuvent désormais opter pour des hébergements «adults only», dont on note aussi le succès grandissant. Enfin, partir en vacances en juillet c’est comme continuer à faire ses grandes courses le samedi quand on est pensionné, cela donne une structure au temps. Juillet, août, le moment de la grande libération, c’est une de ces rares certitudes qui restent.

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