Les falaises du parc Natura 2000 de Telascica sur l'île de Dugi Otok. © CHARLES MAHAUX

Zadar, musée à ciel ouvert

Recluse sur une presqu’île en partie fortifiée, Zadar, ancienne capitale de la Dalmatie, raconte trois mille ans d’histoire. Fascinant!

Pour prendre la mesure de la vieille ville de Zadar cernée par la mer Adriatique sur la plus grande partie de son pourtour et protégée côté terre par un bastion aujourd’hui arboré, il faut escalader les 179 marches du campanile dressé entre la cathédrale romane Ste-Anastasie et l’imposante rotonde de l’église St-Donat aujourd’hui désacralisée. Là-haut s’ouvre un panorama exceptionnel sur les toits de la ville qui se serrent autour d’une artère principale rythmée par 3 places.

Celle des Cinq-Puits, une esplanade dominée par une tour imposante et signalée par une colonne rescapée d’un temple romain, attire les étudiants qui s’y donnent rendez-vous. La séduisante place de la Liberté bordée par un palais Renaissance et un curieux bâtiment du XVIe coiffé d’une tour d’horloge plus tardive est aussi le lieu où l’on déjeune tout au long de la journée. Enfin ce qui fut le plus grand forum romain sur la côte Adriatique est aujourd’hui la plaine de jeux des enfants qui s’ébattent entre les socles des anciennes colonnes tandis que les touristes s’y posent captivés par ce fascinant oppidum qui débouche sur la mer.

Une ville vivante

Lorsqu’on s’égare entre les venelles étroites qui traversent la ville, on se laisse happer par la blancheur des dalles lustrées par les passants qui y déambulent depuis des siècles. On lève alors le nez vers les maisons colorées dont les balcons se garnissent de lessive, on s’arrête sur un ancien pilori, une colonne romaine, des réverbères à globe austro-hongrois, le lion de St-Marc qui surmonte la porte de la Terre-ferme aux allures d’arc de triomphe, autant de stigmates de ceux qui ont dominé Zadar au cours des siècles: tribus illyriennes, Romains, Byzantins, Croates, Hongrois, Vénitiens, Autrichiens, Italiens... La ville est enfin devenue cité yougoslave en 1947. Les bombardements de la guerre ont détruit la ville à 65% mais la reconstruction a été exemplaire pour mettre en valeur le patrimoine historique.

La porte de la Terre-ferme à Zadar.
La porte de la Terre-ferme à Zadar.© CHARLES MAHAUX

Dans le dédale des ruelles étroites, boutiques de souvenirs, restaurants, glaciers et terrasses de café sont légion car Zadar cultive aussi une ambiance nonchalante toute méditerranéenne. Il suffit de se perdre entre les échoppes colorées du marché local où fruits et légumes s’entassent pour sentir battre le coeur de la ville. Ici, on croise les Zadarois de la ville nouvelle qui, chaque jour, traversent la passerelle qui enjambe le chenal du port Luka pour venir s’approvisionner sans oublier d’échanger des nouvelles dans des conversations joyeuses et bavardes.

Il reste encore à emprunter la Riva, cette longue promenade aménagée pour la venue des Habsbourg. Au pied des remparts vénitiens, elle s’étire entre le chenal qui mène au port des ferries et une enfilade de palais aux couleurs pastel noyés derrière la frondaison des arbres. La surprise est au bout du quai, face à l’horizon marin. Sur une place qui s’étend sur près de 70 mètres, une étrange dalle lumineuse composée de panneaux de verre superposés attire le regard. Elle absorbe la lumière du jour qu’elle répercute à l’heure du coucher du soleil en mille couleurs sous les pas des passants. Côté chenal la place dégringole dans la mer en larges marches de pierre blanche pour accueillir les amoureux mais aussi les passionnés de symphonie maritime. Les escaliers sont en effet percés de trous reliés à des tuyaux qui produisent d’étranges sons au rythme du ressac qui s’y engouffre et en chasse l’air. Ces « orgues » conçues par un talentueux architecte croate en 2005 jouent ainsi jour et nuit une étonnante ode marine qui capte le coeur de tous ceux qui s’asseyent sur les marches, le regard perdu sur le bleu flamboyant du ciel qui tombe à l’horizon dans le bleu d’encre de la mer.

Les ruines du forum romain.
Les ruines du forum romain.© CHARLES MAHAUX

Escapades dans l’archipel zadarois

A une quinzaine de kilomètres de Zadar, Nin invite à une escapade de quelques heures, d’abord parce qu’elle fut la première ville royale croate, berceau de l’Etat croate avant d’être conquise par les Vénitiens en 1328. Ensuite parce ce bourg entièrement piéton est recroquevillé derrière des fortifications sur un îlot au milieu d’une lagune exploitée de manière artisanale pour produire les meilleurs sels alimentaires. Musarder dans les venelles de Nin, c’est remonter le temps.

Le site qui aligne d’anciennes maisons de pierre séduira les amateurs d’histoire et d’authenticité, entre les vestiges d’un temple romain, la minuscule et toute blanche église romane Ste-Croix proclamée la plus petite cathédrale au monde, les barques colorées amarrées au pied des remparts, la monumentale statue de Grégoire de Nin, un évêque bienfaiteur du Xe siècle qui a introduit la langue slave dans les églises malgré la colère du pape et, cerise sur le gâteau, une plage de sable blond réputée pour sa boue médicinale aux multiples vertus curatives.

Sur la place pavée bordée de restaurants et de terrasses de café, un ancien palais abrite un joli musée archéologique qui retrace toute l’histoire de la région, depuis le paléolithique jusqu’au Moyen-Age, l’occasion de découvrir de très belles pièces historiques comme des mosaïques romaines et deux embarcations du XIe siècle.

C’est au port de Zadar qu’on embarque pour une journée d’excursion sur l’île de Dugi Otok, une étroite bande de terre d’une cinquantaine de kilomètres à peine. Si on n’a pas de véhicule pour circuler, le plus simple est de rejoindre en catamaran Sali, la petite capitale de l’île, d’y louer un vélo électrique et de choisir sa destination.

Soit vers le Sud de l’île à la découverte de la baie de Telascica, classée parc Natura 2000. Des rivages boisés de pins, d’oliviers et de figuiers, des criques où se cachent les plaisanciers, les ruines d’une église romane, un lac salé et surtout d’abruptes falaises crayeuses qui plongent à pic dans la mer et qui sont survolées par les oiseaux qui y nichent.

Ou alors vers le Nord, un décor de collines arides plantées de murets de pierre sèche qui déboulent vers des villages pittoresques qui semblent retirés du monde et vers de rares plages de galets ourlées par des eaux cristallines propices à la baignade et au snorkeling. A la pointe de l’île se dresse un phare, le plus haut de l’Adriatique, avec sa lanterne perchée à 42 m. Il domine une mer émeraude et un rivage serti par une ligne rocheuse d’une blancheur éclatante.

Pratique

Y aller:

Vols directs (+/- 1h50) depuis Charleroi.

Infos:

https://zadar.travel.

Covid-19.

Vous trouverez les dernières infos sur diplomatie.belgium.be

Un petit port de pêche.
Un petit port de pêche.© CHARLES MAHAUX
Les ruelles de la partie romaine de la ville.
Les ruelles de la partie romaine de la ville.© CHARLES MAHAUX
Les vestiges romains sont omniprésents.
Les vestiges romains sont omniprésents.© CHARLES MAHAUX
Coucher de soleil sur la mer.
Coucher de soleil sur la mer.© CHARLES MAHAUX

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire