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Mon médicament est en rupture de stock: que faire?

La liste des médicaments actuellement indisponibles s’allonge de mois en mois, sans qu’une solution se profile à l’horizon. Comment expliquer cette situation et comment y faire face?

1. Pourquoi tant de médicaments manquent-ils à l’appel?

« Il y a plusieurs explications, analyse Michael Storme, pharmacien et secrétaire général néerlandophone de l’association pharmaceutique belge (APB). Notamment une pénurie de certains ingrédients, tant au niveau des molécules que des emballages. A cela s’ajoutent toutes sortes de soucis de production, ainsi que la délocalisation en Asie de nombreuses unités de fabrication. Autre problème: l’exportation de médicaments vers l’étranger. Comme les distributeurs y obtiennent des prix plus élevés, ils privilégient le marché extérieur.

Parfois, les laboratoires décident aussi d’arrêter la production de tel ou tel médicament dont le brevet tombe dans le domaine public, ce qui le rend moins lucratif. C’est également valable pour les génériques.

Enfin, il y a l’augmentation soudaine, et difficile à estimer, de la demande pour certains produits, comme les antidouleurs et les médicaments contre les affections aiguës. Pendant la crise du Covid, les infections banales de la sphère ORL ont quasi disparu mais, cet hiver, on a assisté à une nouvelle flambée, alors que les capacités de production n’étaient clairement pas suffisantes. »

2. Que faire si un médicament est indisponible?

« Il y a presque toujours une solution, mais cela demande du sur-mesure. Ainsi, le pharmacien peut proposer un médicament générique, c’est-à-dire à base du même principe actif et au même dosage. S’il n’en trouve pas, votre pharmacien(ne) peut vous proposer un médicament aux actifs identiques mais avec un autre dosage et adapter la dose en fonction.

Une autre option consiste à importer un produit de l’étranger. Un règlement est en cours d’élaboration pour que cette solution n’entraîne plus de surcoût pour les patients. Si l’ingrédient est disponible, votre pharmacien(ne) peut aussi éventuellement, avec l’accord de votre médecin, faire une préparation magistrale.

Si rien de tout cela n’est possible, et uniquement en accord avec le médecin, on songera à un autre médicament de même classe mais avec un autre actif. »

3. Dois-je faire des réserves en vue d’une pénurie?

« Nous déconseillons formellement de constituer des réserves, car cela ne fait qu’aggraver le problème de pénurie. Faites une petite réserve de quelques médicaments utiles et contactez votre pharmacien(ne) environ deux semaines avant de tomber à cours. Ainsi, il ou elle aura le temps de se procurer les médicaments ou de trouver une alternative.

S’adresser à une pharmacie étrangère est souvent plus coûteux et le remboursement par l’assurance maladie risque de provoquer des tracasseries administratives. Les médicaments soumis à des quotas, c’est-à-dire pour lesquels les producteurs fixent une certaine capacité de production pour chaque pays afin de tenir compte des différences de prix d’un pays à l’autre – sont généralement livrés au début de chaque mois. »

4. A quoi faire attention si on me propose un médicament de remplacement?

« S’il s’agit d’un médicament avec le même principe actif et le même dosage, cela ne pose en principe pas de problème, même si certains excipients (substances associées au principe actif afin de faciliter l’administration) diffèrent. Il n’est pas impossible que cela influe sur les effets secondaires.

Prudence en revanche avec les médicaments de remplacement présentés sous une forme différente (ex. des cachets au lieu d’un sirop) ou avec un autre dosage. Suivez les conseils de votre pharmacien(ne) quant à la dose et au mode d’emploi, qui peuvent varier. »

5. Que faire si une prescription n’est plus valable?

« Contactez votre médecin et demandez-lui une nouvelle ordonnance. Bien souvent, il peut la rédiger à distance. »

6. Certains médicaments sont-ils impossibles à remplacer?

« Il y a des médicaments qui sont effectivement impossibles à remplacer. C’est le cas de certains antiépileptiques, des immunoglobulines et des médicaments renforçant le système immunitaire. En général, ils concernent des groupes de patients bien spécifiques pour lesquels il n’existe pas d’alternative. En cas de pénurie, ces patients bénéficient d’une priorité absolue. Une autre solution consiste, par exemple, à échelonner un traitement chronique, en accord avec le médecin traitant, en prenant des doses un peu plus faibles. »

7. Pourquoi mon médecin me prescrit-il un médicament en pénurie? Ne s’informe-t-il pas au préalable?

« La disponibilité des médicaments devrait être couplée au logiciel de prescription des médecins. Mais il y a un délai entre le moment où votre médecin vous prescrit un médicament et le moment où ce médicament est retiré en pharmacie, ce qui explique que la situation puisse changer. »

Où puis-je vérifier si un médicament est disponible ou pas?

« Rendez-vous sur pharmastatut.be, une initiative de l’AFMPS (l’Agence fédérale des médicaments), mais vous n’y verrez que les médicaments non disponibles depuis plus de 14 jours. Cela crée parfois de la confusion car, dans les faits, il se peut que votre pharmacie ne dispose pas d’un médicament censé être en stock. Ce n’est pas rare, surtout pour les médicaments soumis à des quotas par pays. »

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