© Getty Images

Tout savoir sur la greffe de cheveux

Les implants capillaires remportent un succès grandissant comme solution définitive à la perte de cheveux. Depuis quelques années, les techniques ne cessent de s’améliorer.

Il existe plusieurs pistes pour limiter ou stopper la chute des cheveux. De la prise de médicaments aux interventions non-invasives, en passant par les implants associés à la tricopigmentation capillaire, sans oublier les traitements par cellules souches qui commencent à faire parler d’eux. Le Dr Bijan Feriduni, chirurgien capillaire, suit de près les moindres évolutions du secteur. «De toutes les opérations de chirurgie esthétique, ce sont les implants capillaires qui offrent les résultats les plus durables, assure-t-il. Souvent même à vie, mais encore faut-il savoir sélectionner les patients.

Les hommes concernés par une forme masculine et héréditaire de perte de cheveux (l’alopécie androgénique) sont d’excellents candidats. Ils sont confrontés à un recul de la ligne des cheveux, en particulier sur les tempes ou le haut du crâne. Les implants donnent aussi de très bons résultats chez les femmes dont la ligne de front recule ou dont la chevelure dessine un M, avec les tempes ou les côtés qui se dégarnissent. Mais en cas de perte diffuse de cheveux sur tout le crâne, soit la forme la plus fréquente d’alopécie chez la femme, les implants sont à proscrire, notamment parce que les zones donneuses sont, elles aussi, affinées. C’est également valable pour la perte de cheveux d’origine médicale comme en cas de maladie auto-immune (alopecia areata), de troubles thyroïdiens ou autres.»

L’analyse de terrain

Le succès des implants capillaires dépend principalement de la zone donneuse, car c’est là que le chirurgien va prélever les follicules pour les greffer sur les zones dégarnies. «D’où l’importance d’une bonne analyse de terrain lors d’une première consultation. Outre la quantité de cheveux donneurs, en général localisés sur la couronne du crâne et à l’arrière, nous vérifions aussi leur qualité. Enfin, il faut se pencher sur l’évolution probable de la chevelure du patient dans les dix ans à venir. Car on doit viser un résultat optimal à long terme aussi. Imaginons qu’on ait regarni l’avant de la chevelure d’un homme d’environ 40 ans, mais que, quelques années plus tard, le haut de son crâne se dégarnisse. De nouveaux implants pourront régler la question à condition qu’il dispose encore d’assez de cheveux donneurs. Sans quoi, il se retrouvera avec l’avant du crâne regarni mais le dessus chauve. Dans notre clinique, nous sommes obligés d’annoncer à environ 40% des gens que les implants ne sont pas indiqués dans leur cas.»

Quid des donneurs tiers?

Les hommes de 50 à 60 ans qui voient leur ligne de cheveux reculer sont les patients les plus indiqués. «Parce que chez eux, on cerne bien le type d’alopécie. Souvent, une seule greffe suffit déjà à les aider, alors que chez un homme plus jeune l’évolution de la chevelure est plus difficile à prévoir.»

De toutes les techniques, ce sont les implants capillaires qui offrent les résultats les plus durables.

Greffer des follicules pileux d’un donneur tiers n’est, en revanche, pas possible. La peau forme une puissante barrière immunologique pour empêcher toute intrusion de corps étranger. Les follicules pileux d’un donneur seraient rejetés. «C’est tant mieux car cela serait la porte ouverte à toutes sortes d’abus en dehors de nos frontières. Cela dit, il y a des exceptions. Un implant externe fonctionne entre des jumeaux identiques, dont l’un aurait par exemple perdu ses cheveux accidentellement. Nous avons eu le cas: on a pu greffer des cheveux donnés par un frère jumeau homozygote, donc à l’ADN identique.»

Des techniques précises

Aujourd’hui, le top en matière de greffe de cheveux est la technique dite FUE (Follicular Unit Extraction) qui permet de prélever à l’aide d’une aiguille creuse très fine les follicules pileux, un à un, dans la zone donneuse. Les instruments utilisés sont de plus en plus précis, ce qui réduit le risque de cicatrices. Le médecin reconstruit ensuite la ligne capillaire et réalise de minuscules incisions à l’aide d’un bistouri sur mesure aux endroits où il va implanter de nouveaux follicules pileux. Il est important de tenir compte du sens de la pousse des cheveux et de leur implantation pour assurer une transition naturelle avec les cheveux présents.

«Cette technique convient aussi chez les femmes qui voudraient par exemple abaisser leur ligne de cheveux. Contrairement à ce qu’on croit, il n’est pas nécessaire de raser une grande zone de cuir chevelu donneur de follicules. On se contente en général d’une petite zone à l’arrière du crâne qui sera ensuite facilement camouflée en laissant pendre les cheveux au-dessus.

Pendant les premières semaines, il suffit de coiffer ses cheveux vers l’avant pour qu’on ne remarque rien du tout. Contrairement à certaines autres interventions esthétiques, on agit le plus subtilement possible. Le résultat peut être visible bien sûr, mais pas l’intervention elle-même.»

La technique FUT (Follicular Unit Transplantation), très fréquente jusqu’il y a peu, n’est plus guère utilisée, notamment parce qu’elle laissait pas mal de cicatrices et nécessitait une intervention sensiblement plus longue. Elle consiste à prélever sous anesthésie locale des zones entières de cheveux, puis à préparer les follicules pileux à la transplantation.

Les cellules souches

Outre les traitements aux PRP qui relancent la pousse des cheveux grâce au plasma riche en plaquettes (et en facteurs de croissance), d’autres techniques, comme celle des cellules souches, capables de fabriquer n’importe quelle cellule présente dans l’organisme, sont prometteuses. Grâce à un procédé particulier, on en extrait des facteurs de croissance qu’on réinjecte dans le cuir chevelu. Cette approche n’a pas encore été approuvée en Europe, mais les résultats semblent prometteurs ailleurs dans le monde. Dans un avenir proche, je m’attends à ce que cette technique soit admise au titre de traitement régénératif complémentaire, à côté des médicaments et des greffes .

La touche finale

En touche finale, après une greffe de cheveux sur des zones assez étendues, le médecin prévoit une tricopigmentation, histoire d’atténuer le contraste entre la peau et les cheveux. Il s’agit d’un traitement non-invasif qui consiste à appliquer sur le cuir chevelu des micro- pigments de la même teinte que les cheveux, afin de renforcer visuellement l’effet de «regarnissage», donc de densifier la chevelure de manière optique.

«Contrairement au tatouage ou à la micro-pigmentation, il s’agit d’un traitement temporaire. Il dure un à deux ans, avec l’avantage de pouvoir jouer sur une modification de la couleur des cheveux. Si les cheveux sont blancs ou grisonnants, un cuir chevelu pigmenté brun, par exemple, serait tout sauf naturel.» Chez les femmes dont la chevelure s’affine de manière diffuse et ne peuvent donc pas bénéficier d’une greffe, la tricopigmentation peut donner une impression de densité.

Rectifications

Les implants capillaires exigent un travail minutieux et coûtent cher, si bien que nombre d’hommes et de femmes les font faire à l’étranger où on peut se les offrir pour moitié moins cher qu’en Belgique et changer de coiffure par la même occasion. «Ce n’est pas toujours une réussite, insiste le Dr Feriduni. Dans son cabinet, un tiers des consultations consiste à rectifier les erreurs commises. Il peut s’agir de retouches esthétiques pour corriger une ligne de front peu naturelle ou implantée trop bas. Parfois, on n’a tenu aucun compte des cheveux qui, chez les hommes, poussent à contre-sens à hauteur des tempes. Oublier ce détail, c’est risquer de les voir repousser en cercle et d’avoir un effet Mickey Mouse!

Comptez 8.000 à 10.000 € pour une greffe totale et environ 8 à 10 heures d’intervention.

«Rectifier les erreurs est possible pour autant qu’il reste suffisamment de zones de cheveux donneuses. Sinon, la seule solution consiste à prélever des poils de barbe ou sur la poitrine. Mais ils ont un cycle de pousse totalement différent et plus court, si bien qu’ils ne sont pas idéaux.»

Et le prix?

Les techniques de pointe assurent de bien meilleurs résultats qu’avant, mais elles sont assez coûteuses. Comptez 8.000 à 10.000 € pour une greffe complète et environ 8 à 10 heures d’intervention. «Il faut savoir que lors de ce type d’opération, je fais intervenir six infirmiers/infirmières, ainsi qu’un assistant pour transplanter un à un tous les follicules pileux. Malgré des instruments d’une précision sans cesse améliorée, cela reste un travail manuel d’une grande minutie. Si on voulait aller plus vite, ce serait au détriment de la qualité. Or quand je vois que le prix des greffes est tellement bon marché à l’étranger, il me semble impossible que la même qualité soit au rendez-vous.

Veillez donc à bien vous informer auprès du médecin qui s’occupera de vous et pas seulement chez un consultant en soins capillaires. Faites des recherches au préalable: vérifiez les plateformes sur internet et ne vous fiez qu’à un chirurgien sérieux et expérimenté.»

Après une greffe

La première semaine, le cuir chevelu peut présenter des œdèmes, une irritation, quelques croûtes, démanger et être hypersensible. Dès la deuxième ou troisième semaine, les croûtes disparaissent et la plupart des cheveux greffés tombent. Cette chute due au choc, peut aussi concerner les follicules autour de la zone donneuse, mais ça repousse. C’est la période dite «ugly duck» – un peu moche – où on se trouve moins bien qu’avant. Mais au bout de trois à cinq mois, de nouveaux cheveux, plus résistants, émergent des follicules transplantés. Le résultat final se voit au bout d’environ un an, avec une chevelure densifiée.

Lire plus de:

Contenu partenaire