Immobilier, un long fleuve... pas tranquille

Etre propriétaire de son logement offre un grand confort financier, affirme-t-on. Certains le contestent toutefois, avec des arguments... financiers non dénués de sens. Soit. Plus important peut-être: cette situation offre un grand confort psychologique. J’avoue que l’idée de devoir déménager l’année prochaine, sans l’avoir décidé moi-même, me serait insupportable. Et je ne suis pas le seul! Il ne faut cependant pas confondre: ce confort ne signifie pas que l’immobilier est synonyme de sécurité financière absolue dans l’optique d’une revente. De fait, il peut subir d’importantes fluctuations de valeur, y compris à la baisse.

Certes, notre pays a échappé à la chute des prix qui a suivi la crise financière de 2008. Contrairement à l’Irlande, à l’Espagne ou encore aux Pays-Bas. Il n’en avait pas été de même lors de la flambée des taux d’intérêt qui a marqué le début des années 1980. Beaucoup l’ont oublié, ou ne s’en sont pas vraiment aperçus, mais ce fut une catastrophe pour certains propriétaires obligés de vendre au mauvais moment. Alors responsable des pages immobilières du magazine, je suivais le marché de près et j’ai vu des biens vendus à la moitié à peine de leur valeur estimée un an plus tôt! C’est de l’histoire ancienne et, heureusement, très exceptionnelle.

Coté en bourse, l’immobilier-papier est, lui, coutumier de grands écarts. L’année 2022 fut à cet égard tristement exemplaire pour les SIR (sociétés immobilières réglementées), naguère appelées sicafis: tant la pionnière Cofinimmo que la vedette WDP ont perdu 45% en 9 mois! Quant à l’action VGP, elle s’est effondrée de 75%, après avoir doublé l’année précédente! Considéré à juste titre comme un bon placement à long terme, l’immobilier est donc un long fleuve, mais pas tranquille. Et ceci ne vaut pas seulement pour la valeur, mais aussi pour la fiscalité. Sans même évoquer un précompte immobilier en forte inflation dans certaines communes, voilà qu’il est à nouveau question de taxer les propriétaires sur le loyer réel payé par le locataire.

De nombreux désagréments n’ont jamais privé les Belges d’appétit immobilier.

Dans un tout autre domaine, une seconde résidence située en France coûtera à l’avenir plus cher. Non pas tellement car elle doit à présent être mentionnée dans sa déclaration de revenus, mais parce que la nouvelle convention fiscale entre les deux pays consacre le principe qu’un bien situé en France est soumis à la fiscalité française. Ce que cela signifie? Qu’à l’avenir, le fisc français imposera la plus-value dégagée sur la revente de ce bien. Eh oui, en France, les plus-values sont imposées, même pour un patrimoine privé. Tableau bien sombre que tout ceci? Pas sûr. De pareils désagréments n’ont jamais privé les Belges d’appétit immobilier. C’est sans doute le prix de ce grand confort financier et psychologique...

ancien rédacteur en chef de CASH!

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