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Un logement à désencombrer... et à repenser

Une fois les enfants partis, deux options s’offrent aux parents: récupérer plus d’espace de vie ou opter pour un logement plus petit. Mais encore faut-il que les enfants débarrassent la maison de leurs affaires!

Quand un enfant quitte la maison, c’est rarement en emportant armes et bagages. « Dans la majorité des cas, il laisse temporairement chez ses parents beaucoup de choses: tout ce dont il n’a pas besoin immédiatement », confirme Ann Van den Hautte, psychologue et coach en rangement. Un dépôt soi-disant provisoire... qui a bien souvent tendance à s’éterniser. D’où l’importance d’oser demander à son enfant de récupérer ou d’évacuer ses affaires. Pour autant, inutile d’être trop pressé. C’est que, dans un premier temps, ce statu quo maintient l’illusion, rassurante pour l’enfant – et pour certains parents -, qu’un retour en arrière est possible, même si celui-ci n’aura probablement pas lieu. Laisser des affaires sur place permet de maintenir une présence dans la maison familiale, au moins symboliquement.

Vous n’avez plus d’enfant à la maison et envie de changement? Repensez vos pièces de vie, celles dans lesquelles vous passez vraiment du temps.

La situation ne peut toutefois se maintenir indéfiniment, sous peine de voir la chambre se transformer petit à petit en no man’s land figé ou en débarras, dans lequel s’accumule tous le fatras de la maison. À partir de quand envisager un désencombrement, dès lors? « Dès que les parents le sentent, répond la psychologue. Il faut qu’ils gardent à l’esprit que cela reste leur maison, et que ce n’est plus celle de l’enfant. Ils ont donc tout à fait le droit de réaménager ou de dépersonnaliser l’espace. De toute façon, de lui-même, l’enfant aura tendance à laisser les choses en l’état: c’est pour lui une solution de facilité, ce n’est pas lui qui est encombré, il n’a pas à choisir et à renoncer à certains objets. »

« Dans le lit de papa »

Il est donc parfois nécessaire de soumettre un ultimatum à sa progéniture, si celle-ci reporte sans cesse le moment où elle doit vider sa chambre et trier ses affaires. Quitte à vous charger vous-même du tri, s’il continue à faire la sourde oreille... « Pour autant, il existe une grande règle en home organising (l’art de ranger et d’aménager sa maison): on ne se débarrasse pas quelque chose qui ne nous appartient pas. » Dans la mesure du possible, l’enfant doit donc être impliqué d’une façon ou d’une autre dans ce grand nettoyage de printemps. Libre à vous de décider ce que vous ne voulez plus voir dans votre maison mais, pour éviter toute rancoeur, il est important d’en informer votre enfant – en lui envoyant des photos sur smartphone, par exemple – afin de lui donner une dernière occasion de récupérer certains objets ou souvenirs. Ou, éventuellement, pour les mettre au grenier en boîtes fermées si vraiment son logement actuel est trop petit.

De votre côté, si vous comptez rester dans la maison, rien ne vous oblige à faire table rase, surtout si vous êtes sentimental: l’important est de ne pas se sentir encombré, ni ramené sans cesse dans le passé. « Il est possible d’envisager un juste milieu, surtout si vous désirez faire de la chambre une chambre d’ami, ou une chambre destinée aux (futurs) petits-enfants, suggère Ann Van den Hautte. Vous pouvez alors éliminer le superflu, tout en encadrant quelques dessins d’enfant, en récupérant une partie de la déco, quelques jouets indémodables, le lit... Les petits-enfants adorent dormir dans l’espace qui appartenait jadis à leurs parents. » De quoi rendre la nostalgie beaucoup plus riante et l’ancrer dans le présent.

Un espace à soi

Une fois la maison désencombrée, se pose la grande question: allez-vous y demeurer et récupérer davantage d’espace de vie, ou opter pour un logement plus petit, plus facile à entretenir? C’est à vous, et à vous seul, que revient cette décision. Opter pour un logement plus petit peut sembler le choix de la raison, mais déménager pour un appartement alors que vous n’en avez pas l’envie serait un mauvais calcul: on fait difficilement plus déprimant!

Vous choisissez de rester? Il peut être intéressant d’opter pour un rafraîchissement de la maison, afin de se faire plaisir et de se relancer dans une nouvelle dynamique. En récupérant, notamment, la chambre autrefois dévolue à l’enfant. « La première destination envisageable pour cet espace est celle de chambre d’appoint ; je conseillerais de la faire neutre, pour qu’elle puisse à la fois accueillir petits-enfants et amis, suggère Marie Degaute, spécialiste de la décoration et de l’aménagement d’intérieur. Ceci dit, si vous avez eu trois enfants, cela fait trois chambres vides, et vous n’avez sûrement pas besoin de trois chambres d’ami. » Il devient alors possible d’envisager une autre affectation: dressing sur mesure, bureau, petit salon cocoon où regarder la télé, atelier où donner libre court à sa passion... Comme dans toute rénovation, l’important est de bien réfléchir en amont, d’entamer une réflexion sur ses envies, ses besoins et son mode de vie.

Retour sur Terre

Dans cette réflexion, l’aspect financier est primordial. Rien ne sert de trop rêver et de faire des plans sur la comète si le budget est limité. « D’autant plus que ces chambres récupérées ne sont pas des espaces dans lesquels on va réellement vivre, ils seront souvent inoccupés, tempère la spécialiste. Dans la réflexion d’un réaménagement après le départ des enfants, finalement, au vu du prix actuel des matériaux, je déconseille d’y faire de grands frais. »

Vous n’avez plus d’enfant à la maison, mais un peu de crédit et une envie de changement? Repensez avant tout vos pièces de vie, celles dans lesquelles vous passez vraiment du temps. Vous jouirez bien plus d’une nouvelle cuisine, d’une nouvelle salle de bain ou d’un nouveau salon bien équipés et décorés que d’une pièce à l’affectation un peu artificielle... Et de l’aveu de la spécialiste, il sera toujours temps de s’aménager un petit dressing par la suite, en oubliant le sur-mesure et en se fournissant chez une célèbre enseigne de meubles en kit. « Rapport qualité-prix, vous ne serez pas volé... »

Pour débroussailler le champ des possibles et budgétiser, au moins à la grosse louche, un éventuel rafraîchissement, faire appel à un décorateur ou un architecte d’intérieur s’avère plus qu’intéressant. « Souvent, les gens sont étonnés du prix d’un réaménagement, c’est bien plus cher qu’ils ne le pensaient, reconnaît Marie Degaute. En faisant appel à un pro, vous aurez au moins un prix en tête. Par la suite, rien ne vous oblige à poursuivre votre projet avec lui: s’il est vraiment professionnel, il comprendra parfaitement que vous n’avez pas le budget nécessaire et estimera avoir fait son travail en vous donnant un aperçu des coûts. Car je le répète, estimer les dépenses est primordial avant de se lancer! »

Plus petit, plus réfléchi

Après le départ des enfants, certains parents préfèrent quitter le logement familial pour un appartement ou une maison de taille plus réduite. « Cela permet de recréer quelque chose de nouveau, en tournant définitivement une page », estime Ann Van den Hautte. Le passage à une petite habitation n’est toutefois pas toujours bon marché, ni évident, tant il nécessite une réflexion poussée sur ses besoins et envies.

Là encore, l’appel à un professionnel ne constitue pas une dépense superflue: il permet d’avoir une idée des implantations, de l’encombrement, des espaces... « En cas d’achat sur plan, par exemple, les gens ont très souvent des difficultés à se projeter dans le logement, à se figurer les dimensions réelles, souligne Marie Degaute. En déménageant, ils placent leurs meubles et sont dépités car c’est beaucoup plus petit qu’ils ne l’imaginaient. J’ai en tête le cas d’un couple de 65-70 ans qui a fait appel à nous, car maintenant qu’ils sont installés, ils se rendent compte qu’ils ne sont plus capables d’accueillir toute leur famille. »

Vous préférez faire construire? Pour éviter toute désillusion, ne lésinez pas sur la dépense en amont, en essayant de faire travailler de concert architecte et architecte d’intérieur. Ce n’est pas gratuit, certes, mais cela évite bien des regrets par la suite... Il est finalement plus simple d’avoir une bonne idée des espaces intérieurs en visitant et en achetant un logement déjà construit et meublé.

Mais quelle que soit l’habitation de taille modeste sur laquelle se portera votre choix final, il faudra parfois faire le deuil des imposants meubles de famille – ou n’en conserver que l’un ou l’autre. La meilleure façon d’optimiser l’espace dans un petit logement est d’opter pour du sur-mesure. La démarche est une fois de plus assez dispendieuse, mais elle évite les pertes d’espace, et permet d’envisager des volumes multi-usages. De petites astuces comme une armoire-lit (ou lit escamotable) transformeront ainsi facilement un bureau en chambre d’ami, histoire de pouvoir accueillir comme il se doit ceux qui vous tiennent à coeur, sans pour autant rogner sur votre confort. Après tout, n’est-ce pas là le plus important?

Que coûte un enfant?

« Un enfant coûte une maison « , dit l’adage. Difficile de chiffrer le coût d’un enfant, cela dépend de nombreux facteurs tels que les coûts imprévus quand il tombe malade, par exemple. Ce qui n’empêche pas de fournir quelques chiffres... Grâce au Gezinsbond (l’équivalent flamand de la Ligue des Familles) on sait que le coût minimum mensuel moyen d’un enfant de la tranche de 6 à 11 ans est de 451€ par mois. Cette somme ne comprend pas les garderies, les frais médicaux, les stages... De 12 à 17 ans: le coût minimum mensuel moyen est de 553€ par mois. Après 18 ans: la moyenne serait de 663€ par mois. Un montant qui n’intègre pas tous les frais spécifiques liés aux études supérieures. Il apparaît, par exemple, que la location d’un kot pour des études supérieures + le minerval, les syllabus et les transports font gonfler une note qui sera comprise entre 12.000 et 15.000€ par an.

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