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Aider, c’est bon pour la santé

Julie Luong

Les études le montrent: les personnes engagées dans une activité bénévole sont en meilleure santé. Mais être bénévole, c’est surtout un enrichissement unique. En prenant soin des autres, c’est aussi soi-même qu’on aide.

Après une carrière comme professeur de peinture, Charly est devenu bénévole dans une association venant en aide aux personnes sans-abri. Pour lui, cet engagement s’est imposé comme une nécessité. « Avec mon épouse, nous avons toujours fait des dons à des associations. Mais au bout d’un temps, j’ai ressenti comme un état de saturation: face à la souffrance des autres, avoir des principes et des idées ne suffisait plus. Il fallait mettre les mains dans le cambouis. Je l’ai ressenti comme une urgence . » L’expérience s’est révélée d’une grande richesse, loin de l’idée de « charité » à sens unique que traîne parfois encore le bénévolat. « Je remets fortement en cause le terme d’altruisme. Le bénévole n’est pas seulement celui qui fait du bien: c’est aussi celui qui reçoit. C’est un échange permanent « , raconte-t-il.

Connaissance de soi

En 2019, une étude menée par la Mutualité chrétienne et la Faculté de psychologie de l’UCLouvain faisait état du lien significatif entre le volontariat et la santé. « Le sentiment de sens, l’estime de soi, l’affectivité positive ou encore de la perception que l’on est membre d’un groupe ont un grand impact sur la santé « , explique Bernard Rimé, chercheur à l’UCLouvain et auteur de l’étude. Non seulement les personnes qui participent à la vie associative se sentent en meilleure santé, mais elles consultent moins souvent les médecins et consomment aussi moins de médicaments. Le constat est particulièrement vrai pour les antidépresseurs et autres psychotropes. Parmi les bénévoles, 71,5% ne consomment pas ce type de médicaments contre 50,4% chez les personnes qui ne participent pas à la vie associative. Plus le niveau d’engagement est grand – par exemple quand le bénévole est aussi organisateur/coordinateur -, plus les effets sont palpables.

Sylvie, 54 ans, est bénévole dans un service d’écoute téléphonique depuis trois ans. « Je ne me suis certainement pas engagée pour aller mieux, mais il est certain que depuis mon arrivée, j’ai beaucoup avancé dans ma vie personnelle. En se mettant à l’écoute des autres, on est aussi confronté à ses propres failles, on apprend à être plus tolérant, à être dans l’acceptation. En ce sens, il y a un effet thérapeutique. » Charly compare pour sa part le bénévolat à la pratique artistique. « Les deux peuvent être considérés comme des outils de travail sur soi, d’éveil, avec cette idée que c’est en allant vers l’autre que je trouve le chemin vers moi-même. Et que c’est d’abord en changeant moi-même que je peux espérer changer les choses. « 

Un réseau social

Pour Bernard Rimé, les bienfaits du volontariat sont aussi intrinsèquement liés au sentiment d’intégration sociale. Travailler en équipe, construire un réseau différent de son cercle habituel, organiser des événements... En devenant bénévole, on se fait aussi de nouvelles connaissances qui partagent nos valeurs, on ouvre ses horizons, on sort de la solitude. C’est d’autant plus précieux pour les bénévoles sans-emploi, retraités ou qui ne trouvent pas/plus de sens dans leur travail. Le bénévolat devient alors le lieu où l’on peut non seulement se sentir utile, mais aussi entretenir des liens authentiques, loin des rapports hiérarchiques pesants ou d’une logique de rentabilité harassante. « L’impact sur le bien-être et la santé varie en fonction des motivations , précise Bernard Rimé. Certaines motivations pourraient même avoir un impact négatif et ouvrir la porte au burn-out. C’est le cas quand il y a surinvestissement. « 

Un bénévole heureux est un bénévole qui connaît ses limites... Catherine, 59 ans, engagée dans une association d’aide aux mineurs étrangers, en est persuadée. « Il y a un problème lorsque le bénévole est en quête permanente de reconnaissance. Cela finit par engendrer de la frustration mais place aussi un poids terrible sur les épaules des personnes à qui il vient en aide.

Je crois qu’il faut rester modeste: on essaie d’apporter quelque chose, mais ces jeunes ont vécu des épreuves, des traumatismes qu’on peine à imaginer. Nous ne pouvons pas tout réparer, nous ne sommes pas des sauveurs.  » C’est exactement ce que Sylvie estime avoir appris en répondant aux appels de personnes en détresse. « Je crois que cela répare les vieilles blessures d’enfance que l’on nomme culpabilité et impuissance. Être bénévole, c’est accepter d’agir tout en sachant que peut-être ça ne marchera pas. C’est accepter de ne pas être tout-puissant tout en faisant de son mieux . » Une forme de sagesse qui maintient le corps et l’esprit en équilibre.

Devenir volontaire

La Plateforme francophone du volontariat recense les annonces de bénévolat près de chez vous, dans tous les secteurs (culture, soutien scolaire, aide aux personnes, migration, enfance, patrimoine...). Vous y trouverez aussi toutes les infos relatives à la législation (documents administratifs, assurances, etc.)

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