
L’angoisse du pouvoir d’achat
Vous avez certainement eu l’occasion de lire en début d’été l’un ou l’autre écho du grand sondage réalisé auprès de 2.000 Belges à propos de leur pouvoir d’achat. Ils ne sont vraiment pas optimistes à ce sujet! Passe encore pour les aînés, soit les plus de 65 ans: plus de 75% d’entre eux craignent une baisse, tandis que moins de 5% espèrent une hausse. Difficile de trouver cela anormal, aussi vrai que la plupart des commentaires sur l’avenir des pensions sont franchement pessimistes, à tort ou à raison d’ailleurs. Des pensions qui constituent le revenu essentiel de la plupart des personnes ici concernées.
Un premier sujet d’étonnement concerne la tranche d’âge opposée, soit les 18-24 ans. À première vue, ils voient l’avenir davantage en rose, puisque plus de 35% d’entre eux estiment que leur pouvoir d’achat progressera dans les cinq années à venir. En rose, vraiment? Quand on se situe en début de carrière, voire encore aux études, n’est-il pas très normal d’attendre une situation plus prospère pour le moyen terme? Dès lors, 35%, n’est-ce pas très peu? Poser la question, c’est y répondre! Surtout quand on observe qu’ils sont par ailleurs 28%, soit pas beaucoup moins, à attendre un recul de ce pouvoir d’achat.
L’autre sujet d’étonnement, ce sont... toutes les autres tranches d’âge. Dès la suivante, soit les 25-34 ans, ils ne sont plus qu’un quart à espérer une hausse de leur pouvoir d’achat, tandis que la moitié attendent une baisse. C’est bien pire quand on passe deux tranches plus loin: les 45-54 ans sont moins de 8% à espérer un progrès et près de 70% à craindre une détérioration. Là, on broie carrément du noir... Cette vision fort pessimiste est en quelque sorte renforcée par le fait que ce pouvoir d’achat s’inscrit soudainement en tête des préoccupations des Belges, loin devant le réchauffement climatique, tandis que le covid ne fait plus que de la figuration. C’était cependant avant que les infections ne s’emballent à nouveau en juillet.
La plupart des matières premières ont baissé de prix depuis juin dernier.
Et si on relativisait tout cela? À l’époque du sondage, il n’était pas un jour sans que les actualités télévisées de l’une ou l’autre chaîne ne relaient les lamentations des automobilistes faisant le plein... ou un demi-plein seulement. Ou n’évoquent la valse des étiquettes de certains produits alimentaires. Un vrai matraquage! Au point de conditionner les réponses des téléspectateurs? Sans doute, même si nombre d’entre eux ont un réel problème avec leur note de gaz, ou sont confrontés à des vacances plus coûteuses que prévu. De toute manière, la donne a changé depuis: avec la perspective d’un fort ralentissement économique, voire d’une récession, pas mal de matières premières affichent une baisse de prix depuis juillet. Reste l’énergie qui, comme nous l’avons tous lu, risque de poser un gros problème de disponibilité l’hiver prochain. Plus grave que le pouvoir d’achat...
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