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La vaccination pour vivre longtemps en bonne santé

Il n’y a pas que les enfants qui gagnent à se faire vacciner: les 50+ peuvent, eux aussi, préserver leur santé grâce à des vaccins ciblés. C’est en effet un des meilleurs moyens de prévenir les maladies et le vieillissement précoce.

Les chiffres de la vaccination en Belgique sont éloquents: on vaccine en masse les nourrissons et les jeunes enfants mais, à partir de 12 ans, les chiffres se tassent, pour plonger carrément dès 18 ans. « Il y a plusieurs explications, analyse le Pr Pierre Van Damme, vaccinologue (Université d’Anvers). La vaccination des plus jeunes est structurée, gratuite et programmée automatiquement via des organismes tels que l’ONE (Office national de l’enfance) et les écoles. A l’âge adulte, il en va tout autrement. Les vaccins ne sont en général plus remboursés et il n’existe plus de structures ou de schémas clairs pour vous dire quels vaccins faire, ni où. Et quand il existe une structure, comme pendant la pandémie de covid-19, on constate que les gens se font vacciner massivement. Le manque de connaissance sur la nécessité de se faire vacciner constitue un autre obstacle, surtout au sein des groupes vulnérables. »

Le taux de vaccination contre la grippe stagne autour de 70% chez les 65 +. Seule une personne sur trois au sein d’un groupe à risque, notamment les patients atteints d’une maladie chronique, se fait vacciner contre les pneumocoques responsables de graves inflammations pulmonaires. Seuls 30% songent à faire à temps leur rappel contre le tétanos et plus rares encore – moins de 10% – sont ceux qui renouvellent leur vaccin contre le zona (herpes zoster).

Groupes à risque et adultes en bonne santé

Si vous souffrez d’un problème de santé sérieux et sous-jacent – affection cardiaque, diabète, problème pulmonaire... – vous avez tout intérêt à vous faire vacciner contre une série de maladies infectieuses. Ceci pour éviter non seulement toutes sortes de complications, en cas de grippe ou d’infection à pneumocoques, mais aussi pour éviter de perturber l’équilibre que vous vous efforcez de maintenir malgré cette affection sous-jacente. Car les séquelles les plus graves ne concernent pas tant la grippe ou l’infection passagère que la maladie chronique elle-même.

Même si vous êtes en bonne santé, la vaccination peut apporter un indéniable plus. « Quand on va bien, on néglige l’intérêt d’une vaccination préventive et on a tendance à ne rien faire, constate le Pr Van Damme. Or, avec les années, tout le monde est concerné par une baisse de son immunité, même si on est en pleine forme! Dès 60 ou 65 ans, le système immunitaire s’affaiblit car les mécanismes inflammatoires se dérèglent plus vite. En même temps, l’organisme produit moins d’anticorps, et ceux-ci sont moins efficaces. La mémoire immunitaire elle-même diminue. C’est ce qui explique que les 65+ attrapent plus facilement une pneumonie ou une septicémie après un épisode infectieux. » « Dans notre pays, 92% des décès par infection concernent des 65+ », insiste le Pr Johan Flamaing, gériatre (UZ Leuven et Association belge de Gérontologie & Gériatrie).

La vaccination pour vivre longtemps en bonne santé
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L’effet psychologique

Pour réactiver le taux de protection, l’Adult immunisation board, un collectif d’experts européens de la vaccination, propose un schéma complet de vaccination afin d’aplanir les différences entre pays européens. « L’effet psychologique d’une telle harmonisation est difficile à estimer. Pendant la pandémie de Covid, on a remarqué à quel point la confiance du public pouvait fluctuer lorsque tel pays conseille de se faire vacciner à partir de 60 ans, tel autre à partir de 65 ans et un troisième sans fixer d’âge. Il serait intéressant d’avoir une seule ligne directrice », reconnaît le Pr Van Damme.

Outre la confiance dans la vaccination, le coût joue aussi un rôle. Si les médicaments prescrits sont en grande partie remboursés, un adulte doit parfois mettre (solidement) la main au portefeuille pour se faire vacciner. « Aujourd’hui, les médecins généralistes eux-mêmes hésitent parfois à conseiller à leurs patients âgés, qui en auraient grand besoin, de se faire vacciner contre les pneumocoques ou le zona, juste pour une question de coût. Si on proposait ces vaccins gratuitement ou avec un remboursement partiel, comme pour les enfants, ce serait incitatif et les autorités souligneraient ainsi l’importance de vieillir en bonne santé. »

La vaccination « cocoon » et manquée

Une autre bonne raison de continuer à se faire vacciner adulte: les vaccinations manquées et les rappels. Le vaccin tétanos-diphtérie-coqueluche exige un rappel tous les dix ans, or rares sont les gens qui y pensent.

« Ces rappels sont importants car on voit sporadiquement resurgir des cas de tétanos. Sans vaccination, ce serait encore pire. La vaccination « cocoon » joue aussi un rôle crucial contre la coqueluche. Un grand-parent qui est souvent au contact d’un nourrisson se protège lui-même, mais aussi le tout-petit qui n’est couvert complètement par la vaccination qu’au bout de quinze mois. »

Vaccins adaptés et dosage

Des recherches sont également menées pour mieux adapter les vaccins aux personnes âgées ou à risque accru. « Soit en ajoutant des actifs bien précis, soit en faisant appel aux nouvelles technologies, soit encore en modifiant le dosage.

Le vaccin contre le zona est adapté à un système immunitaire plus âgé et les vaccins antigrippe sont disponibles à un dosage plus fort. Ce qui leur permet d’offrir une meilleure protection. Dans les années venir, on s’attend à davantage de vaccins sur mesure. Idem en ce qui concerne le mode d’administration. On planche sur un nouveau vaccin anti-covid sous forme de spray nasal qui agira via la muqueuse. »

Un système immunitaire en béton

Comme on fait du sport pour entretenir sa forme physique, on peut aussi « muscler » son système immunitaire grâce à la vaccination. « Les rappels ou boosters de vaccins permettent d’entretenir en continu son système immunitaire et de le maintenir alerte jusqu’à un âge avancé.

Cela ne se produit pas du jour au lendemain, mais en se faisant régulièrement vacciner et en n’oubliant pas les rappels (ex. contre la grippe). C’est aussi une bonne façon de booster son immunité contre certaines maladies infectieuses et d’assurer rapidement une bonne réponse immunologique (la mémoire immunitaire). »

Bon à savoir: plus on continue à se vacciner tard, moins on risque de souffrir d’effets indésirables post-vaccin, comme des rougeurs, de la douleur ou de la fatigue.

Vos vaccinations

A Bruxelles et en Wallonie, seules les vaccinations anti-covid sont enregistrées. En savoir plus: brusselshealthnetwork.be et reseausantewallon.be

En Flandre, depuis quelques années, il existe un système de banque de données de la vaccination, sur laquelle on peut se connecter via Vitalink et vérifier quels vaccins on a déjà reçus. Impossible d’y apporter soi-même des ajouts ou des changements, mais si vous remarquez qu’il vous manque certains vaccins, vous pouvez prendre rendez-vous chez votre généraliste. vitalink.be

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