« Certains matins, je préférerais changer de vie »

Je suis notaire et j’adore mon métier. J’ai choisi cette profession pour accompagner mes clients dans les étapes importantes de leur vie: mariage, achat immobilier, création d’entreprise...

Mais certains matins, je préférerais changer de vie... L’histoire date déjà un peu, mais jamais je n’oublierai ce drame humain! J’ai été désignée par le tribunal pour vendre la maison d’un client à la requête de la banque. Il ne payait plus son prêt hypothécaire... Comme si mon client n’avait pas déjà assez de soucis comme ça, je dois lui signifier que je dois mettre sa maison en vente. Pas très agréable... Enfin bon... Pas le choix, faut y aller. En plus, je le connais bien.

Je me souviens à quel point il était content d’avoir trouvé la maison de ses rêves. Il était venu à l’étude avec son épouse et son fils. J’ai beau me dire qu’il faut y aller, je n’ose pas le contacter. Je décide de lui écrire pour planifier une rencontre.

Une fois. Pas de réponse... Deux fois. Pas de réponse... Sans réaction, la loi m’autorise à venir avec un serrurier et la police, et à entrer dans la maison. Je n’ai évidemment pas du tout envie d’en arriver là... Finalement, je décide de passer devant chez lui.

Et là, c’est l’horreur! Sa maison a été endommagée par un incendie. Je l’aperçois dans son jardin et me dirige vers lui. Il m’explique ses difficultés. Tout d’abord et pas des moindres: son épouse l’a quitté.

Ensuite, il rencontre certaines difficultés avec son fils qui semble en pleine crise d’adolescence. Il doit louer un logement provisoire vu l’insalubrité de sa maison et par conséquent, il ne parvient plus à rembourser l’emprunt. Cerise sur le gâteau, il attend désespérément l’indemnité de l’assurance pour rembourser totalement la banque. Malheureusement, ça traîne...

Le contraste est terrible. Cet homme abîmé par la vie n’a plus rien à voir avec ce client enthousiaste et plein d’énergie rencontré il y a quelques années. Son histoire me bouleverse. Je ne trouve pas le courage de lui dire pourquoi je suis venue... Ça ne va certainement pas l’aider à remonter la pente.

Je lui dis à demi-mot le motif de ma visite et lui demande des précisions quant à cette assurance qui me semble un élément déterminant dans ce dossier.

De retour à l’étude, je contacte l’assureur. Celui-ci me donne le montant de l’indemnité et le timing du remboursement. Et j’appelle la banque pour lui expliquer la situation.

Grâce à la bonne collaboration de chacun, la saisie a été suspendue: la banque remboursée et mon client retape petit à petit sa maison! Finalement, même si certains matins, je préférerais changer de vie, je finis par y trouver mon bonheur. Je peux continuer de dire: « J’adore mon métier ».

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