Les quatre cavaliers de l’apocalypse de l’investisseur... et comment s’en protéger
Les temps semblent incertains pour les investisseurs boursiers. Quatre investisseurs sur 10 ayant acheté des actions ces six derniers mois le regrettent, selon le dernier baromètre des investisseurs ING.
De mauvaises décisions de vente engendrent des résultats d’investissement médiocres. C’est, du moins, le crédo de Schroders, l’une des plus grandes sociétés de gestion indépendantes d’Europe en termes d’encours sous gestion. Frank Thormann, un gestionnaire de portefeuille chez Schroders, a d’ailleurs publié dernièrement les « 4 dangers connus de la psychologie pour les investisseurs ». Il met en avant les facteurs qui expliquent pourquoi il est nettement plus difficile de vendre que d’acheter. Ce sont les préjugés fréquents et persistants qui conduisent à de mauvaises décisions financières. En voici un résumé.
Le premier cavalier : il a peur de pertes, il se focalise sur le passé récent
Les investisseurs peuvent être frappés de myopie en raison de leur aversion aux pertes. Il s’agit de la tendance à laisser l’évaluation du risque d’un investissement dépendre de l’historique de ses performances récentes. La peur naturelle de la perte conduit à conserver une position déficitaire bien plus longtemps que ce qui se justifie rationnellement.
Le deuxième cavalier : il aime les solutions faciles
Le cerveau humain préfère les décisions faciles aux décisions complexes. Nous ne considérons pas toutes les alternatives de la même manière, mais nous nous tournons rapidement vers celles qui nous viennent à l’esprit en premier.
La solution ? Les investisseurs devraient toujours se poser la même question. Et ce, quelle que soit la raison de la vente : quelle action de mon portefeuille présente le pire rapport risque/rendement pour la période à venir ?
Le troisième cavalier : il est trop, mais vraiment trop optimisme !
Une bonne dose d’optimisme humain est précieuse dans de nombreux aspects de la vie, explique Frank Thormann. Mais pas lorsqu’il s’agit de prendre des décisions rationnelles. « Notre tendance innée à croire que nous avons raison trouble notre pensée de manière importante. Dès que nous avons pris une décision d’investissement, nous nous y tenons. Il en résulte malheureusement que nous avons une forte propension à interpréter les données ultérieures d’une manière qui semble favorable à notre conviction initiale. » Et il est alors « très probable que nous passions à côté d’informations importantes allant à l’encontre de notre conviction. »
Le remède ? Il peut être utile de confier à un observateur neutre la collecte des données. Ou alors, prévoir le pire : c’est-à-dire faire une analyse axée explicitement sur ce à quoi les données ressembleraient si les choses tournaient mal.
Le quatrième cavalier : il passe plus de temps à vendre qu’à acheter
Et le gestionnaire de fonds de rappeler une publication universitaire d’Akepanidtaworn (2018). Elle détaille que si les transactions effectuées sur des nouvelles financières fondamentales s’avèrent rentables, lorsque les investissements sont par contre vendus lors de journées calmes (sans nouvelles financières objectives donc), les résultats sont extrêmement négatifs. Ce qui provoque en moyenne une baisse de -2 % des résultats annuels).
Comment l’expliquer ? Schroders prend l’exemple de certains gestionnaires de fonds qui passent d’innombrables heures à l’analyse des achats, à la rédaction de longs rapports, à une modélisation quantitative... En revanche, la décision de vendre est souvent prise beaucoup plus rapidement. Si les gestionnaires de fonds utilisent généralement des outils quantitatifs qui décomposent la performance de chaque position, dès qu’un investissement est vendu, il n’est généralement plus suivi. Il est alors difficile d’en savoir plus sur le succès d’une décision de vente. Le remède est évident : analysez le timing de chaque décision de vente.
Conclusion ?
La politique de l’autruche n’est pas payante. Un investisseur de lambda ou un gestionnaire de fonds qui refuse de vendre un investissement en raison de son aversion aux pertes peuvent le faire en raison de son refus d’admettre qu’une erreur a été commise dans le passé. Et pour tenter de sauver la face, il essaye de se convaincre qu’en attendant, tout ira mieux. Mais il est rare que les erreurs se résolvent d’elles-mêmes alors que nous détournons le regard. ? ?Benjamin Graham, le fondateur des investissements axés sur la valeur, avait raison de dire que le pire ennemi de l’investisseur est très probablement... lui-même.
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