© Edward Jenner/pexels

Une recherche belge veut traiter les tumeurs du foie grâce à un vaccin contre le cancer

La recherche scientifique sur le cancer est sur le point de connaître une révolution grâce à l’intelligence artificielle. C’est ce qu’affirment les experts de la Fondation contre le Cancer à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer. L’une des études les plus novatrices et très attendues concerne le développement d’un vaccin personnalisé pour le traitement du cancer du foie.

La Fondation contre le Cancer n’hésite pas à employer de grands mots et souligne que l’intelligence artificielle (IA) est un véritable gamechanger pour la recherche en oncologie. « Nous observons actuellement une accélération spectaculaire, tant au niveau du diagnostic que des traitements », assure la Dre Veronique Le Ray, directrice médicale de la Fondation.

Médecine de précision

Ainsi, le diagnostic précoce du cancer devient de plus en plus accessible grâce à une imagerie médicale améliorée. L’intelligence artificielle permet de détecter des lésions invisibles à l’œil nu. C’est notamment dans ce domaine qu’intervient le projet innovant du professeur Timon Vandamme, qui analyse la génétique des tumeurs neuroendocrines difficiles à détecter. Ces dernières peuvent se développer, entre autres, dans le système gastro-intestinal et les poumons.

« Il est désormais possible de mieux comprendre les mécanismes du cancer et d’analyser d’immenses bases de données. L’apport de l’IA nous permet d’évoluer rapidement vers une médecine de précision, avec des traitements plus ciblés et moins de thérapies inutiles. »

Plusieurs avancées majeures

La Fondation contre le Cancer investit plus de 68 millions d’euros dans plusieurs projets prometteurs, avec l’espoir de transformer durablement le traitement du cancer. Outre les recherches sur la détection précoce, un projet particulièrement ambitieux retient l’attention: celui du professeur Diether Lambrechts, en collaboration avec les professeurs Jeroen Dekervel (UZ Leuven) et Bart Vandenkerckhove (UZ Gent). Leur objectif est de développer un vaccin personnalisé unique visant à renforcer l’efficacité de l’immunothérapie chez les patients atteints d’un cancer du foie avancé. Ce projet suscite également un fort intérêt au niveau international.

Le professeur Diether Lambrechts explique : « Aujourd’hui, l’immunothérapie ne fonctionne pas pour tous les types de cancer ni pour tous les patients. Notre recherche vise à améliorer l’efficacité des traitements d’immunothérapie basés sur les checkpoints immunitaires, en trouvant des moyens d’activer davantage le système immunitaire des patients. Nous nous concentrons sur l’approche des vaccins à ARNm pour les personnes atteintes d’un cancer du foie avancé. Il s’agit d’un cancer relativement fréquent, en forte progression, et souvent mortel. Bien que sensible à l’immunothérapie, environ 30 à 40% des patients développent une résistance, rendant le traitement inefficace ou insuffisant. »

Vaccins contre le Covid

Le développement des vaccins contre le Covid-19 a accéléré l’avancée de la technologie ARNm, dont la recherche peut désormais bénéficier pour créer des vaccins contre le cancer. La nouvelle approche testée à Leuven sur des patients atteints d’un cancer du foie est l’un des exemples les plus poussés de thérapie personnalisée: chaque patient recevra un vaccin unique, conçu spécifiquement pour lui.

Le processus commence par une biopsie de la tumeur, permettant d’identifier les antigènes (ou protéines) qu’elle produit. Chaque tumeur génère ses propres antigènes, ce qui justifie cette personnalisation. « Sur base de ces antigènes spécifiques, un vaccin à ARNm est conçu afin d’activer davantage les lymphocytes T, véritables soldats du système immunitaire, pour mieux cibler ces antigènes », expliquent les chercheurs.

Une fois injecté, ce vaccin vient renforcer le système immunitaire du patient. Associé à l’immunothérapie, il pourrait améliorer significativement les résultats des traitements, voire ouvrir la voie à une guérison pour certains patients.

Cancers de la tête et du cou

Il y a également de l’espoir pour les cancers de la tête et du cou, parmi les plus agressifs, avec un taux de survie moyen d’environ 50%. Une approche innovante pourrait améliorer leur prise en charge: la théranostique, qui associe diagnostic et thérapie, est actuellement étudiée pour le traitement de ces tumeurs.

La professeure Sophie Laurent (UMons) explore l’utilisation de nanoparticules contenant du bore, à la fois pour le diagnostic et le traitement. Cette technologie vise à optimiser l’absorption du bore par les cellules tumorales, permettant ensuite une destruction plus ciblée de ces cellules.

« Cette approche offre aux patients atteints d’un cancer de la tête et du cou non seulement de meilleures chances de survie par rapport aux traitements conventionnels comme la chirurgie et la radiothérapie, mais aussi un traitement plus humain avec moins d’effets secondaires », explique la professeure Laurent.

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