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Mal à l’avant du pied: la faute au névrome de Morton?

Une douleur à l’avant du pied peut être due au névrome de Morton. Un examen clinique bien orienté permet de ne pas le confondre avec d’autres pathologies aux symptômes similaires.

C’est au pied du roi Georges IV que les symptômes du névrome de Morton furent observés pour la première fois, au XIXe siècle. Quelques décennies plus tard, le médecin anglais, Thomas Morton, décrivait la pathologie et lui laissait son nom. Si la tranche d’âge cible du névrome va de 15 à 80 ans, « les femmes en sont affectées dans 75 à 80% des cas, précise Olivier Manil, chirurgien-orthopédiste au CHR de Huy et consultant au Pôle Santé Rive Gauche de Wanze. Les joggeuses autour de 40-50 ans sont particulièrement touchées car le footing entraîne un appui important sur l’avant-pied . »

La compression du nerf

Ainsi donc, le névrome de Morton se forme à l’avant du pied, précisément dans le métatarse, lequel se compose de cinq os longs. Appelés « métatarsiens », ces os sont reliés aux phalanges des orteils par une tête . « Dans 80% des cas, le syndrome de Morton se forme dans le troisième espacement inter-métatarsien, c’est-à-dire entre les troisième et quatrième orteils en partant du gros orteil, explique Oliver Manil.

L’avant du pied est une zone qui reçoit une forte charge mécanique. Le port de chaussures serrées ou à talons hauts augmente la poussée sur cette zone du pied, ainsi que sa compression. Dans ces conditions, le nerf, qui peut se trouver coincé entre les os et leur ligament, s’épaissit. L’influx nerveux est alors désorganisé, provoquant des douleurs, un endormissement, une hyper ou hyposensibilité, des picotements, des fourmillements.

Le patient explique que plus il marche, plus il souffre. Il doit enlever ses chaussures en cours de marche pour se masser le pied. Le névrome de Morton peut se manifester dans un autre espace inter-métatarsien et toucher les deux pieds, mais ces deux éventualités sont plutôt rares . »

Un examen clinique indispensable

Une douleur à l’avant du pied doit, en premier lieu, conduire à consulter son médecin traitant. « Celui-ci réalise un bilan destiné à exclure toute autre pathologie comme la fracture de fatigue, l’arthrose, l’ostéoporose ou encore une nécrose osseuse qui peuvent provoquer les mêmes symptômes. À cette fin, le généraliste oriente son patient vers un spécialiste, à savoir un chirurgien orthopédiste, un rhumatologue ou encore un physiothérapeute.

Les antidouleurs et anti-inflammatoires font partie des traitements privilégiés dans un premier temps.

Le spécialiste, de son côté, va soupçonner la présence d’un névrome lorsque le patient ressent une vive douleur à la pression de l’espace entre les troisième et quatrième métatarsiens et à l’enserrement du pied. Le diagnostic du syndrome de Morton par échographie est difficile car cette technique manque de précision. Elle va plutôt aider à exclure d’autres pathologies. L’examen de choix est l’IRM car il étudie les tissus mous, mais il est proposé quand le patient, devenu résistant aux traitements conservateurs, doit être dirigé vers l’opération . »

Les semelles orthopédiques

Les antidouleurs et anti-inflammatoires font partie des traitements conservateurs privilégiés dans un premier temps. « Le patient est également invité à modifier sa chaussure. Il faut qu’elle soit assez large pour laisser de la place au jeu des orteils. La hauteur du talon ne doit pas dépasser quatre à cinq centimètres afin d’éviter un appui trop important sur l’avant-pied.

Par ailleurs, la semelle orthopédique est un des traitements conservateurs de choix: la matière de la semelle est augmentée, un petit relief est ajouté en amont du site douloureux de manière à diminuer les sollicitations mécaniques lors de la marche, à alléger la charge des métatarsiens et empêcher l’appui sur le névrome.

De la kiné peut également être prescrite pour soulager le patient. En cas de douleur persistante à ce stade de prise en charge, on peut réaliser deux, voire trois infiltrations de dérivés de cortisone qui ont un effet anti-inflammatoire. Ces traitements soulagent 50% des patients. »

L’excision du névrome

Si ces traitements conservateurs ne s’avèrent pas concluants, la chirurgie est proposée pour retirer le névrome de Morton. « L’opération, qui a lieu en clinique de jour et sous anesthésie locale, donne un bon résultat chez 80 à 90% des patients. La convalescence dure environ six semaines. La reprise de l’appui sur le pied et la marche se font naturellement en fonction de la douleur ressentie ou pas. »

Diminuer la douleur

Il y a trois ans et demi, le Dr Olivier Manil a diagnostiqué un névrome de Morton au pied droit de Christine. « Le spécialiste m’a prescrit des semelles orthopédiques, raconte-t-elle. Je porte désormais des chaussures plates, fermées et plus larges. Il m’arrive encore d’avoir mal, environ une fois par mois, souvent quand je suis fatiguée, après en avoir trop demandé à mon corps. Un antidouleur me soulage pour un bout de temps. Ces adaptations me permettent de vivre avec le névrome de Morton. »

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