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Fêter ses 60, 70 ou 80 ans... Un cap difficile pour certains

Votre gâteau compte 50, 60, 70 ou 80 bougies? Félicitations, ça se fête! Sauf quand on le vit comme une épreuve... Et si c’était tout de même l’occasion de marquer le coup et de se relancer?

Mais pourquoi accordons-nous une si grande importance à l’âge? Les scientifiques ont depuis longtemps prouvé que le processus et la vitesse du vieillissement variaient d’un individu à l’autre. C’est donc loin de n’être qu’une question d’années. Qui plus est, physiologiquement, rien ou presque ne change entre l’approche du jour J et un anniversaire, même lorsqu’on change de décennie. Et pourtant… Dans nos sociétés modernes, les passages de la cinquantaine à la soixantaine, puis à la septantaine et au-delà, sont souvent considérés comme des moments-pivots de l’existence. «Ces anniversaires constituent des moments symboliques, comme il en existe dans toutes les cultures et à toutes les époques, explique le Dr Caroline Depuydt, médecin psychiatre cheffe de service à la clinique Fond’Roy (Bruxelles). Nous avons besoin de tels points d’arrêt pour passer d’une étape de vie à une autre.»

Retrouver le positif

Là où, autrefois, des cérémonies religieuses rythmaient le passage de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge adulte et enfin au «troisième âge» (dans lequel on entrait finalement assez jeune), les anniversaires ont aujourd’hui pris le relais. A fortiori les anniversaires dans lesquels un nouveau chiffre de dizaine apparaît. La cinquantaine marque en principe la fin du chapitre «enfants à élever, maison à payer», dans laquelle la vie file comme sur une autoroute. La soixantaine signifie l’approche de la fin de la vie professionnelle: selon l’OCDE, l’âge effectif moyen de sortie du travail en Belgique est d’un peu moins de 61 ans. Quant aux caps de la septantaine et des 80 ans, ils sont lourds de sous-entendus.

«C’est un moment un peu dur à passer, reconnaît Marc, 72 ans. Même si vous travaillez toujours – c’est mon cas – que vous êtes toujours actif, à partir du moment où vous dites que vous avez 70 ans, aux yeux des autres et de la société, ça y est, vous êtes automatiquement rangé dans la catégorie des vieux. Le pire, c’est que sur le moment, vous vous le dites aussi.»

«Le problème est que dans nos sociétés, passé un certain âge, on ne met plus tellement l’accent sur la célébration et le côté positif de ces caps, mais plutôt sur l’idée d’une épreuve perturbante», abonde la psychiatre. S’il est vrai que ces âges de transition sont parfois des moments compliqués à vivre, c’est pourtant loin d’être une fatalité.

Redonner un côté symbolique à l’anniversaire peut aider à voir l’avenir avec plus d’optimisme

«On peut négativer cette remise en question, mais on peut tout aussi bien la positiver. Ce peut être l’occasion de se remettre en phase avec ses valeurs profondes, d’arrêter un peu la course du quotidien pour faire le point.» Marquer le coup et célébrer l’événement, en redonnant un petit côté symbolique à son anniversaire, peut contribuer à faire envisager l’avenir d’une manière plus optimiste, sous l’angle d’un nouveau chapitre, pour autant qu’on se pose les bonnes questions (voir encadré). «Ceci dit, si vous êtes totalement indifférent à l’âge qui avance, que ce n’est ni bien ni mal à vos yeux, et que vous ne voyez aucun intérêt à fêter votre anniversaire, c’est parfait aussi!»

Un événement qui vous ressemble

Célébrer son anniversaire, ok… Mais tout le monde n’a pas nécessairement envie de souffler ses bougies devant une foule d’invités! C’est d’ailleurs la réflexion que s’est faite Christine, 60 ans en octobre prochain. «Mon beau-frère est d’origine italienne: pour ses 60 ans, il a organisé une grande fête, raconte-t-elle. Les plats et le vin ont défilé une grande partie de la soirée, nous avons dansé jusqu’à 3 heures du matin. C’était vraiment super, mais organiser une telle fête pour mon anniversaire… Ce n’est tout simplement pas moi.»

En ce cas, rien n’empêche d’imaginer une autre formule de célébration, en accord avec ses plaisirs et centres d’intérêts. «Il ne faut en tout cas pas forcer les choses, estime Caroline Depuydt. Si vous ne vous sentez pas en phase avec le fait d’avoir 60 ans, organiser une fête n’aura aucun effet positif. Ce qui est important, c’est de récupérer un espace de liberté intérieure, en prévoyant quelque chose qui vous fait du bien.» Choisissez quelque chose dont vous avez vraiment envie.

«J’ai une phobie de l’avion, mais j’ai toujours rêvé d’aller dans une destination de carte postale, sourit Maïté, qui aura son anniversaire dans quelques jours. J’arrive à mes 40 ans, c’est un cap un peu difficile, surtout pour une femme, et je n’avais pas envie de fêter ça. Jusqu’à ce que je me dise qu’après tout, affronter ma peur et partir aux Antilles pourrait être une façon différente de célébrer cet anniversaire. Le genre de chose que je ne ferai qu’une fois dans ma vie. Ça ne me réjouit toujours pas d’avoir 40 ans, mais au moins j’ai une perspective joyeuse devant moi.»

Ceci étant, si vous avez des aspirations à un réel changement de vie, un minimum de prudence s’impose. Ces anniversaires pivots, moments d’éventuelles «crises» ou de doutes intenses, ne sont pas toujours les moments indiqués pour prendre des décisions radicales (changement de profession, départ à l’étranger, divorce...). «Profitez-en pour y réfléchir, oui, posez-vous la question, mais tâtez le terrain, prenez le temps, discutez-en avec vos proches. Sans cela, ces changements majeurs pourraient s’apparenter à une fuite en avant… et ne rien résoudre du tout.»

Besoin d’inspiration?

Il y a mille et une façons de célébrer un cap symbolique. Voici quelques suggestions pour vous inspirer et nourrir votre réflexion.

  • SEUL OU À PLUSIEURS? Un passage de décennie est l’occasion de se donner du temps à soi. Pour certains, ce temps à soi peut se vivre seul, via une petite mise en retrait. Au-delà des retraites spirituelles, le simple fait de s’offrir une thalasso, de marcher quelques jours seul en forêt ou de participer à un trekking dans le désert – où on marche finalement très souvent dans sa «bulle» – peut déjà apporter beaucoup. Mais du temps pour soi peut aussi se vivre à plusieurs. «Mes proches font partie intégrante de mon équilibre, estime Charlotte, 69 ans. Un moment pour moi, c’est à tous les coups un moment avec eux: je nous veux un maximum de souvenirs en commun. Nous avons loué un mas dans le Roussillon cet été, pour mon anniversaire.»
  • PLACE À LA FÊTE! Marquer le coup peut se faire le temps d’une soirée, avec quelques intimes. Mais pour ce cap symbolique, rien ne vous empêche de voir grand et de privatiser un bar ou un restaurant, recréer l’atmosphère de vos 20 ans via une soirée à l’ambiance disco ou 80, avec karaoké, photoboot… Pensez tout de même à vérifier si vos proches n’ont pas prévu un anniversaire surprise… Ça n’est pas si rare, pour les caps symboliques!
  • UN RÊVE RÉALISÉ. Il y a des rêves qui semblent futiles, dont on aurait presque un peu honte et qui ressemblent à de l’argent jeté par les fenêtres, mais qui mettent des étoiles plein les yeux quand on les réalise malgré tout: conduire une Ferrari sur circuit, aller voir un opéra, boire un cru classé, s’offrir un sac de luxe… C’est le moment où jamais d’être un peu déraisonnable. Ou beaucoup? Restera à trouver un nouveau rêve pour remplacer celui que vous aurez accompli...
  • UN ANNIVERSAIRE QUI A DU SENS. Quitte à donner une nouvelle impulsion à sa vie, autant donner un sens tout particulier à son anniversaire. En (re)découvrant ses racines et le pays d’origine de ses ancêtres, de sa jeunesse, en passant la soirée en tant que bénévole, en s’offrant une formation de plusieurs jours pour se perfectionner dans son hobby. Ou en cherchant un défi à accomplir pour se dépasser et se prouver que non, finalement, l’âge n’est pas une limite: s’inscrire à un marathon, s’entraîner à grimper le Mont Ventoux à vélo…

Se relancer avec les bonnes questions

Pour envisager l’avenir avec plus d’optimisme, la technique est de se poser des questions en «Comment?» plutôt qu’en «Pourquoi?», pour s’inscrire dans une recherche de solutions.

• Évitez les «Pourquoi je vieillis/je déprime un peu/j’ai l’impression de gâcher ma vie/je m’y ennuie?»

• Préférez «Comment je peux adapter ma vie en fonction de mon âge?», «Comment lui redonner une nouvelle impulsion?», «Comment me faire plaisir?», «Comment continuer à évoluer?»

Si votre réflexion tourne en rond, rien ne vous empêche d’un discuter avec un psy, un coach, ou de prendre un peu de recul.

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