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Un salaire net plus élevé grâce aux warrants

De plus en plus d’entreprises proposent à leurs collaborateurs des astuces légales pour augmenter le salaire net de leurs employés. C’est le cas des warrants du plan cafétéria. Une démarche qui peut paraître obscure, mais que nous décryptons ici en huit questions/réponses.

La proportion de salariés disposant d’un plan cafétéria, c’est-à-dire un package d’avantages extra-légaux, est en constante augmentation d’année en année aussi bien dans les grandes entreprises que dans les PME.

1. C’est quoi un plan cafétéria?

C’est quand l’entreprise donne aux travailleurs la possibilité de convertir une partie de son salaire brut en avantages extralégaux repris sur une liste. C’est le principe du libre-service d’une cafétéria d’entreprise quand il y a plusieurs plats au menu, d’où le nom. L’employé choisit le ou les plats qu’il désire. Il peut aussi ne rien prendre. Souvent, l’employeur propose à ses employés d’utiliser un budget comme la prime de fin d’année ou, éventuellement, le budget libéré quand ils optent pour une voiture de fonction moins chère ou la location d’un vélo. Les avantages que les travailleurs choisissent le plus souvent sont des jours supplémentaires de congé, une épargne-pension, un vélo, une assurance hospitalisation pour la famille, du mobilier de bureau pour le télétravail, des ordinateurs ou des GSM. Mais aussi des warrants.

2. Quel est l’intérêt?

C’est de maximiser son salaire brut. Prenez un célibataire qui gagne 5.000 € brut, son 13e mois sera d’environ 2.000 € en net. Car sa prime de fin d’année (mais pas qu’elle) sera lourdement taxée, soumise à l’impôt et aux cotisations de sécurité sociale. L’employeur aura sorti une grosse somme et son employé n’en aura touché qu’une partie réduite en cash. C’est frustrant pour tous, sauf pour l’État. L’idée est donc d’utiliser au maximum le budget brut pour augmenter le pouvoir d’achat du travailleur.

Avec ses 5.000 €, l’employé pourra, par exemple, faire financer son épargne pension, acquérir un ordinateur portable ou un vélo électrique. Chose impossible à faire avec sa prime net en espèces. Et s’il n’a pas dépensé tout son budget brut, il aura toujours la possibilité de demander le versement de la somme restante en espèces, déduction faite des taxes. C’est du gagnant- gagnant puisque l’employeur paie moins de cotisations sociales de son côté, mais augmente la satisfaction de son personnel.

3. Et les warrants dans tout ça?

Ils font aussi partie de certains plans cafétéria. Cela peut paraître étrange, car des warrants sont des instruments financiers et non du matériel de bureautique ou de mobilité. Mais c’est ainsi. Les warrants sont en réalité des options sur actions qui donnent le droit d’acheter à l’avance des actions à un prix déterminé. Par exemple, on proposera à l’employé des warrants Euro Stoxx 50, du nom de cet indice boursier au niveau de la zone euro.

4. Ça rapporte combien?

Rappelons que les warrants sont exonérés des cotisations de sécurité sociale à charge de l’employeur et du travailleur. Il y a juste un précompte professionnel. Donc, ceux qui en bénéficient obtiennent jusqu’à 37 % de net en plus par rapport à une prime classique. En réalité, l’avantage est généralement de l’ordre d’une vingtaine de pour cent, même si théoriquement il oscille entre 8 et 37%. Tout dépend en réalité des commissions et des avantages octroyés. (Voir encadré).

Bonus via warrant

Avec cet exemple (source Attentia), on voit que, pour une prime brute de 3.000 €, avec un bonus via warrants, l’employé aura 1.727 € dans sa poche contre 1.403 € pour une prime classique. Soit une augmentation de la prime nette de 23%. C’est un exemple, car selon l’investissement de l’employeur, la prime nette fluctue de 8 à 37%.

Si vous touchez une prime brute de 3.000 €

– Sans warrants: 1.403 €

– Avec warrants: 1.727 €

– Augmentation de la prime nette: 23% ➚

5. Très bien, mais il y a le risque boursier, non?

Absolument, enfin si la Bourse s’écroule en une nuit! Car en réalité, l’aspect séduisant des warrants cafétéria pour les employés réside dans le fait que leur revente peut s’effectuer juste le lendemain de leur attribution à un employé, c’est le «overnight selling» dans le jargon. Par conséquent, le risque lié au marché boursier se trouve confiné à l’intervalle entre la réception des warrants et leur cession. Ils conservent donc des atouts, même lorsque le marché boursier connaît des fluctuations. Un spécialiste nous a expliqué que, même quand la Russie a attaqué l’Ukraine, les bénéficiaires n’avaient pas perdu d’argent du jour au lendemain. C’est pourquoi la plupart des employés optent pour une vente immédiate des warrants afin de minimiser le risque boursier.

6. Compliqué de vendre ses warrants?

Non, tout est organisé dans le plan cafétéria pour simplifier la tâche de l’employé qui ne doit pas s’engager dans de longues démarches pour les vendre. Tout se fait généralement dans un programme interne. Et comme le travailleur a la possibilité de vendre les warrants dès le lendemain, il n’est pas tenu d’ouvrir un compte titres. Cependant, si le travailleur est téméraire et souhaite se lancer dans la spéculation, il lui faudra établir un compte titres et il prendra en charge la gestion de ses warrants dans un intervalle de 7 jours calendriers. En outre, 60 jours après avoir donné son accord à l’offre, la valeur ajoutée des warrants attribués sera intégrée à son revenu salarial. À cette étape, le prélèvement à la source sur le revenu professionnel sera aussi prélevé sur cet avantage.

7. C’est définitif?

Pas du tout. Que ce soit pour les warrants ou autres avantages, l’employé a la liberté, pour l’année qui suit, de se désengager du plan cafétéria et de percevoir alors sa prime annuelle en espèces. Ou alors d’allouer ce montant à d’autres bénéfices, selon les options que son employeur mettra à disposition. Il est essentiel de souligner qu’il n’existe pas de contrainte de souscription annuelle à un plan cafétéria.

8. Moins de sécurité sociale, quel impact?

Profiter d’astuces pour augmenter son net et payer moins de cotisations, c’est comme se tirer une balle dans le pied en diminuant ses droits sociaux comme la pension légale, les prestations de maladie l’éventuel chômage? Pas de panique. L’accumulation de ces droits est en réalité plafonnée et seuls les revenus dépassant un certain seuil sont considérés dans un plan cafétéria. Vos protections sociales ne subiront pas de diminution.

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