Automédication ? Oui mais en toute sécurité !

Les conseils du généraliste pour utiliser au mieux les ressources de votre pharmacie familiale.

Contenu :

Ne jamais prendre les médicaments des autres
Avec ou sans prescription
Soigner une brûlure
Les vitamines
Attention aux plantes
Les remèdes naturels et de bonne femme
Chez le médecin ? Pas forcément
Les patients informés inspirent confiance
Conseils

Dans notre pharmacie, nous avons tous des boîtes de médicaments entamées, qui ont été prescrites par un médecin. Sur internet et en grandes surfaces, on trouve désormais une multitude de gélules, pommades, sirops et sprays qui nous incitent à nous soigner seuls...

 » Attention, ce n’est pas sans danger, souligne le Dr Cammu, généraliste et auteur de différents ouvrages sur la santé. »

Ne jamais prendre les médicaments des autres

Il ne faut jamais prendre un médicament qui a été prescrit à quelqu’un d’autre. En effet, un médecin fait des prescriptions personnalisées pour des affections bien précises.

 » Une maladie ou une affection peuvent générer des symptômes différents d’une personne à l’autre, précise le Dr. Cammu. Un médicament peut avoir des effets différents. Prendre de sa propre initiative un médicament prescrit à quelqu’un d’autre peut être dangereux. En outre, il existe tellement de médicaments différents qu’il est compliqué de savoir lequel vous convient. »

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Avec ou sans prescription

 » Je déconseille formellement de prendre des antibiotiques de sa propre initiative, précise le Dr Cammu. Mieux vaut laisser à un médecin le soin de décider si des antibiotiques sont nécessaires et à quelle dose. De lui-même, le patient a tendance à en prendre trop peu, ce qui risque de causer de sérieuses complications.  » .

Il faut en outre faire attention aux boîtes de médicaments qu’on n’a pas terminées. Un traitement prescrit par un médecin n’est en effet pas destiné à être pris à long terme ou à être repris à une autre occasion. Beaucoup de gens utilisent des laxatifs, par exemple, pendant beaucoup trop longtemps. Résultat : ils dérèglent leur fonction intestinale et un problème ponctuel, telle la constipation, peut devenir chronique. Idem pour l’Imodium, antidiarrhéique que nous connaissons tous. Si on en prend trop, on risque d’être sévèrement constipé pendant plusieurs jours.

Notre pharmacie contient souvent des sirops contre la toux. Bien qu’ils soulagent, il ne faut pas en consommer sans consulter. En effet, la toux est parfois le symptôme d’un problème plus grave. C’est aussi par la toux que l’organisme se débarrasse de corps étrangers. En prenant un sirop, on peut entraver ce processus naturel de guérison.

Lorsqu’on a un rhume, on se met volontiers des gouttes dans le nez pour le déboucher. Il faut néanmoins observer certaines règles de prudence : ne jamais poursuivre le traitement pendant plus d’une semaine et, lorsque plusieurs membres de la famille sont enrhumés, chacun doit impérativement utiliser ses propres gouttes !

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Soigner une brûlure

En cas de brûlure, il faut intervenir rapidement. Premier geste : placer la brûlure sous un robinet et laisser couler de l’eau fraîche (et non glacée !) dessus pendant 15 à 30 minutes. Cette technique permet de limiter les conséquences des brûlures au premier degré (peau rouge et douloureuse mais ni ampoules ni décoloration). On peut aussi appliquer un désinfectant et une pommade pour brûlures telles que la Flammazine, avant de poser un pansement stérile.

Dans les autres cas, il faut consulter un médecin et ne jamais appliquer de corps gras (beurre, huile, pommade...) sur la brûlure.  » L’eau courante est un excellent moyen pour nettoyer une plaie ouverte et ainsi éviter les infections.

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Les vitamines

Les vitamines et les compléments alimentaires sont en vente libre. La prudence est malgré tout de mise.

 » Les enfants ne devraient jamais en consommer sans avis médical, conseille le Dr. Cammu. En outre, je doute de leur véritable utilité en dehors d’une carence avérée. Le problème avec les vitamines et les minéraux issus de l’industrie pharmaceutique, c’est qu’ils ne sont que très peu absorbés par l’organisme. Si les vitamines sont bel et bien présentes dans la gélule, il reste encore à démontrer qu’elles peuvent être absorbées par l’organisme et lui apporter un quelconque bénéfice.

Le problème des compléments alimentaires, c’est qu’ils ne doivent pas répondre aux mêmes critères de sécurité que ceux imposés aux médicaments. Leur efficacité n’est pas donc pas scientifiquement prouvée. « 

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Attention aux plantes !

En général, les vitamines ne sont pas nocives, sauf à très fortes doses. En revanche, ce n’est pas le cas des plantes et herbes médicinales.

 » Il est faux de croire qu’un médicament est inoffensif parce qu’il est issu des plantes...

Il serait donc sage d’appliquer le principe de précaution. Rappelez-vous ce qui est arrivé, dans les années 1990, aux femmes qui ont voulu maigrir à l’aide des fameuses herbes chinoises. Certaines ont souffert de néphropathies graves ! « 

Autre complication sous-estimée : l’ interaction entre compléments alimentaires et médicaments. La prise de compléments alimentaires doit toujours être signalée au médecin traitant. Par exemple, boire beaucoup de jus de pamplemousse annihile les effets des anticoagulants. On imagine les effets que pourraient avoir certaines gélules hyperconcentrées en principes actifs.

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Les remèdes naturels et de bonne femme

Nombre d’entre nous utilisent des remèdes dits naturels contre les petits bobos. En soi, ils n’ont rien de nocif, même s’il est souhaitable de signaler à son médecin que l’on en prend.

Le millepertuis, par exemple, est officiellement reconnu comme médicament antidépresseur.  » Les plantes et herbes médicinales ne sont pas anodines, poursuit le Dr. Cammu. Le millepertuis peut annihiler les effets des anticoagulants, des cyclosporines et des anti-épileptiques. Il y a quelques années, on a aussi pu constater les effets secondaires de l’huile essentielle de lavande, remède naturel connu, que l’on croyait sans danger. On s’est rendu compte que les jeunes garçons qui en prenaient souffraient de gynécomastie (développement des seins). « 

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Chez le médecin ? Pas forcément

Ne peut-on donc jamais pratiquer l’automédication ?

 » Non, répond le Dr. Cammu. Contre les remontées acides, il n’y a aucun risque à prendre un pansement gastrique, genre Maalox ou Gaviscon. Ces médicaments agissent sur le symptôme et sont totalement inoffensifs. En cas de céphalée, on peut prendre du paracétamol, comme le Dafalgan. Il faut vraiment en consommer une grande quantité, plus de 18 cachets par jour, pour ressentir des effets secondaires. Si la douleur est trop forte, beaucoup prennent alors une aspirine. Ce n’est pas forcément une bonne idée. Chaque année, des dizaines de patients font une hémorragie stomacale consécutive à la consommation d’aspirine. « 

Il est néanmoins conseillé d’avoir des aspirines dans sa pharmacie. Mais il faut toujours les prendre avec une grande quantité d’eau.  » Une aspirine peut même vous sauver la vie, assure le Dr. Cammu. Ceux qui craignent de faire une crise cardiaque en ressentant une oppression dans la poitrine, peuvent prendre une aspirine fortement dosée, en attendant le médecin ou l’ambulance. L’aspirine peut retarder ou minimiser un infarctus. En pareil cas, le risque d’hémorragie stomacale est secondaire. « 

Notre pharmacie contient souvent d’autres antidouleurs, des anti-inflammatoires, prescrits par un médecin ou un dentiste. Mieux vaut ne pas en consommer pour un simple mal de tête. En revanche, ils seront très utiles pour soulager des maux de dents, avant d’obtenir un rendez-vous chez le dentiste, par exemple. A condition de lui passer un coup de téléphone pour savoir quand les prendre et en quelle quantité. La même règle est d’application pour les anti-douleurs à base de paracétamol et de codéïne.

La pilule du lendemain mérite d’avoir sa place dans une pharmacie au féminin.  » Dans une telle situation, le plus important est de réagir vite. Pour gagner du temps, on fait le choix de l’automédication. « 

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Les patients informés inspirent confiance

Ceux qui ont des problèmes cardiaques et les diabétiques, par exemple, sont tout à fait capables de se soigner lorsqu’ils sentent que quelque chose ne va pas.

 » Ces patients-là ont été si bien informés qu’ils ont appris à écouter leur corps et savent ce qu’ils doivent faire ou quel médicament prendre en cas de problème. « 

Ces patients sont capables de poser eux-mêmes des actes médicaux de contrôle, du moins quand ils relèvent directement de leur affection.  » Les diabétiques savent se servir d’un test du glucose et comment interpréter les valeurs obtenues. Les cardiaques sont capables de traduire les valeurs données par le tensiomètre. « 

Attention, il s’agit d’utiliser des appareils de mesure achetés sur recommandation du médecin traitant et non des gadgets semblables à ceux qu’on trouve sur internet. En outre, certains tests ne sont pas capables de dépister certaines affections que le patient ne connaît pas...

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Conseils

A faire

1. Votre pharmacie doit être placée dans une pièce fraîche et sèche, hors de portée des enfants. La cuisine et la salle de bain ne sont donc pas conseillées.

2. Vérifiez sur la posologie si un médicament doit être conservé au frigo. Parfois, il ne faut le placer au frais qu’après ouverture...

3. Vérifiez régulièrement la date de péremption des médicaments qui sont dans votre pharmacie. Elle figure en général sur l’emballage (EXP+date). Attention, les onguents ophtalmiques ne peuvent pas être utilisés plus d’un mois après leur ouverture. Veillez donc à noter la date à laquelle vous utilisez le produit pour la première fois sur l’emballage.

4. Pensez à noter sur chaque emballage de médicament à quoi il sert, à quelle dose il faut le prendre et par quel médecin il a été prescrit.

5. Les produits à toujours avoir dans sa pharmacie :

  • des antidouleurs à base de paracétamol
  • de l’aspirine
  • un désinfectant incolore
  • des pansements
  • un médicament contre les acidités gastriques
  • des ciseaux
  • un thermomètre
  • une pince à épiler (ou mieux, deux : une pour les tiques et une pour les échardes)
  • des compresses stériles
  • des sparadraps

5 règles d’or

1. Ne prenez jamais un médicament qui a été prescrit à quelqu’un d’autre.

2. Faites attention aux symptômes croisés. Prendre un anti-douleur contre un mal de tête ne pose pas de problème. Mais si, outre la céphalée, vous souffrez de manifestations inhabituelles (yeux qui se mettent à loucher, paralysie...), consultez votre médecin.

3. Ne prenez jamais de médicaments de votre propre initiative pendant plus de deux ou trois jours d’affilée. Si le problème persiste, consultez.

4. Respectez les doses recommandées par le médecin ou sur la notice du médicament.

5. Consultez rapidement si vous avez une santé fragile. Soyez attentif à tout ce qui pourrait influencer votre état de santé et veillez à prendre sans tarder l’avis d’un professionnel en cas de doute.

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