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Marcher jusqu’au bloc opératoire accélère le rétablissement

Au lieu d’être transportés dans un lit jusqu’à la salle d’opération, les patients de l’hôpital AZ Groeninge de Courtrai montent de manière autonome sur la table d’opération. Cette approche innovante utilisée aujourd’hui pour les chirurgies pulmonaires et les accouchements permet aux patients d’être moins anxieux et de se rétablir plus rapidement.

Se rendre à pied au bloc opératoire fait aujourd’hui partie de la politique de récupération rapide que l’hôpital de Courtrai applique pour favoriser le rétablissement des patients après une intervention chirurgicale majeure. « Nous avions remarqué que les patients amenés dans la salle d’opération dans un lit ou un fauteuil roulant arrivaient la plupart du temps mal à l’aise et anxieux », explique le Dr Philip Lerut, chirurgien pulmonaire. « C’est compréhensible. Dans une position allongée, vous êtes complètement dépendant des autres, vous perdez tout contrôle et vous ne voyez que les lumières du plafond. Les gens sont de toute façon déjà un peu nerveux avant une opération et une telle position ne fait qu’accroître la tension. Au moment où les patients arrivent au bloc opératoire, le stress et l’anxiété ne font qu’augmenter à cause de ce mode de transport. »

Le fait de permettre aux patients atteints de maladies pulmonaires d’entrer eux-mêmes dans la salle d’opération en compagnie d’un professionnel de la santé change toute l’expérience. Cela semble être un détail mais l’impact est considérable. « Les gens marchent côte à côte, ce qui invite davantage à bavarder en cours de route et fournit exactement la distraction nécessaire. En conséquence, les patients arrivent détendus et libèrent beaucoup moins d’hormones de stress. Les patients opérés sans stress présentent également un traumatisme postopératoire beaucoup moins important, tandis que les patients qui sont anxieux au moment de passer sous le scalpel font état de plus de douleurs par la suite. Cela a également été prouvé scientifiquement », déclare le Dr Lerut.

Respiration

Réaliser un peu d’exercice avant de subir une opération – même s’il ne s’agit que de marcher – serait également bénéfique pour votre état de santé général. « Il y a beaucoup d’arguments en faveur de cette pratique. Plus les personnes doivent rester allongées longtemps, plus le risque de thrombose est élevé. Se dégourdir les jambes de temps en temps est une recommandation donnée depuis longtemps pour les longs voyages en avion. » Le fait de marcher jusqu’à la salle d’opération présente un autre avantage: cela stimule la respiration. « C’est important, surtout en chirurgie pulmonaire. En marchant, les gens peuvent inspirer et expirer profondément et ainsi absorber suffisamment d’oxygène. Dans la pratique, nous constatons que les personnes qui ont fait travailler leurs poumons correctement au préalable récupèrent plus facilement par la suite. En même temps, nous avons cessé d’utiliser des sédatifs avant l’opération. Non seulement les patients qui arrivent détendus n’en ont pas besoin, mais il est également préférable que les gens participent consciemment à la préparation de leur propre opération, souligne le Dr Lerut.

Le protocole de récupération rapide se poursuit après l’opération. Ainsi, on aide déjà les patients à s’asseoir quelques heures après leur réveil et à se tenir debout le soir, après avoir évaluer l’état de le personne. Mais le fait de pouvoir se mouvoir rapidement après l’opération stimule la récupération.

Shanghai

Se rendre à pied au bloc opératoire est loin d’être banal dans notre pays. Dans la plupart des hôpitaux, être transporté en lit reste la norme, mais dans d’autres pays, le fait de marcher jusqu’à la salle d’opération est une pratique mise en place depuis un certain temps. « Lors d’une visite dans un hôpital de Shanghai, où l’on pratique chaque année ce type d’opération à grande échelle, j’ai remarqué que les patients se rendaient aussi à pied jusqu’au bloc opératoire pour des raisons pratiques. Compte tenu des expériences positives constatées là-bas, nous avons décidé, avec notre chirurgien hépatique, le Dr Mathieu D’Hondt, d’essayer cette méthode ici aussi, dans le cadre d’un projet pilote mené auprès de patients atteints de maladies pulmonaires et hépatiques. Cela s’est avéré être un succès ! »

Cette nouvelle méthode nécessite naturellement des ajustements pratiques et une flexibilité organisationnelle. Par exemple, le lit d’hôpital doit désormais être apporté séparément à chaque fois, et la zone d’attente devant le bloc opératoire a été rendue plus agréable. « L’ensemble du tableau a été façonné dans ce qu’on appelle un parcours de soins, de sorte que tous les prestataires de soins – de l’aide-soignante au chirurgien et au physiothérapeute – agissent exactement selon les mêmes routines. »

Obésité

Outre les chirurgies du foie et des poumons, des chirurgies de l’obésité impliquant un bypass gastrique ont récemment été organisées de cette manière. « Les personnes obèses ont souvent du mal à respirer profondément, surtout lorsqu’elles sont couchées, ce qui augmente le risque de pneumonie après une opération. En outre, elles présentent un risque plus élevé de thrombose veineuse profonde, de sorte que le fait de marcher jusqu’au bloc opératoire peut également être très bénéfique pour elles. »

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