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Une revalidation plus rapide pour la hanche et le genou

Grâce à la chirurgie mini-invasive, le temps d’hospitalisation est aujourd’hui plus court et la récupération plus rapide. La clé d’une revalidation réussie? Marcher, nager, pédaler et devenir acteur de sa nouvelle mobilité.

En Belgique, 25.000 prothèses de genou et plus de 30.000 prothèses de la hanche sont placées chaque année. Les hanches et les genoux sont, en effet, parmi les articulations les plus sollicitées du corps humain. Une mécanique bien rôdée qui, avec l’âge et l’usure du cartilage (arthrose), peut se gripper. Douleur chronique, raideur, diminution de l’amplitude articulaire rendant difficiles certains mouvements (se pencher, monter les escaliers...), blessures causées par une chute ou une sollicitation excessive: quand les traitements classiques ne soulagent plus, il faut parfois envisager de les remplacer par une prothèse.

«Nous espérons tous la meilleure qualité de vie en avançant en âge et on consulte plus tôt», constate Jérôme Hendrickx, kinésithérapeute aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Les interventions se font donc plus précocement que par le passé, en moyenne autour de 70 ans, avec 60% de femmes et 40% d’hommes concernés. «On a beaucoup moins de patients en fauteuil roulant, qui ne peuvent plus marcher du tout.»

Rester actif avant l’intervention

«La majorité des patients avec un genou ou une hanche douloureuse choisissent donc de se faire opérer en connaissance de cause, sans urgence», précise Etienne Pendeville, chef du service de kinésithérapie et ergothérapie aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Cela permet de mieux préparer l’intervention. «Avant l’intervention, nous organisons une consultation chez une infirmière coordinatrice, explique Jérôme Hendrickx. Cela va permettre de donner des conseils, de démystifier la chirurgie et d’encourager à rester actif. Il y a quelques années, on avait encore souvent des patients qui voyaient la chirurgie comme une délivrance et qui, en attendant, restaient assez passifs, mais une intervention de ce type, ça se prépare.»

Si les muscles entourant la future prothèse sont solides, la revalidation sera plus rapide.

En particulier en continuant à bouger. En effet, si les muscles entourant la future prothèse sont solides, la revalidation sera plus rapide et les résultats meilleurs. De même, avant l’intervention, il est nécessaire de s’assurer qu’il n’existe pas de foyer infectieux dans l’organisme (dents, sinus...) afin de réduire le risque de complications. En cas de surpoids, la perte de quelques kilos permettra également de favoriser une bonne revalidation. «Après la mise en place de la prothèse, un patient qui aura préservé sa souplesse et son potentiel musculaire va récupérer plus rapidement de l’amplitude articulaire ; sa fatigabilité sera moindre, précise Jérôme Hendrickx. Le bénéfice est aussi psychologique. Développer des comportements positifs en amont de la chirurgie permet d’être acteur de sa thérapie et d’avoir la clef de la réussite entre ses mains.»

Des interventions moins lourdes

Aujourd’hui, la pose de prothèses de la hanche ou de genou se fait par voie mini-invasive, sous anesthésie générale ou loco-régionale. «La voie mini-invasive signifie que l’opération ne nécessite plus de désinsérer/détacher les muscles», détaille Etienne Pendeville. Il s’agit donc d’une intervention beaucoup moins lourde. «Souvent, les patients redoutent l’intervention car ils ont à l’esprit le cas d’une grand-mère ou d’une tante qui s’est fait opérer... mais depuis, la chirurgie de la hanche et du genou a connu une véritable révolution», poursuit-il. Le processus de récupération est donc beaucoup plus rapide, avec des durées d’hospitalisation qui n’excèdent plus deux ou trois jours.

«Certains patients se lèvent le jour même ou le lendemain...», observe le chef de service de Saint-Luc. Depuis le covid, certaines opérations peuvent même se réaliser en ambulatoire. «En Belgique, ça ne représente actuellement que 0,2% des interventions, poursuit-il. Mais les études ont montré que chez des patients dans un bon état de santé, il n’y avait pas plus de complications en ambulatoire qu’à l’hôpital.»

Après l’intervention, la plupart des patients peuvent rentrer chez eux. Le séjour dans un centre de revalidation ne sera nécessaire que si leur domicile n’est pas adapté, qu’ils n’ont pas d’entourage pouvant les aider au quotidien dans les jours qui suivent et/ou s’il existe un risque de chutes accru. Les séances de kiné elles-mêmes ne sont plus systématiques pour les opérations de la hanche. Les patients avec une bonne musculature se voient plutôt prescrire un programme d’exercices à réaliser eux-mêmes à la maison. Le suivi par un kiné interviendra éventuellement dans un second temps, si le chirurgien le juge nécessaire.

Pour les prothèses du genou, en revanche, il faut compter 60 séances de kiné réparties sur deux mois et demi en moyenne. «Il faut distinguer les prothèses totales et les prothèses unicompartementales (partielles), qui respectent mieux la biomécanique du genou, notamment les ligaments et les croisés, et permettent donc une récupération plus rapide», précise Etienne Pendeville.

Aujourd’hui, l’Inami étudie par ailleurs les bénéfices de la rééducation à distance, soit des exercices que le patient peut effectuer via une application dédiée et un bracelet intelligent. Le kiné peut alors de son côté adapter les exercices en fonction des besoins et résultats. Une alternative intéressante pour les patients familiers des outils numériques.

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Auto-rééducation

«La meilleure rééducation, c’est l’auto-rééducation, insiste Etienne Pendeville. Un patient peut commencer avec le vélo et dès qu’il récupère de la mobilité, essayer d’augmenter la résistance. De même, la piscine, la marche, la randonnée sont des activités que le patient doit reprendre le plus vite possible, en s’écoutant.» On considère que l’intervention donnera tous ses bénéfices environ un an après pour la prothèse de la hanche et jusqu’à deux ans après pour celle du genou. Selon les études, 90% des patients avec une prothèse de hanche sont satisfaits du résultat. Pour les genoux, c’est 80%. Car même avec une prothèse, les douleurs au niveau de l’articulation endommagée peuvent persister. Etienne Pendeville invite cependant à relativiser: «On oublie souvent combien on avait mal avant l’intervention... Par ailleurs, les personnes qui ont encore des douleurs sont souvent plus âgées, avec des comorbidités, de l’arthrose au niveau de la colonne... Les douleurs viennent parfois plus de là que de la prothèse.»

Pour éviter les déconvenues et les frustrations, il importe de mettre au clair les attentes du patient avant l’intervention. «La première attente est de ne plus avoir mal. Mais certains espèrent pouvoir rejouer en double au tennis tandis que d’autres veulent simplement pouvoir aller faire leurs courses », constate Etienne Pendeville. «Il faut partir du profil du patient pour viser des objectifs qui soient stimulants et réalisables – un patient qui n’a jamais skié ne va pas se mettre à skier après l’intervention », ajoute Jérôme Hendrickx.

Selon les études 90% des patients avec une prothèse de hanche sont satisfaits du résultat.

Avec une durée de vie de vingt à trente ans pour la hanche et de quinze à vingt ans – voire vingt-cinq ans –pour le genou, peu de prothèses devront être remplacées. «Seules les prothèses de genou unicompartimentales nécessiteront parfois de réopérer après dix ou quinze ans, non pas parce que la prothèse est abîmée mais souvent parce que l’autre compartiment du genou est en souffrance.» En règle générale, une bonne musculature, une bonne santé osseuse et une activité physique régulière permettront de vivre confortablement – et longtemps – avec sa prothèse.

La prévalidation

Pour que les patients soient plus rapidement sur pied, de plus en plus d’hôpitaux misent sur la «prévalidation» active.

Il est très important de bien s’alimenter. Quand on est malade ou qu’on a mal, on perd souvent l’appétit, ce qui peut entraîner des carences nutritionnelles. Un apport insuffisant en énergie et en protéines peut entraîner une perte de poids, de masse musculaire et de force, ce qui réduit également la mobilité. En moyenne, les personnes présentant une forme de malnutrition passent un jour et demi de plus à l’hôpital. Veillez donc à consommer des calories supplémentaires et des produits riches en protéines: viande, poisson, produits laitiers, légumineuses, soja... Si vous avez du mal à manger, fractionnez les repas en plusieurs petites portions réparties dans la journée. Les personnes en surpoids peuvent également souffrir de carences en vitamines et minéraux qu’il est préférable de combler à l’avance. Entamer un régime avant une opération n’est généralement pas une bonne idée, car cela soumet le corps à un stress supplémentaire.

• Buvez sept à huit verres d’eau par jour pour vous hydrater suffisamment.
• Veillez à absorber suffisamment de protéines, mais aussi d’hydrates de carbone (céréales complètes), de vitamines et de minéraux par le biais de votre alimentation.
• Si vous êtes en surpoids, il n’est bien entendu pas nécessaire de manger plus.

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