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Rétention d’infos et commérages, voilà ce qui vous « tue » au boulot

L’enfer, c’est les autres pour Sartre. Et pour un nombre non négligeable d’employés belges, l’enfer, c’est d’autres collègues. Ce sont les hommes les plus harcelés. La solution ? Instaurer une charte des bonnes pratiques et faire (ré)agir les collègues bienveillants. Une forme de contrôle social. Explications.

En Belgique, 6,4% des travailleurs se disent victimes de harcèlement moral. C’est le résultat d’une enquête menée par le groupe Idewe (services sur mesure en matière de prévention et de bien-être). Le panel des travailleurs sondé est significatif: presque 40.000 travailleurs belges interrogés sur le sujet. Ce n’est pas rien.

Le point le plus étonnant de l’enquête ? Ce service pour la prévention et la protection au travail montre donc que 6,4% (plus de 2.500 personnes sur 40.000) disent avoir été victimes de harcèlement moral au cours des six derniers mois. Et ce n’est pas l’employeur qui est le plus souvent en cause. Les principales formes de harcèlement sont, selon Idewe, « la rétention d’informations, les commérages et les remarques répétées sur une erreur. »

« Les ragots du temps de midi ont migré vers WhatsApp »

Le télétravail a-t-il changé la donne ? Que nenni ! « Les chiffres confirment que le télétravail renforcé n’a certainement pas mis fin au harcèlement moral, selon Lode Godderis, CEO d’Idewe. L’année dernière, nous n’avons pas constaté de diminution du nombre de dossiers effectifs à ce sujet. Car certains types de harcèlement se sont déplacés vers la sphère numérique. » Les ragots du temps de midi ont migré vers les groupes WhatsApp ou Teams. « Je lance donc un appel aux employeurs pour qu’ils élaborent et mettent en oeuvre une bonne politique de bien-être dans la perspective du travail hybride. Et ce, en accordant une attention suffisante au harcèlement moral. Il est très important de disposer d’un nombre suffisant de personnes de confiance formées en la matière... »

Là où le bât blesse

  • La rétention d’informations qui complique le travail : 42,7 % en sont victimes au moins occasionnellement.
  • Les commérages : 42,1 %.
  • 28,1 % sont confrontés à des collègues qui font des remarques répétées sur une erreur.
  • L’exclusion d’un groupe (WhatsApp, Teams) est une forme de harcèlement qui a un lourd impact psychosocial. Cette exclusion obtient un score élevé de 17,2 %.

Existe-t-il une/des solutions ?

« Oui, heureusement, les (autres) collègues sont aussi la solution au harcèlement moral. Les commérages, les insultes et l’exclusion sont des comportements dont on peut généralement capter des signes, même en tant que travailleur non concerné, estime Lode Godderis. Il existe plusieurs façons d’y faire face : offrir un soutien à la victime, confronter les harceleurs par rapport à leur comportement, ou encore aborder le sujet avec l’employeur. Le bon choix dépend naturellement de votre caractère, de la nature et de la gravité de la situation, ainsi que des souhaits et du bien-être de la victime. »

Une charte

« Les employeurs qui instaurent une culture d’entreprise et un esprit d’équipe positifs, avec une charte claire dans laquelle les comportements indésirables n’ont pas leur place, ont un avantage, poursuit-il. Dans un tel cadre, les travailleurs trouvent un contrôle social sain beaucoup plus naturel. » En clair, grâce à une charte claire au sein de l’entreprise (ou toute initiative du genre), cela permettrait une forme d contrôle social entre travailleurs pour éviter ou réduire les cas de harcèlement.

Les hommes et les jeunes davantage concernés

Et contrairement aux idées reçues, ce sont les hommes qui subissent des types de comportements de harcèlement (en particulier dans les secteurs fortement masculins) et spécifiquement en ce qui concerne la rétention d’information. Soit 46,8% des hommes contre 38,2% des femmes.

En termes d’âge, si les différences sont moins significatives, les personnes de moins de 45 ans semblent subir plus de harcèlement (7,4%) que celles de plus de 45 ans (5,3%). En termes de types de harcèlement moral, la seule différence notable est que les collègues plus jeunes reçoivent plus de remarques répétées sur des erreurs que les collègues plus âgés (30,7% contre 24,9%).

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